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DECLARATION DE POLITIQUE GENERALE DU PREMIER MINISTRE


Seuls comptent les résultats ! 

Nommé le 21 janvier dernier en remplacement de Paul Kaba Thiéba, le Premier ministre (PM), Christophe Dabiré, a sacrifié à la tradition en faisant sa Déclaration de politique générale (DPG) devant la Représentation nationale. C’était le 18 février dernier, à l’Assemblée nationale. Une déclaration teintée d’émotions, suivie de débats et soumise au vote des députés. Avec 84 voix pour, 19 contre, 23 abstentions et 1 bulletin nul, le nouveau locataire de la primature a eu l’onction du Parlement pour les actions qu’il compte mener à la tête de l’Exécutif et dont les grandes orientations sont bâties autour de cinq axes principaux : le renforcement de la cohésion sociale, l’instauration d’une gouvernance plus vertueuse, le développement du capital humain, la dynamisation de l’économie nationale et, priorité des priorités, le défi sécuritaire.  

Christophe Dabiré a une claire vision de sa mission et une pleine conscience des défis qui l’attendent 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que dans la forme, malgré les efforts d’allègement, cet exercice reste encore physiquement éprouvant pour « l’impétrant » et son auditoire d’un jour. Principalement à cause de sa longueur. C’est dire toute l’endurance dont a dû faire preuve le septuagénaire nouveau PM, là où certains de ses cadets ont parfois eu besoin, eux aussi, de reprendre leur souffle. A l’avenir, il ne serait peut-être pas superflu d’imaginer une formule plus synthétique, pour faire place aux débats de fond, d’autant que les députés ont à l’avance le document pour s’en imprégner.

Cela dit, à la lumière de sa Déclaration de politique générale, l’on peut retenir, dans le fond, que Christophe Dabiré est dans la continuité de l’action de son prédécesseur qu’il a, du reste, tenu à saluer. Cela n’est pas étonnant puisque cela entre en droite ligne du programme politique du président Roch Marc Christian Kaboré. Maintenant, l’approche peut être différente et c’est ce qui pourrait jouer dans un sens comme dans l’autre, pour le nouveau PM. En tout cas, pour un départ, le sentiment qui se dégage est que Christophe Dabiré a une claire vision de sa mission et une pleine conscience des défis qui l’attendent. En tout état de cause, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il sait où il met les pieds ; en témoigne ce morceau choisi de son discours qui prouve, à souhait, qu’il a su mettre le doigt là où le bât blesse : « … Les Burkinabè demeurent inquiets et insatisfaits de leur vécu quotidien pour des raisons qui tiennent principalement à la dégradation de la sécurité intérieure, à l’effritement de la cohésion sociale, à une gouvernance jugée défaillante et enfin à la portée limitée des effets et impacts de nos politiques publiques ».

Une analyse froide et pleine d’objectivité, de la situation nationale, qui peut être lue comme un diagnostic sans complaisance qui met à nu certaines insuffisances du gouvernement ; toute chose qui lui a manifestement valu la confiance de la majorité des élus nationaux (84 voix pour), au-delà de la majorité présidentielle qui compte 70 députés. Cela est un bon signal.

Le nouveau PM n’est pas en mission pour sauver un quelconque soldat, mais la nation burkinabè aujourd’hui déchirée, meurtrie et menacée dans son existence

Car, si aujourd’hui, le défi sécuritaire reste la préoccupation majeure des populations, il n’en demeure pas moins que les questions de bonne gouvernance, de réduction du train de vie de l’Etat, de relance de l’économie nationale, de réconciliation nationale et de la cohésion sociale, restent, entre autres, autant de chantiers en friche dans lesquels le gouvernement a besoin de s’investir davantage pour rassurer les Burkinabè. Il appartient maintenant au nouveau chef du gouvernement de se montrer à la hauteur de cette confiance et de transformer l’essai, en allant rassurer jusque dans les rangs de ceux qui sont restés sur leur faim face à son discours.

Ceci étant, quelles que soient ses compétences, plus que tout autre chose, Christophe Dabiré a besoin du soutien de ses compatriotes pour réussir sa mission. Surtout dans le domaine sécuritaire qui, comme il a su si bien le relever, est indéniablement aujourd’hui la priorité des priorités, en raison des nombreuses attaques terroristes auxquelles le pays fait face depuis maintenant trois ans. Car, rien ne saurait se faire sans sécurité. C’est pourquoi, quelle que soit leur coloration politique, il est impératif pour les Burkinabè de faire bloc derrière le gouvernement, car c’est la survie même de la Nation qui est aujourd’hui en jeu. Et au point où l’on en est, surtout face au péril terroriste, le nouveau PM n’est pas en mission pour sauver un quelconque soldat, mais la nation burkinabè en quête de mieux-être, mais aujourd’hui déchirée, meurtrie et menacée dans son existence.

En tout état de cause, au-delà des belles paroles, c’est au pied du mur que le maçon Dabiré sera jugé. Seuls comptent les résultats. Après donc le discours, place à l’action. Tout le mal que l’on puisse souhaiter à Christophe Dabiré, c’est de réussir à sortir le pays de l’ornière, car l’heure est grave.

« Le Pays »

 


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