HomeLa chronique du fouAPPELS A LA LIBERATION DU LIEUTENANT-COLONEL ZOUNGRANA : La Justice va-t-elle céder à la pression de la rue ?

APPELS A LA LIBERATION DU LIEUTENANT-COLONEL ZOUNGRANA : La Justice va-t-elle céder à la pression de la rue ?


En fin de semaine dernière, j’arpentais, comme d’habitude, les rues de Ouagadougou, à la recherche de ma pitance quotidienne, lorsque soudainement, je suis tombé sur un mouvement de foule en plein centre-ville. Sur les pancartes qu’arboraient la plupart des manifestants, on pouvait lire ceci : « Libérez le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana » ou encore : « La place d’un militaire n’est pas en prison mais au front ». Du coup, j’ai vite compris qu’il s’agissait de l’officier qui avait été arrêté le 4 janvier 2022, soupçonné de fomenter un coup de force contre le désormais ex-président Roch Marc Christian Kaboré. Pour les manifestants, si ceux qui sont aux affaires aujourd’hui, y sont arrivés par coup d’Etat, il n’y a pas de raison que le sieur Zoungrana, accusé des mêmes faits, croupisse en prison. Et là, je suis d’accord avec eux. Car, il s’agit là d’une simple question de logique, surtout que ceux qui nous gouvernent actuellement, ont renversé le même président qui avait fait arrêter Zoungrana. Je trouve d’ailleurs curieux que poursuivi au départ pour tentative de coup d’Etat, Emmanuel Zoungrana se retrouve subitement accusé de blanchiment de capitaux et corruption. Je ne suis pas en train de le défendre. Loin s’en faut ! S’il y a des faits qui lui sont reprochés, que la Justice fasse son travail et que le droit soit dit dans toute sa rigueur. S’il est reconnu coupable, qu’il soit condamné. S’il n’est pas reconnu coupable, qu’il soit purement et simplement relâché. Car le pays a besoin de lui. Je le dis parce qu’Emmanuel Zoungrana, selon plusieurs témoignages concordants, n’est pas un officier comme les autres. Très courageux et engagé, il a toujours été aux côtés de ses hommes au front.

 

Dans un Etat de droit, ce n’est pas par des mouvements de rue, que l’on peut faire libérer un prisonnier

 

Il ne reculait pas devant l’adversaire et était toujours prêt à aller à l’offensive. Il n’est donc pas comme les officiers ventrus et corrompus qui se prélassent dans des salons feutrés au prétexte qu’ils élaborent des plans ou des stratégies. Je me demande d’ailleurs comment un officier qui ne s’est jamais rendu sur le terrain à Tanwalbougou, Yirgou, Toéni, Arbinda… qu’il ne peut même pas situer sur une carte, peut-il prétendre concevoir un plan pour des soldats qui se battent au front ? Je suis fou mais je trouve que c’est du baratin. Je sais que ce je suis en train de dire ne plaira pas à certains. Et c’est d’ailleurs l’objectif que je recherche. Je veux fouetter l’orgueil des uns et des autres pour qu’ils comprennent que les galons ne servent à rien s’ils ne peuvent pas contribuer à sauver notre nation en péril. En tout cas, j’ai du mal à comprendre que notre armée dont les hauts faits d’armes étaient chantés à l’extérieur, ne soit pas capable de venir à bout de ceux-là qui nous attaquent sur une superficie de seulement 274 200 km2. Soit dit en passant, je rends hommage à tous ces officiers anonymes qui, comme Emmanuel Zoungrana, font leurs preuves sur le terrain. Je sais qu’il en existe puisque j’en connais quelques-uns.  Pour revenir à la manif dont je parlais plus haut, j’ai bien envie de demander à mes compatriotes burkinabè de savoir raison garder. Certes, je comprends qu’ils portent Emmanuel Zoungrana dans leur cœur. Mais qu’ils comprennent que dans un Etat de droit, ce n’est pas par des mouvements de rue, que l’on peut faire libérer un prisonnier. Ce n’est pas ainsi que les choses fonctionnent. Ce serait d’ailleurs un précédent très dangereux si la Justice cédait à pareilles pressions. Pour moi, il faut tout simplement demander au juge d’accélérer la procédure pour que si procès, il y a, il puisse se tenir dans les meilleurs délais. Tout autre démarche ne pourrait qu’aggraver le sort de l’officier Zoungrana.

 

« Le Fou »     


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