ABBE ANATOLE TIENDREBEOGO, A PROPOS DE LA SEMAINE SAINTE : « Le lavement des pieds est un signe d’accueil et de service »

Vicaire à la paroisse universitaire de Saint Albert Le Grand et aumônier des groupes sociaux et des mouvements des anciens Jécistes,  Anatole Tiendrebéogo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, à la veille de la célébration pascale, nous a accordé une interview sur la célébration de la résurrection du Christ. Dans cette interview réalisée hier  24 mars 2016 à Ouagadougou, il nous parle de la  portée de la semaine sainte, du Triduum pascal et du lavement des pieds. Lisez plutôt !

 

« Le pays » : Quelle est la portée de la semaine sainte ?

 

Abbé Anatole Tiendrebéogo : La semaine sainte est la semaine la plus importante pour les chrétiens catholiques, car cette semaine conduit vers les évènements de la Passion, de la mort et de la résurrection du Christ. La résurrection du Christ est le sommet des faits chrétiens. Donc, cette semaine se déroule vers l’accomplissement de ces évènements importants et du mystère chrétien. Dans cette semaine, nous avons, particulièrement à partir du jeudi saint, commémoré la célébration de l’Eucharistie que le Christ a instituée, le soir du jeudi saint. Nous allons également nous rappeler sa Passion et sa mort le vendredi saint et dans la nuit de samedi à dimanche, dans la veillée pascale, nous célébrons les évènements concernant sa résurrection. La semaine sainte constitue une semaine très importante, car elle est  d’une grande intensité spirituelle pour les catholiques.

 

Qu’est-ce que le Triduum pascal ?

                                                                                                                

C’est la célébration des trois jours saints que sont le jeudi saint, le vendredi saint et le samedi saint qui conduit au dimanche de Pâques. Ces jours sont particulièrement importants, car c’est en ces jours que l’on célèbre la commémoration de l’Eucharistie, l’institution du sacerdoce et la célébration de la passion du Seigneur, suivie de celle de sa résurrection.

 

Parlant du jeudi saint, que signifie le lavement des pieds ? Quelle est sa portée spirituelle ?

 

Le lavement des pieds, c’est un geste que Jésus a accompli le soir de l’institution de l’Eucharistie avec ses disciples. C’est au cours du repas, qu’après avoir mangé, il s’est levé et a lavé les pieds de ses disciples. Le lavement des pieds, dans la tradition juive, est un signe d’accueil et  de service. Mais c’est un acte qui était d’ailleurs réservé aux serviteurs et aux servantes qui, lorsque le maître rentre de ses activités de la journée, lui lavent les pieds. Parce qu’à la vieille Palestine, on marchait à pied ou à dos d’âne sur des pistes sans goudron et quand on arrivait à destination, on avait  les pieds poussiéreux et le serviteur avait pour tâche d’amener de l’eau pour laver les pieds de son maître. Jésus  a accompli cet acte. Lui qui est le maître, pour donner une valeur symbolique, s’est abaissé pour laver les pieds de ses disciples. C’est la signification même de l’eucharistie où il donne sa vie pour le service d’autrui. Et en lavant les pieds de ses disciples, comme il l’a dit lui-même, si moi qui suis le maître, je vous ai lavé les pieds, c’est pour que vous vous laviez les pieds, les uns les autres. Cela signifie que désormais, les disciples doivent se mettre dans une position de serviteur vis-à-vis des autres. Le chrétien, lorsqu’il est baptisé, on dit qu’il est devenu prêtre et prophète des rois. La royauté du chrétien consiste à être au service des autres, et c’est cela que le Christ a traduit à travers le lavement des pieds qui est une mise en scène de la célébration de l’Eucharistie qu’il a fait le soir du jeudi saint. La portée spirituelle de ce geste est que chaque chrétien, en tant que disciple du Christ, doit se mettre dans un rôle de serviteur par rapport à autrui. Où que nous soyons, quelle que soit la fonction que nous exerçons, nous devons être au service des autres. Parce que le Christ lui-même est venu non pas pour être servi, mais pour donner sa vie pour le salut de la multitude. La portée spirituelle de ce geste signifie que nous devons vivre dans l’humilité et le service des autres.

 

 

« J’invite tous les chrétiens à entrer dans cette fête avec  une ferveur spirituelle et à vivre de façon authentique pour bien disposer et pour être en communion avec les autres »

 

 

Quelle est la portée de la fête de Pâques pour les chrétiens catholiques ?

 

La fête de Pâques est celle de la résurrection du Christ. C’est le jour le plus grand du calendrier chrétien, car c’est le jour où on commémore la résurrection du Christ. La résurrection du Christ, c’est la racine de notre foi. Selon Saint Paul, si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine. Ce jour-là, nous célébrons la victoire du Christ sur le mal qui est la mort. C’est un jour important et crucial pour les chrétiens, parce que ce jour-là, nous nous rappelons que le fils de Dieu est venu, il a donné sa vie pour nous, il nous a sauvés  en mourant sur la croix et par cette mort sur la croix, il a détruit la mort et nous a rendus participants de sa nouvelle vie d’enfant de Dieu. Donc, quand nous célébrons Pâques, nous revivons ce mystère que le Christ  a vécu pour le salut du monde entier. Ceux qui ont été baptisés, qui sont descendus dans le tombeau avec le Christ et qui sont ressuscités avec lui, sont devenus des êtres nouveaux et des enfants de Dieu. Donc, la Pâques est une grande célébration chrétienne.

 

Quel comportement un catholique doit-il avoir le jour de cette résurrection du Christ ?

 

Il doit d’abord aller à la messe, car c’est un jour où nous célébrons la résurrection et comme c’est sur la base de la résurrection du Christ que nous sommes baptisés, nous devons célébrer cette fête à la messe, pour  célébrer notre propre résurrection avec le Christ. C’est un jour où nous partageons notre foi avec les autres, de communion avec les autres en proclamant notre foi à ceux qui ne connaissent pas le Christ. Donc, c’est une manière de louer Dieu et de lui rendre grâce pour nous avoir rendus participants de la victoire de son fils sur la mort. D’ailleurs, à l’Eglise primitive, les jours de Pâques, les chrétiens se saluaient en disant Christ est ressuscité Alléluia ! Et l’on répond, il est vraiment ressuscité Alléluia ! Donc, c’est la foi et la joie qui illuminent le chrétien le jour de Pâques, et cette joie doit être partagée entre ses frères et sœurs.

Entre l’aspect spirituel et celui festif, la fête de Pâques sera diversement célébrée.

 

Selon-vous, comment faire la jonction de ces deux volets ?

 

Comme la Pâques est d’abord une fête spirituelle pour les chrétiens, et quand on dit fête, cela est une manifestation de joie, de partage, de solidarité vis-à-vis des autres. Donc les chrétiens vont essayer de manifester cette joie comme ils le peuvent à travers la joie du partage avec les amis, les parents et les voisins. Cette joie et cette fête traduisent de manière concrète la joie spirituelle qui a été célébrée à l’église. Parce que la joie du chrétien doit se manifester concrètement à travers ses attitudes vis-à-vis d’autrui à l’extérieur. Et notamment ceux qui seront baptisés, car c’est  dans la nuit pascale qu’on baptise beaucoup d’adultes qui commenceront une vie nouvelle avec le Christ et veulent partager cette joie avec les autres.

 

Un mot pour conclure

 

J’invite tous les chrétiens à entrer dans cette fête avec  une ferveur spirituelle et à vivre de façon authentique pour bien disposer et pour être en communion avec les autres. Je les invite à faire de cette fête une relation pour approfondir leurs relations avec Dieu et les autres. Que les fruits de cette fête puissent se traduire dans leur vie concrète, autour d’eux et qu’ils les aident à devenir de meilleures personnes pour Dieu et pour les autres.

 

Valérie TIANHOUN