RESISTANCE PATRIOTIQUE EN UKRAINE : Un exemple qui devrait inspirer l’Afrique
Six jours après l’invasion du pays par l’ogre russe, l’Ukraine tient toujours debout. Au même moment, on annonce l’ouverture, le 28 février, de négociations entre les deux belligérants, sous l’égide de la Biélorussie pour un cessez-le-feu, dans une volonté commune, à en croire certaines sources, de trouver « un accord ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que si le puissant locataire du Kremlin pensait ne faire qu’une bouchée de son « petit »voisin dans une guerre éclair, alors, il a de quoi déchanter face à la détermination de Kiev qui fait mieux que résister, infligeant même des pertes à l’ennemi. C’est dans ce contexte que dans un sursaut patriotique, le président Volodymyr Zelensky a même appelé, le week-end écoulé, ses compatriotes à ne pas déposer les armes et à continuer à défendre vaillamment la patrie. « Je suis là. On ne va pas déposer les armes et on va défendre notre pays ».
Un tel engagement patriotique n’est possible que si les dirigeants eux-mêmes constituent des modèles pour leurs concitoyens
Multipliant les interventions sur les réseaux sociaux, l’ex-star du petit écran devenu président, qui a catégoriquement refusé de fuir son pays, a notamment lancé : « Nos armes, c’est notre vérité. C’est notre terre. C’est notre pays. Nos enfants. Nous allons défendre tout cela. Gloire à l’Ukraine ». Un message qui semble avoir été entendu par ses compatriotes qui ne paraissent pas prêts à jeter l’éponge, dans ce combat de David contre Goliath. Sans présumer de l’issue de la guerre, c’est une solidarité agissante des Ukrainiens avec leur dirigeant, au plus fort de l’épreuve, qui devrait inspirer l’Afrique où très souvent, au-delà des mots, bien des citoyens ont de la peine à traduire en actes, leur engagement pour la patrie. Ce ne sont pas, par exemple, les pays du Sahel aujourd’hui en proie au terrorisme, qui diront le contraire ; eux qui sont en quête d’union sacrée des fils et filles du pays pour faire face à l’ennemi commun. En même temps, un tel engagement patriotique n’est possible que si les dirigeants eux-mêmes constituent des modèles pour leurs concitoyens. Pour la petite histoire, à sa prise de fonction comme président élu, Volodymyr Zelensky a tenu ces propos à l’endroit de ses compatriotes : « Je ne veux vraiment pas de mes photos dans vos bureaux, car je ne suis ni un dieu, ni une icône, mais plutôt un serviteur de la Nation. Accrochez plutôt les photos de vos enfants et regardez-les chaque fois que vous voulez prendre une décision ». Si ce n’est pas un exemple de modestie, cela ressemble à une haute et éthique compréhension de sa fonction de chef de l’Etat au service de la Nation et de ses compatriotes. Tout le contraire de bien des chefs d’Etat africains souvent adeptes du culte de la personnalité quand ils ne sont pas simplement érigés en démiurges par une flopée de courtisans plus guidés par l’appétit des privilèges indus que par l’intérêt supérieur de la Nation.
Les Africains d’aujourd’hui ont beaucoup à apprendre de cet exemple de courage et de solidarité du peuple ukrainien
Toute chose qui contribue à faire de la plupart de ces chefs d’Etat africains, des dirigeants complètement en déphasage avec les aspirations de leur peuple. Ils sont beaucoup plus craints qu’ils ne sont véritablement aimés de leurs compatriotes. Comment s’étonner alors qu’au plus fort des épreuves, de tels chefs d’Etat deviennent des rois nus et isolés dont le sort dépend plus de la loyauté d’une soldatesque en embuscade qu’à la légitimité des urnes censée être le reflet de la confiance de leurs compatriotes ? Cela dit, quelle que soit l’issue de cette guerre, le président Zelensky et ses compatriotes fortement mobilisés derrière lui, auront montré à la face du monde que plus que les armes de dernière génération, c’est le courage, la détermination, l’engagement véritable et le sens du sacrifice suprême pour la patrie, qui font d’abord et avant tout une guerre. Et en la matière, c’est peu dire que les Africains d’aujourd’hui ont beaucoup à apprendre de cet exemple de courage et de solidarité du peuple ukrainien dans la résistance face à l’envahisseur. Pas seulement les civils, mais aussi les Grandes muettes africaines qui bruissent très souvent de divisions internes, préjudiciables à leur cohésion. Cette indispensable cohésion qui, ajoutée à la discipline, fait la force des armées. C’est dire si au-delà de la lutte contre le terrorisme qui fait voir des vertes et des pas mûres aux armées du Sahel, Kiev pourrait être une inspiration pour de nombreuses capitales africaines.
« Le Pays »
