ABOUBACAR RELWINDE SAWADOGO, SG CDP/YATENGA : «Je demande pardon au peuple burkinabè »

Radio Wend-Panga (La force divine), un produit du groupe de presse   Les Editions « Le Pays » émet sur la fréquence 92.3 FM à Ouahigouya. Depuis le 29 mai 2009, date du lancement de ses émissions, cette radio a joué un rôle actif dans la réalisation de certains projets éducatifs et sociaux sans oublier ses efforts en matière d’ancrage de la démocratie au Burkina. A en juger la qualité de ses émissions interactives, cet organe a acquis une certaine renommée au sein des populations. Elle a su occuper une place de choix dans le paysage médiatique du Nord. Le secret de sa popularité : son indépendance, si fait qu’elle se glorifie de son objectifivité à travers la présentation impartiale des faits. La preuve, elle a osé consacrer une émission spéciale aux derniers événements qui ont particulièrement touché la ville de Ouahigouya : 3 personnes brûlées vives, des blessés, des domiciles et services pillés et incendiés. L’émission a été diffusée le 10 novembre 2014 et visait à apaiser les cœurs meurtris.

« Au nom du CDP/Yatenga, puisque j’en suis le premier responsable, je voudrais, à travers votre antenne, demander pardon aux fils et filles du Yatenga ainsi qu’au reste du peuple burkinabè. Si à travers mes actes et mes propos j’ai pu vexer qui que ce soit, je vous demande humblement pardon. Tout être humain qui qu’il soit, possède des qualités et des faiblesses et nul n’est infaillible.» Ces propos sont de Aboubacar Relwindé Sawadogo, président du Conseil régional du Nord et SG du CDP/Yatenga. Nous l’avons joint au téléphone dans sa clandestinité le 9 novembre 2014 à 16h. Tout en regrettant très amèrement la tournure violente des derniers évenements, Bouba s’est incliné sur la dépouille de tous ceux qui sont tombés sur le champ de bataille. Aux militants du CDP, il leur a lancé ceci : « Nous avons perdu le pouvoir. C’est la règle en politique. La vie est ainsi faite, l’on ne peut pas être toujours devant, il faut aussi apprendre à être derrière. C’est exactement comme la roue d’une moto, elle tourne. Gardez votre calme et soyez des hommes et des femmes qui œuvrent pour la paix », a-t-il dit. Pour sa part, l’ex-député et maire de Ouahigouya, Gilbert Noël Ouédraogo, joint également au téléphone, a appelé également au pardon et à la tolérance. « Je tiens à présenter mes sincères condoléances aux familles des personnes disparues. Aux blessés, je leur souhaite un prompt rétablissement. Ce sont des événements que nous regrettons tous et nous prions le Bon Dieu pour que ces évènements ne se reproduisent plus jamais », a-t-il déclaré. Le président de l’ADF/RDA a aussi loué le sens élevé de patriotisme des fils et filles du Yatenga avant de les inviter à l’union. « Nous sommes tous issus de la même province qui s’appelle le Yatenga. La politique est une chose, la famille en est une autre. La politique passe, mais la fraternité reste. Nul n’est parfait sur cette terre », a-t-il confié. Quant à l’ex-député de l’ADF/RDA, Sidiki Belem, il a reconnu que nul n’est infaillible. « Tout comme le président de notre parti, je demande pardon pour tout ce qui s’est passé », a-t-il imploré. L’ancien député du CDP, Boureima Badini, compte sur la cohésion des fils et filles du Yatenga pour des lendemains meilleurs. Visiblement dépassé par les événements, il a dit pourtant avoir pris langue avec certains responsables du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) du Yatenga afin d’éviter ce qui est arrivé. « J’ai personnellement appelé Salam Ouédraogo dit Salam Docteur, un des responsables du CDP /Yatenga pour lui demander de voir les jeunes de son parti pour qu’il n’y ait pas de casses, ni d’incendies. Nous sommes en démocratie et c’est normal que chacun exprime sa colère s’il n’est pas d’accord avec la manière dont il est gouverné. Mais cela doit se passer sans violences. Voyez, Yacouba Barry, Gilbert Ouédraogo et moi-même sommes devenus des sans domiciles à Ouahigouya. En plus, mes résidences de Ouaga ont été pillées et brulées », a-t-il laissé entendre. Dans un langage de vérité, Hadja Fati Ouédraogo, responsable des femmes MPP/Yatenga a tenu à souligner : « Lorsque vous voyez plusieurs personnes se bagarrer autour d’une question, c’est qu’il y a une injustice à réparer, un mensonge quelque part, et il faut faire de sorte que cette contre-vérité se transforme en vérité. Nous nous sommes battus pour rétablir une vérité et nous avons eu raison. A partir du moment où nous avons obtenu gain de cause, nous invitons tous les fils du Yatenga à travailler pour le développement de la région. Aucun acteur politique ne souhaite avoir le pouvoir et ignorer les aspirations de son peuple ».

A travers des mots beaucoup plus imagés, le responsable des anciens du MPP/Yatenga, Justin Savadogo, s’est voulu pragmatique. « C’est la violence qui appelle la violence, ce n’est pas la paix qui la provoque. Notre langue est une arme redoutable que nous devons à tout prix contrôler. Voilà, le pire est arrivé et ce qui reste à faire, c’est de nous pardonner », a-t-il avoué.

L’émission qui a duré 1 heure 30 mn, a permis aux auditeurs de donner leurs avis sur les récents événements survenus au pays des Hommes intègres. Tous ont déploré la politique de v a-t-en guerre prônée par certains caciques du défunt régime. Au finish, l’auditoire a invité les uns et les autres à la repentance et au pardon.

Hamed NABALMA