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AFFAIRE CONGO HOLD-UP


L’ancien président de la RDC, Joseph Kabila et sa famille, ont « siphonné », en cinq ans, près de 138 millions de dollars, des caisses de l’Etat. Avec la complicité de la BGF1 RDC (filiale, en RDC, du groupe bancaire BGF1 Bank basé au Gabon) et à travers une société-écran installée dans… un garage.  C’est du moins ce qui ressort d’une vaste enquête de médias internationaux et d’ONG, dénommée « Congo Hold-up ».  Selon l’enquête, ladite société-écran a servi à « prélever une sorte de taxe Kabila » auprès de plusieurs institutions et entreprises publiques telles que la Banque centrale, l’entreprise minière Gecamines, l’Assemblée nationale, la Commission électorale, les ports, le fonds d’entretien routier…  Un scandale révélé au grand jour, alors que près « de 70% de Congolais survivent avec moins de deux dollars par jour », comme le soulignent les enquêteurs. Joseph Kabila et sa famille se sont-ils enrichis sur le dos du peuple congolais ?  Tout porte, hélas, à le croire. Et ce ne sont pas les dénégations des communicants de l’ex-numéro un congolais, qui déplorent « un acharnement injustifié de certaines puissances cachées derrière ces médias », qui suffiront à disculper le mis en cause. Car, on imagine bien que de pareilles accusations n’ont pas été portées à la légère par ces médias fouineurs qui ne sont non seulement pas à leurs premières expériences dans le domaine de l’investigation, mais aussi mesurent à quel degré ils jouent leur crédibilité. Ces allégations reposent très vraisemblablement sur du solide. En tous les cas, il faut tresser des lauriers à tous ces preux chevaliers de la gouvernance vertueuse exerçant dans les médias d’investigation qui, appuyés d’ONG partageant le même combat, arrivent à troubler le sommeil de dirigeants passés maîtres dans l’art de fossoyer les ressources – parfois maigres – de leur pays. 

 

 

L’Afrique doit son malheur à bien de ses dirigeants plus portés sur l’intérêt personnel que sur celui de leur peuple

 

 

Il faut se féliciter de la détermination de ces journalistes et autres lanceurs d’alerte, dans la croisade inlassable qu’ils mènent contre ces « braquages » des deniers publics, dont sont friands bien des dirigeants d’Afrique et même d’ailleurs.  Evidemment, sous de pareils cieux, l’arsenal institutionnel et juridique mis généralement en place pour contrer ce genre de délinquance, a montré ses limites.  Les structures de contrôle savent jusqu’où elles peuvent sévir… C’est pourquoi dans ces républiques aux institutions généralement faibles, il faudra bien plus que ce genre d’appareils de contrôle pour freiner les appétits pantagruéliques de chefs d’Etat adeptes invétérés de Mammon.  Et si, pour en revenir à Kabila, il a plu à ce dernier de s’autoriser ce qu’il ne devait pas se permettre, c’est bien parce qu’il était au sommet de l’Etat et se considérait, de ce fait, comme un intouchable voire un démiurge.  Face à cette nouvelle affaire qui vient, une fois encore, mettre à nu, la gouvernance erratique de Kabila, comment s’étonner que ce pays-continent gorgé pourtant de richesses en tout genre, peine jusque-là à décoller ?  C’est connu, l’Afrique doit son malheur à bien de ses dirigeants plus portés sur l’intérêt personnel que sur celui de leur peuple. Tant et si bien que, hélas, bon nombre d’entre eux ont tendance à confondre les caisses de l’Etat avec leurs poches.  Autant dire qu’un Kabila peut en cacher bien d’autres sur le continent, qu’ils soient anciens dirigeants ou présidents en exercice. Comme l’ont récemment démontré les Pandora Papers, du nom de cette enquête du Consortium international de journalistes d’investigation (ICIJ), sur les secrets de la finance offshore, qui avaient épinglé plusieurs milliers de personnalités de divers secteurs, notamment des leaders politiques parmi lesquelles figuraient des dirigeants africains.   Cela dit, à la suite du « Congo Hold-up », l’immunité du désormais « Sénateur à vie » Kabila, sera-t-elle levée ? Si les autorités congolaises déclarent s’être saisies de l’affaire, on attend de voir quelle suite elles y donneront. Mais, pour l’heure, c’est Kabila qui voit une fois encore, son nom trainer dans la boue.  Cela ne fait honneur ni à sa personne, ni à sa famille, encore moins à sa gouvernance du temps où il régentait la RDC. Mais, pour dire vrai, ces révélations n’ont rien de surprenant, tant la gestion  de Kabila, sans cesse décriée, avait déjà été marquée par de nombreux scandales. Il aura fallu juste du temps pour que les moins connus du grand public, remontent à la surface et le rattrapent à travers cette dernière enquête.

 

« Le Pays »


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