HomeA la uneACCORD POLITIQUE DE L’OPPOSITION:

ACCORD POLITIQUE DE L’OPPOSITION:


Les partis et formations politiques représentés à l’Assemblée nationale, membres ou non du Chef de file de l’opposition politique (CFOP) et          candidats à l’élection présidentielle de 2020, ont signé un « Accord politique de l’Opposition (A.P.O/2020) », le 18 août 2020. Cet accord permet à tout parti membre, de bénéficier du soutien des autres en cas de   2e  tour, de gérer le pouvoir d’Etat ensemble en cas de victoire à l’élection présidentielle. Que pensez-vous de cet accord ? Nous avons posé la question à des responsables d’organisations de la société civile et des citoyens. Lisez !

Nassourou Guiro, du Mouvement Plus Rien ne Sera Comme Avant (MPRESCA) : « Les politiciens ne respectent pas leurs engagements »,

« La signature de cet accord est une bonne chose, pourvu que chaque partie respecte ses engagements. Je souhaite même qu’à la longue, on ait deux grands regroupements de partis politiques au Burkina Faso comme aux Etats-Unis d’Amérique où on a les démocrates et les républicains. Nous avons plus de 100 partis politiques au Burkina et cela nous crée des problèmes. Il faut aussi reconnaître que les politiciens ne respectent pas leurs engagements. Chacun met au devant, ses propres intérêts. C’est d’ailleurs ce qui nous a conduits dans cette situation. Certains partis politiques membres de l’accord, étaient dans le processus qui a conduit à l’insurrection populaire de 2014. Chacun cherche le pouvoir et dans ces conditions, il sera difficile de respecter les engagements. »

Elisabeth Segueda, journaliste : « C’est une très bonne idée parce qu’ils essayent de mutualiser leurs forces »

«  J’ai suivi comme tout le monde que l’opposition politique a signé un accord dans l’optique de soutenir le candidat qui sera au 2e tour et plus tard, s’il  remporte l’élection présidentielle de 2020, créer ce qu’on appelle un gouvernement d’union pour gérer le pouvoir. C’est une très bonne idée parce qu’ils  essayent de mutualiser leurs forces.  Mais face au MPP et ses alliés, j’émets quelques doutes parce que ceux qui sont dans l’opposition aujourd’hui, étaient tout récemment comme des ennemis.  Dans ces conditions, comment pourront-ils co-gérer le pouvoir qu’ils comptent gagner ? Sinon, c’est une belle initiative dès qu’on prend conscience que c’est en mutualisant les forces qu’on peut s’en sortir. Je pense qu’au lieu de rester avec les scores de 1% à l’élection présidentielle, s’ils se mettent ensemble, ils peuvent gagner. Au regard du contexte national, c’est vrai que le MPP se débat, mais il traîne beaucoup de casseroles. »

Jean-Baptiste Bouda, journaliste à Radio Burkina : « Pour une des premières fois, l’opposition burkinabè prend le taureau par les cornes »

 « Pour une des premières fois, l’opposition burkinabè prend le taureau par les cornes. En ce sens que déjà, elle se met dans cette position où, en ce qui concerne les élections à venir, il y aura une situation de ballotage, je dirais un 2e  tour.  Elle se prépare et se met dans de bonnes conditions. L’accord qui vient d’être signé est visionnaire et celui qui sera en pole position, sera soutenu par les autres. Je pense qu’ils ont de la perspective en essayant d’aller à cet accord avec toutes les parties.  Pour le moment, ils nous donnent l’impression qu’ils réussiront, mais cela n’est pas évident. Il n’est pas exclu, en cas de 2e tour, que ceux qui ont signé se retrouvent de l’autre côté, c’est-à-dire dans le camp de la majorité présidentielle. Le parti au pouvoir, en cas de 2e tour, va essayer de recruter parmi les membres de ce regroupement. Aujourd’hui, tout dit qu’on a la volonté d’écarter le parti au pouvoir en cas de 2e tour. Si cet accord est respecté, c’est l’une des premières fois où véritablement, l’opposition est proche de pouvoir faire basculer la situation en sa faveur. Mais il reste entendu qu’il va falloir travailler pour qu’on réussisse au cas où il y aura un 2e tour. Et s’il n’y a pas de 2e  tour,  on ira en rangs dispersés et c’est l’une des faiblesses de cet accord. Pourquoi ne pas faire ce regroupement dès le 1er tour pour se donner beaucoup plus de chances de déboulonner le parti au pouvoir ? Mais attendre un 2e tour, c’est si le parti au pouvoir leur donne cette chance. »

Sally Nébié Conombo : « Les politiciens sont de vrais forains »

« Les politiciens sont de vrais forains. C’est assez drôle de voir pareil théâtre, mais avec eux, il faut s’attendre à toutes sortes de contorsions imaginables pour parvenir au perchoir. Si mes souvenirs sont bons, Zéphirin Diabré a conduit le déferlante qui a balayé le CDP et ses satellites. Vraiment, c’est la politique et tout est permis. Pas de règle, pas d’éthique. Les alliances les plus perfides se nouent et se dénouent au gré des intérêts personnels des dirigeants. Mais je suis contente pour eux parce que les élections de 2020 vont se tenir avec une classe politique presque nue, qui va chercher des voix auprès de citoyens aguerris et vaccinés, plus exigeants et plus critiques qu’il y a cinq ans. On les attend à bras ouverts mais de pied ferme. Cette union pourra-t-elle permettre de battre le MPP et la majorité présidentielle en novembre prochain ?  A mon avis, ce n’est pas tranché. Le MPP (je ne suis d’aucun parti) a quand même plus d’atouts et de résultats à présenter aux électeurs. On peut critiquer beaucoup de choses mais objectivement, du bon travail a été fait depuis cinq ans. Il y a des insuffisances mais les lignes ont sérieusement bougé. En plus, le président Kaboré a donné envie aux jeunes de s’investir dans la construction du pays. Cela va peser dans les urnes. Personnellement, je pense que c’est un président plus sûr et plus confiant qui va faire campagne auprès des femmes et des jeunes. Il inspire beaucoup d’empathie et de simplicité. Il a toutes les chances d’être réélu, surtout s’il prend en personne le leadership de sa campagne. C’est important qu’il défende lui-même son bilan qui, mine de rien, est respectable. Quand on analyse le contexte de sa venue au pouvoir, il n’a eu aucun répit et il faut reconnaître que c’est une belle résilience pour un président. C’est un homme qui a été confronté à des défis sans noms et il a tenu bon. La jeunesse préfère reconduire un président qui est concentré sur les affaires nationales. Vous savez que les Burkinabè n’aiment pas les aventures ambiguës et ils ne vont pas voter des gens pour faire des essais. L’exercice du pouvoir est une épreuve et le peuple sait reconnaître et peut avoir de la considération pour celui qui démontre qu’il est proche de ses préoccupations quotidiennes. Sur ce point, il a, je pense, laissé les bonnes graines pousser. Il en récoltera les fruits en novembre. »

Pascal Zaïda, coordonnateur du CED :  « C’est un acte que nous avons salué à sa juste valeur »

 

 « C’est un acte que nous avons salué à sa juste valeur. Nous l’avons toujours prôné depuis longtemps. Nous avons toujours demandé que pour l’intérêt supérieur de la Nation, tous les acteurs politiques  s’accordent sur un minimun et je pense que cet acte vient concrétiser  la volonté manifeste de l’opposition politique, de  sauver le Burkina. Cette union va nous amener vers un avenir radieux et nous, acteurs des organisations de la société civile, nous avons toujours dit que nous voulons un candidat qui va mettre en priorité la réconciliation nationale, la sécurité, la relance économique et la fronde sociale. Ces 4 éléments fondamentaux sont, à notre avis, un message  très fort des candidats mais aussi  un espoir pour les Burkinabè parce que le pays a trop souffert depuis que  Roch Marc Christian Kaboré est au pouvoir. Nous les encourageons et restons ouverts et même disponibles pour un éventuel accord avec certaines OSC sur certains points tels que la réconciliation nationale, la sécurité, la relance de l’économie nationale. »

Zoubaviel David Dabiré, journaliste : « C’est une nouvelle donne qui va donner le tournis à la majorité présidentielle »

« L’accord politique de l’opposition sur les élections couplées du 22 Novembre semble une réelle volonté des acteurs d’opérer le changement en s’unissant dans un probable second tour, à défaut de le faire au premier tour. Et surtout avec un minimum de consensus sur la gestion du pays en cas de victoire d’un des leurs.   C’est une nouvelle donne qui va donner le tournis à la majorité présidentielle qui comptait surfer sur les faiblesses de l’opposition pour mobiliser.  C’est aussi le signe que les acteurs majeurs de l’opposition veulent mettre toutes les chances de leur côté pour vaincre l’APMP. D’un certain point de vue, on peut saluer ce dynamisme, cette vitalité démocratique. Maintenant, peut-elle être source d’alternance alternative pour le Burkina ? Difficile de le dire quand on sait le passé des partis politiques associés à ce projet. La certitude que l’on peut toutefois dégager, c’est que là où règne l’aveugle, le borgne a toute ses chances de conquête du trône ! »

Abraham Badolo, Président de l’Alliance pour la défense de la patrie (ADP)

 

« J’ai constaté comme tout le monde, la signature de cet accord entre les différents candidats de l’opposition  à l’élection présidentielle. C’est une première au Burkina Faso. L’état d’esprit est bon. J’espère que les uns et les autres tiendront parole parce que, par le passé, dans plusieurs pays, nous avons vu des accords qui ont été signés avant les élections, mais après les élections, il y a eu autre chose. Mais selon les dires, ils ont pris des mesures fortes pour ne pas qu’il y ait des trahisons au sein du groupe. Nous ne pouvons que prendre acte et saluer l’initiative en espérant qu’il y ait, dans notre chère patrie bien aimée, des élections libres, transparentes, apaisées et surtout acceptées de tous.

Propos recueillis par Issa SIGUIRE


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