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DEMISSION EN CASCADES DES ENTRAINEURS AU MONDIAL 2014 :A quoi cela répond-il ?


Depuis le 2 juillet, la coupe du monde observe une pause avant les quarts de finale qui démarreront demain vendredi avec un explosif combat qui opposera la France à l’Allemagne à 16h TU, suivi d’un autre match indécis Brésil/Colombie à 20h. A cette étape de la compétition, sur trente-deux équipes au départ, vingt-quatre sont rentrées à la maison pour suivre le reste de la compétition à la télévision. Seuls restent en lice huit équipes latino-américaines et européennes.

 

Maintenant les entraîneurs démissionnent d’eux-mêmes

 

Toutefois, autant des équipes sont rentrées à la maison, autant des entraîneurs ont vu leur aventure s’arrêter après l’élimination de leur équipe. Sont de ceux-là, les entraîneurs Luis Suarez du Honduras, Carlos Queiroz de l’Iran, Alberto Zaccheroni du Japon, Cesare Prandelli de l’Italie, mais aussi de l’Afrique comme Vahid Halilodzic de l’Algérie, Sabri Lamouchi de Côte d’ivoire et Stephen Keshi du Nigeria. Certains Camerounais attendent du reste que Volker Finke en fasse autant, après la pâle copie rendue par ses troupes au Brésil. Si, en la matière, ces derniers ne sont pas des pionniers, l’histoire de la coupe du monde et autres compétitions continentales ayant souvent été émaillée de démissions et de limogeages d’entraîneurs, l’on pourrait quand même s’intéresser à ces démissions en cascade, tant le fait tend à devenir une mode, au regard du nombre de démissionnaires. Avant, l’on procédait à des limogeages. Maintenant ceux sont les entraîneurs qui, eux-mêmes, démissionnent. A quoi cela répond-il ? Pourquoi cette propension à la démission?

En Afrique, la raison la plus souvent avancée, qui revient comme une rengaine, est la bien connue formule d’« insuffisance de résultats » que les fédérations brandissent pour renvoyer leur entraîneur. Aujourd’hui, certains entraîneurs préfèrent prendre les devants en rendant le tablier pour garder une certaine dignité plutôt que d’attendre d’être chassés comme des malpropres quand l’inéluctable saute aux yeux et que leur contrat est même, dans certains cas, arrivé à terme. D’autres attendent d’être limogés pour demander des droits.

 

Dans bien des cas, l’entraîneur est le bouc émissaire tout trouvé

 

 

Mais bien souvent, l’atmosphère est polluée autour d’eux avec de multiples contestations quant à leurs choix tactiques, quand ce n’est pas leur recrutement qui fait polémique, comme ce fut le cas de Sabri Lamouchi qui a succédé à François Zahoui dans des conditions difficiles. Lamouchi n’a jamais bénéficié de circonstances atténuantes aux yeux de certains Ivoiriens. Sa démission n’est donc pas une surprise. Au contraire, elle sonne comme un soulagement, tant ses détracteurs ne lui ont jamais accordé la moindre confiance.

Stephen Keshi, de son côté, a essuyé des critiques souvent acerbes, venant parfois d’anciens coéquipiers comme Jay Jay Okocha. Cela n’a pas empêché le Big Boss de remporter la dernière CAN avec le Nigeria. Il a par la suite, rendu sa démission au lendemain de cette victoire, avant d’être reconduit à la tête de l’équipe jusqu’à ce mondial.

Quant à Vahid, il savoure sa revanche après avoir été fortement critiqué par la presse algérienne pendant plusieurs mois. Comme on le voit, le poste d’entraîneur est un poste exigeant, sensible et parfois ingrat, où les acteurs sont à la lisière de la gloire et de la déchéance. Quand les résultats sont bons, ils sont portés en triomphe. Mais dès lors qu’il y a des contreperformances, ils sont voués aux gémonies et traités de tous les noms d’oiseaux. Ce poste requiert donc compétences techniques et capacités managériales, puisqu’en plus de joueurs talentueux, les entraîneurs ont besoin de sérénité pour travailler. Du reste, les spectateurs et les dirigeants sont devenus exigeants en matière de résultats, alors que dans le même temps, les ingérences, interférences et pressions de toutes sortes ne manquent pas.

Toutefois, en Afrique comme ailleurs, on gagnerait à éviter les éternels recommencements avec cette valse des entraîneurs, et à travailler dans la durée pour éviter l’instabilité des équipes nationales. Bien entendu, il ne s’agit pas de garder des entraîneurs médiocres. Mais dans bien des cas, l’entraîneur est le bouc émissaire tout trouvé pour cacher les tares de certains dirigeants et les failles d’un système qui se délecte parfois de pratiques mafieuses au sein de certaines fédérations. Il faut que cela cesse. Autrement, il ne faudrait pas s’étonner de voir de plus en plus, des entraîneurs assurer leurs arrières en négociant avec d’autres fédérations pendant que leur contrat court toujours avec un premier employeur, ou en montant les enchères pendant qu’ils ont le vent en poupe.

 

Outélé KEITA

 

 

 


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