CONDAMNATION DU JOURNALISTE SADIO BAH A SIX MOIS DE PRISON EN GUINEE
Le Tribunal de première instance de Dixinn a rendu son verdict, le 4 février 2021, dans l’affaire opposant le journaliste sportif Sadio Bah au président de la Fédération guinéenne de football. Six mois de prison ferme et une amende de 500 000 francs guinéens. C’est la sanction qui a été infligée au journaliste qui était poursuivi pour diffamation, injures publiques et dénonciation calomnieuses à l’endroit du tout puissant patron du sport roi guinéen, Mamadou Antonio Souaré. Tombée comme un couperet sur la tête du pauvre journaliste, cette condamnation est considérée comme lourde puisque le procureur avait requis la relaxe pour délit non constitué. Mais que voulez-vous ? Nous sommes au pays du Pr Alpha Condé où la moindre indélicatesse ou tout acte considéré comme tel, est sévèrement sanctionnée. C’est d’autant plus vrai que des leaders d’OSC, des opposants et bien des journalistes, ont été jetés en prison, certains pour s’être opposés au troisième mandat de Condé, d’autres pour avoir critiqué son régime ou dénoncé ses travers. L’on se demande jusqu’où ira le rouleau compresseur du Pr Alpha Condé. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la violation des droits de l’homme est devenue le sport favori de Condé. Une situation qui inquiète aussi bien les Guinéens que la Communauté internationale, notamment l’Union européenne qui avait demandé au satrape de faire la lumière sur la situation des opposants emprisonnés. Et comme pour prouver qu’elle ne plaisantait pas, elle n’avait pas hésité à brandir le bâton en évoquant la possibilité de sanctions si le pouvoir faisait la sourde oreille. Cette menace suffira-t-elle à faire entendre raison au président guinéen? Tout laisse croire que non. Il en faut plus pour inquiéter Alpha Condé. On est d’autant plus fondé à le croire que depuis sa réélection contestée, l’octogénaire président n’aura posé aucun acte concret pour réduire les tensions qu’il a contribué à exacerber entre les Guinéens. C’est dire s’il n’est pas dans une dynamique de réconciliation comme son homologue ivoirien Alassane Ouattara qui, après s’être fait réélire avec un score à la soviétique, a illico presto nommé un ministre en charge de la réconciliation en la personne de Kouadio Konan Bertin.
La Guinée est devenue une prison à ciel ouvert
En tout cas, tous ceux qui osent lever le petit doigt pour dénoncer sa forfaiture, n’échapperont pas à sa furie vengeresse. C’est dire si l’UE gagnerait à passer à la vitesse supérieure. Car, comme le dit l’adage, « on n’effraie pas un vieil hibou aux yeux ronds, avec un épouvantail ». Condé qui dirige son pays d’une main de fer depuis plus d’une décennie, ne saurait, sur une simple menace de sanctions, plier l’échine. Du reste, s’il n’était pas lui-même un prédateur des droits humains, il aurait rendu justice aux victimes du massacre du 28 septembre 2009. Ne demandez donc pas à un satrape dont les placards sont déjà remplis de cadavres, de faire la lumière sur la détention de ses opposants. Car, aux yeux de Condé, mourir en prison n’a rien de scandaleux. Et on n’exagère pas en l’affirmant puisque de nombreux Guinéens ont été abattus comme du gibier par ses sbires à la gâchette facile, qui n’ont jamais été inquiétés. C’est à se demander si Pr Condé est encore lucide. Comment est-il possible que quelqu’un qui aura passé une bonne partie de sa vie dans l’opposition et qui aura été accueilli, à son arrivée au pouvoir, comme un libérateur, soit devenu un des plus sanguinaires dirigeants d’Afrique? Le hic est que tant que le fils de Boké restera aux affaires, ni les opposants, ni les défenseurs des droits humains, encore moins les Hommes de médias, n’auront la paix. Car, la Guinée et c’est peu de le dire, est devenue une prison à ciel ouvert.
Dabadi ZOUMBARA