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DECES DE JACQUES CHIRAC


L’ex-président français, Jacques Chirac, s’est éteint hier à l’âge de 86 ans ‘’au milieu des siens’’. L’homme que la France pleure aujourd’hui, a été Premier ministre de Valérie Giscard d’Estaing entre 1974-1976, puis de François Mitterrand entre 1986-1988 avant de briguer en 1995, la magistrature suprême. Durant quarante ans, ce « bulldozer » comme certains le surnommaient, aura occupé une place de choix dans l’échiquier politique français, puisqu’il a été deux fois Premier ministre et a passé 12 ans à l’Elysée. Son premier septennat aura été marqué par la cohabitation avec le Premier ministre Lionel Jospin. Cinquième président de la 5e République, Jacques Chirac aura marqué les esprits aussi bien en France que dans le reste du monde. On se rappelle que dès son entrée en fonction, Jacques Chirac avait choqué le monde entier en annonçant la reprise des essais nucléaires en estimant que son pays les avait arrêtés trop tôt. Figure emblématique de la scène politique française, il fut également en 2001, le premier président étranger à se rendre sur les ruines du World Trade Center, après l’attentat terroriste le plus effroyable jamais perpétré contre un pays. Et ce n’est pas tout ; le plus grand haut fait d’armes de cette bête politique aura été son opposition à l’invasion américaine en Irak, en 2003 à l’ONU.  C’était au cours de son second et dernier mandat, un quinquennat qu’il a achevé, très affaibli par la maladie. Cet homme qui disait qu’il y avait une vie après la présidence, aura marqué les esprits des Français car, il était très proche des citoyens, paysans comme bureaucrates. A l’étranger, Jacques Chirac jouissait d’une certaine estime car, il aura été l’un des premiers présidents français à reconnaître la déportation des Juifs par la France. Certes, tout n’a pas été rose. Des affaires sombres comme celles des emplois fictifs à la mairie de Paris qu’il a dirigée pendant 18 ans et de billets d’avions achetés à des coûts exorbitants, pour lui et ses proches, ont quelque peu entaché sa gouvernance. Mais comme on le dit, en Afrique, on n’exhume pas les affaires scabreuses d’une personne le jour de sa mort. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Chirac aura marqué son époque et tout laisse croire qu’il continuera de marquer le monde.

 

Chirac aura laissé une image positive à la postérité

 

Ce d’autant plus que la fondation qui porte son nom, continuera à perpétuer son image à travers ses  œuvres. Avec cette disparition, on peut aussi dire que l’Afrique perd un grand ami. En effet, Jacques Chirac avait une passion pour le continent africain et n’hésitait pas, de ce fait, à défendre sa cause. Lors de son dernier sommet Afrique-France à Cannes en février 2007, cet avocat de l’Afrique avait, sans langue de bois, demandé d’aider le continent noir à se développer. Sa politique à l’égard de l’Afrique était certes considérée comme celle de la continuité, puisqu’elle s’inscrivait dans la même veine que celle du général De Gaulle, la Françafrique. Mais Chirac qui comptait beaucoup d’amis parmi les présidents africains parmi lesquels Houphouët Boigny, Ben Ali, Omar Bongo, Denis Sassou NGuesso, etc., enseignait par moments la morale à ses compatriotes afin qu’ils aient le sens de la justice à l’égard des Africains en leur rendant ce qu’ils leur avaient pris. Chirac l’Africain était également très populaire dans le monde arabe.  D’ailleurs, il aura été le meilleur avocat du royaume chérifien pour défendre « la marocanité » du Sahara occidental au conseil de sécurité de l’ONU. Quid de la culture africaine ? L’illustre disparu ne la haïssait point. Loin s’en faut. Il l’affectionnait au point qu’il avait créé, dans la capitale française en 2006, le musée des arts et civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques, qui porte aujourd’hui le nom de Musée du quai Branly-Jacques Chirac. Les Africains se souviendront de lui comme d’un homme qui aura été proche d’eux mais aussi celui qui aura contribué à renforcer la satrapie en Afrique subsaharienne. Cela est d’autant plus vrai que certaines de ses bourdes  ont choqué plus d’un Africain. En effet, pendant que le Bénin était en train d’asseoir les bases de sa démocratie à travers la conférence nationale de 1990, Jacques Chirac déclarait depuis les bords de la lagune Ebrié, que  le multipartisme était « une sorte de luxe pour les pays africains. » C’est dire si le respect de la démocratie et des droits de l’Homme ne constituait pas une priorité pour lui. Les bourdes du genre : « Il faut laisser les présidents africains remporter les élections, sinon ils n’en organiseront plus», ne peuvent qu’étayer cette thèse.  Autant cette grande figure  de la scène politique française était adulée par bon nombre d’Africains, autant Chirac était considéré par beaucoup comme le parfait chef d’orchestre des relations incestueuses entre l’Afrique et la France.  En tout cas, le gaulliste aura tout fait en Afrique sauf chercher à rompre le cordon ombilical. Bien au contraire, la longue liste de ses amis présidents en Afrique, en dit long. Il était considéré comme celui qui savait dire ce que les dictateurs voulaient entendre. Du reste, il était aimé d’eux tous, si bien que d’aucuns n’hésitaient pas à dire, (vrai ou faux) que sa campagne de 1981 a été financée par le Gabonais Omar Bongo.  Même celle de 2002 aurait été également inondée d’argent venant d’Afrique. Est-ce à dire que celles de 1988 et de 1995 l’ont aussi été ? Difficile d’y répondre. C’est un secret qu’il emportera certainement dans sa tombe. En tout état de cause,  Jacques Chirac aura laissé une image positive à la postérité et les nombreux messages de compassion qui continuent d’affluer de par le monde dès l’annonce de sa mort, attestent de l’estime que beaucoup lui portait. Sa disparition est donc une grosse perte pour la France mais aussi pour ses nombreux amis africains.

Dabadi ZOUMBARA

 


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