APPEL DE LA PROCUREURE DE LA CPI DANS L’AFFAIRE GBAGBO
C’est à croire que Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ne se sont pas encore tirés d’affaire. En effet, la procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, a finalement confirmé hier, 16 septembre, son appel de la décision rendue le 15 janvier dernier, en faveur des deux hommes, puisque cette cour les acquittait des crimes à eux reprochés. C’est dire donc que le Christ de Mama ne regagnera pas de sitôt sa terre natale, puisqu’il est toujours sous contrôle judiciaire lui interdisant de quitter la capitale belge sans l’aval de la Cour. En tout cas, c’est un coup de massue sur la tête des partisans de ces deux hommes. Cela est d’autant vrai qu’à un an de la présidentielle en Côte d’Ivoire, beaucoup d’Ivoiriens nourrissaient le secret espoir de voir Laurent Koudou Gbagbo y jouer les premiers rôles. Car, on le sait, le rapprochement entre lui et le sphinx de Daoukro, Henri Konan Bédié pour ne pas le nommer, n’est pas anodin. L’objectif est clair : déloger le locataire du palais de Cocody, Alassane Ouattara, qui aura travaillé à s’attirer les inimitiés de ces deux vieux loups de la scène politique ivoirienne. A dire vrai, l’acte de Bensouda est une véritable douche froide non seulement pour la famille FPI, mais aussi pour tous ceux qui défendaient bec et ongles l’ancien dirigeant ivoirien et son ministre de la Jeunesse. Même si, pour l’instant, l’on ne peut prédire l’issue de cette affaire, on est au moins sûr d’une chose : le calvaire de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé se poursuivra encore pour quelque temps. D’ici que la procureure remette son rapport en décembre prochain et que les avocats des deux accusés y apportent des réponses, beaucoup d’eau pourrait couler sous les ponts. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette action de l’ex-Garde des sceaux gambienne, n’est pas pour déplaire au camp Ouattara. Nombreux sont ses partisans qui boivent leur petit lait.
La procureure joue sa crédibilité dans cette affaire
Cela dit, l’on ne saurait en vouloir à dame Bensouda qui, après tout, est dans son rôle. La question que l’on pourrait se poser, est de savoir si cette fois, la procureure réussira à réunir suffisamment de preuves irréfutables pour ramener Laurent Gbagbo et Blé Goudé dans les geôles de La Haye comme le souhaitent les parents des victimes. Rien n’est moins sûr. Mais si elle persiste et signe, c’est qu’elle garde toujours espoir de prouver la culpabilité des deux hommes. Car, il faut le rappeler, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé avaient été acquittés pour insuffisance de preuves. Ce qui est loin de signifier qu’ils sont blancs comme neige. Du reste, on pourrait même dire que la détermination de Bensouda est en partie liée à la position de l’un des juges qui a estimé nécessaire de poursuivre le procès jusqu’à son terme. Si en dépit de ses déconfitures liées aux procédures, Bensouda ne veut pas lâcher prise, c’est qu’elle ne veut pas perdre la face. Du temps, elle en a eu pour réunir des preuves solides contre l’ancien président ivoirien et le leader des jeunes patriotes. Malgré ses multiples séjours en Eburnie, force est de constater qu’elle peine à trouver des preuves susceptibles de briser l’armure de la défense des deux hommes. C’est dire si la tâche paraît immense pour la procureure qui joue gros dans cette affaire. Il ne fait aucun doute qu’elle y joue sa crédibilité et par ricochet, celle de la CPI. Si elle parvient cette fois-ci à prouver la culpabilité des deux hommes, ce sera pour elle une victoire mais si elle perd la bataille, c’est son image et celle de la CPI qui en prendront encore un coup. Ce d’autant plus que beaucoup l’accusent de jouer le jeu du pouvoir d’ADO et des Occidentaux. C’est évident, un autre échec de sa part donnerait du grain à moudre aux partisans de Gbagbo qui voient dans cette affaire, un acharnement contre leur mentor qu’ils font passer pour panafricaniste jusqu’au bout des ongles.
Dabadi ZOUMBARA