HomeA la uneALTERNANCE EN ZAMBIE: Le nouveau président face à une montagne de défis

ALTERNANCE EN ZAMBIE: Le nouveau président face à une montagne de défis


Déclaré vainqueur, le 16 août dernier, de l’élection présidentielle qui l’opposait au président sortant, Edgar Lungu, le nouveau président zambien, Hakainde Hichilema, sera investi, en principe, ce 24 août à Lusaka. Une prestation de serment qui intervient quelque huit jours après sa victoire à une élection présidentielle qui ne lui a finalement ouvert les bras qu’à la sixième tentative. C’est dire si cette alternance au sommet de l’Etat zambien, est le fruit de la ténacité de l’éternel opposant qui prend désormais les rênes du pouvoir dans son pays. Ce, après que ses compatriotes lui ont largement traduit leur confiance dans les urnes ; toute chose qui lui a permis d’infliger une mémorable manita à son adversaire qui semblait pourtant favori dans la course à sa propre succession, comme cela passe pour être la règle en Afrique. C’est le lieu de saluer le courage des institutions zambiennes qui se sont montrées à la hauteur de l’histoire en prononçant, chose extrêmement rare sous nos tropiques, un verdict qui consacre la victoire d’un opposant face à un président sortant, candidat à sa propre succession.

En choisissant le changement avec lui plutôt que la continuité avec Lungu, le message de ses compatriotes est suffisamment clair

Ce, sur un continent où bien des dirigeants ont fini de faire la preuve qu’ils sont allés à l’école de feu l’ex-président gabonais, Omar Bongo, qui disait déjà, de son vivant, qu’«en Afrique, on n’organise pas des élections pour les perdre ». C’est pourquoi il faut aussi saluer l’élégance du président sortant, Edgar Lungu, qui n’a pas eu de peine à reconnaître sa défaite et à adresser ses félicitations à son illustre challenger. Mieux, il a déclaré la journée d’aujourd’hui, 24 août, fériée pour permettre à ses compatriotes d’assister à la cérémonie de prestation de serment de son successeur, le président élu, Hakainde Hichilema et de sa colistière, Mme Mutale Nalumango, élue vice-présidente. Un geste de fair-play qui se veut un exemple pour de nombreux pays africains adeptes des contestations électorales, et qui place la Zambie dans le peloton des pays africains qui suscitent l’espoir démocratique.
Cela dit, au moment où il prend les attributs de chef de l’Etat, on imagine que le nouveau président zambien ne se fait aucun doute sur la montagne de défis qui l’attendent, et qui se traduisent en termes de relance économique, de lutte contre le chômage, qui plus est dans un contexte de crise sanitaire, et surtout de lutte contre la corruption à laquelle se sont déjà attaqué bien de ses prédécesseurs pour les résultats que l’on sait. En tout cas, en choisissant le changement avec lui plutôt que la continuité avec Lungu, le message de ses compatriotes est suffisamment clair pour traduire leurs frustrations, mais aussi leurs espoirs de lendemains qui chantent. Le président Hichilema saura-t-il se montrer à la hauteur de leurs aspirations ? On attend de voir.

Le nouveau président aura du pain sur la planche

Mais d’ores et déjà, le nouveau chef de l’Etat peut être sûr que s’il commet les mêmes impairs que son prédécesseur, il risque de récolter la même sanction et les mêmes désillusions dans les urnes, à la faveur des prochaines élections. C’est dire si avec un peuple aussi averti, tout porte à croire qu’à 59 ans, le président Hichilema joue son avenir politique au cours de ce premier mandat.
En tout état de cause, passée l’euphorie de la victoire, il sera vite rattrapé par la réalité du terrain. A moins que ce ne soit par ses promesses de campagne dans un pays où les populations tardent à voir les fruits de la croissance et où la dette publique reste à des niveaux encore difficilement soutenables pour une économie dont la récession a été aggravée par la pandémie de Covid-19. Une économie qui repose principalement sur le cuivre, lui-même fortement tributaire de la demande mondiale. Autant dire que le nouveau président aura du pain sur la planche. Lui dont les compatriotes attendent visiblement beaucoup. Et qui devra, par ailleurs, travailler au renforcement de la démocratie et surtout des institutions de l’Etat dont la force lui a permis de réaliser son rêve de présider enfin aux destinées de son pays.

« Le Pays »


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