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CRISE AU SEIN DE LA COMMUNAUTE MUSULMANE


Dans la présente lettre ouverte adressée au président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, l’auteur qu’est Ablassé Ouédraogo, l’interpelle sur la crise que connaît actuellement  la communauté musulmane. Pour Ablassé Ouédraogo, les autorités doivent tout faire pour rétablir le bureau sortant qui est habilité à organiser le 13e congrès devant conduire au renouvellement des instances.

 

 

« Patriote jusqu’au bout des ongles, nous nous imposons le devoir de porter à votre très haute connaissance, notre perception de la situation très inquiétante et préoccupante, qui prévaut actuellement au sein de la Communauté musulmane du Burkina Faso (CMBF), qui pourrait être préjudiciable à l’unité nationale, à la cohésion sociale et au caractère laïc de notre pays.

En effet, tout laisse voir que des personnes, mal intentionnées, égoïstes et guidées uniquement par la satisfaction de leurs intérêts propres au détriment de l’intérêt général, travaillent ardument à la division de la communauté musulmane, et à l’affaiblissement, voire à la destruction de l’islam dans notre beau et merveilleux pays.

Il en découle une dynamique dangereuse de politisation et une tentative de récupération politique de la Communauté musulmane du Burkina Faso qui sont déplorables et inacceptables.

Ce qui est présenté comme étant éventuellement une crise interne au sein de la Communauté musulmane du Burkina Faso (CMBF), et c’est connu de tous les honnêtes citoyens, tire son origine de l’application stricte d’une rigueur sans faille dans la gestion de cette Association par son Président légitime en exercice, et son Bureau Exécutif Permanent. Et cela contre la volonté manifestée ouvertement par un groupe de personnes mécontentes de ce style de gestion qui est conforme aux préceptes d’intégrité et d’honnêteté prônés par l’islam, cette religion noble. 

Sans être exhaustifs, cinq (05) points majeurs cristallisent les divergences entre le Bureau Exécutif Permanent légitime, et les organisateurs de l’Assemblée générale extraordinaire de la CMBF tenue du 26 au 28 octobre 2019 à Bobo-Dioulasso.

Les cinq (5) points de divergence incontestables sont :

  1. La désignation du Grand Imam de la Communauté musulmane ;
  2. La gestion des loyers des boutiques construites autour de la Grande Mosquée de Ouagadougou et des écoles franco-arabes (centre-ville et Zogona);
  3. L’utilisation des ressources des quêtes reçues lors des prières à la Grande Mosquée ;
  4. La disposition des cadeaux et dons offerts par les visiteurs et les étrangers de passage à la Grande Mosquée ;
  5. La gestion des billets d’avion offerts par le Chef de l’Etat pour le pèlerinage à la Mecque.

Reconnaissons humblement que la convocation de cette rencontre par le Premier Vice-Président de la CMBF, utilisant le cachet de la section régionale de la CMBF de Bobo-Dioulasso pour une réunion nationale, foule royalement aux pieds les Statuts et le Règlement intérieur en vigueur, et notamment l’article 10 traitant du fonctionnement de l’Association. De ce fait, cette Assemblée générale extraordinaire convertie en congrès est illégale, et ne peut que produire des conclusions caduques, nulles et sans effets.

Il conviendrait d’ailleurs de féliciter le Président légitime et le Bureau Exécutif Permanent pour leur courage et leur résilience à contenir les ardeurs de ceux   qui se battent becs et ongles avec l’appui de complicités externes pour instaurer la mauvaise gouvernance au sein de la CMBF avec l’objectif avoué de s’accaparer, à des fins personnelles, de ses ressources financières et matérielles.

A titre de rappel, le Président légitime en exercice, El Hadj Abdou Rasmané SANA,  a été élu par la 12e Assemblée générale de la CMBF, tenue du 6 au 7 juin 2015 à Fada N’Gourma pour un mandat de cinq (5) ans, soit de juin 2015 à juin 2020.

Conformément aux textes fondamentaux de la CMBF, le 13Congrès au cours duquel le Bureau sortant devrait présenter son bilan, procéder au renouvellement de ses instances, et tout particulièrement à l’élection du Président, aurait dû être organisé dans les délais réglementaires.

Malheureusement, et tout le monde le sait, l’arrivée de la pandémie du Covid-19 a entraîné la mise en place de l’urgence sanitaire décrétée par le Président du Faso en mars 2020 à quelques semaines de cette échéance, interdisant tout rassemblement de plus de 50 personnes. Ce qui explique aisément le retard enregistré dans la tenue de ce congrès très attendu. Ceci ne saurait être considéré comme de la mauvaise volonté de la part du Bureau sortant pour organiser ledit congrès.

De ce qui précède, il est difficile de comprendre les décisions prises par le gouvernement de créer lui-même le vide institutionnel, de suspendre le Bureau Exécutif légitime et de le remplacer par une organisation intérimaire pour diriger la CMBF. Ce qui ressemble fort bien à un coup de force fait contre le Bureau Exécutif Permanent légitime sortant qui ne demande qu’à organiser le 13e congrès dans le strict respect des textes régissant la vie et le fonctionnement de la CMBF.

Aussi, il est incongru et étonnant de parler de crise au sein de la CMBF quand on sait que cette crise a été fabriquée par les organisateurs du congrès illégal et illégitime de Bobo- Dioulasso, du 26 au 28 octobre 2019. Ledit congrès s’est tenu, huit (8) mois avant la fin du mandat régulier du Bureau Exécutif Permanent, avec la complicité de forces externes dans l’objectif de s’accaparer de la direction de la CMBF, et de contrôler ainsi la Communauté musulmane.

 

De cette immixtion flagrante du gouvernement dans la gestion de la CMBF, qui est une association apolitique, il conviendrait que le gouvernement se ressaisisse rapidement en se donnant pour cadre la légalité et la légitimité, pour débloquer la situation qu’il a créée au sein de la CMBF, et ainsi faciliter l’entente, la cohésion et la concorde dans cette importante association.

Ce qui facilitera l’organisation, dans la sérénité et la confiance, du 13e Congrès de la CMBF qui rassemblera les représentants de la CMBF des 45 provinces de notre pays, pour apprécier le bilan du Bureau sortant, et désigner le nouveau Président et les nouveaux membres du Bureau Exécutif Permanent. Conformément aux textes statutaires de la CMBF en vigueur, cette instance nationale est dûment convoquée par le Président du Bureau Exécutif Permanent, Président du Conseil National, la seule personne habilitée légalement et légitimement.

Pour la paix, l’unité nationale, la cohésion sociale, il est du devoir de nos gouvernants de savoir faire respecter les textes en vigueur et d’éviter toute décision faisant visiblement appel à des calculs politiques sordides.

Avec la ferme conviction que vous ferez redresser sans délai et en toute objectivité la situation créée volontairement au sein de la CMBF avec la simple application des textes réglementaires régissant son fonctionnement, je vous prie d’agréer, Excellence Monsieur le président du Faso, l’assurance de ma très haute considération.

« Vous êtes des bergers et vous êtes responsables de l’objet de votre garde.

… Le chef de l’Etat est berger et responsable de ses administrés » Hadith

             Ouagadougou le 10 mai 2021

 

Dr Ablassé OUEDRAOGO

 

Commandeur de l’Ordre National »

  

 

 


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