HomeFocusDLAMINI ZUMA ET L’ALTERNANCE EN AFRIQUE :Elle a manqué l’occasion de se taire

DLAMINI ZUMA ET L’ALTERNANCE EN AFRIQUE :Elle a manqué l’occasion de se taire


L’alternance démocratique fait-elle vraiment l’affaire de la présidente de la Commission de l’Union Africaine (UA) ? Pas si sûr. 

A la question de savoir si au bout de 20 ans, un chef d’Etat doit partir ou non, celle-ci a déclaré à RFI (Radio France internationale) qu’en Allemagne par exemple, « la Constitution ne fixe aucune limitation au nombre de mandats du chancelier. C’est le peuple qui décide. Je ne crois pas que la Constitution allemande soit méprisable parce que le chancelier peut faire trois ou quatre mandats. Le jour où les Allemands ne seront plus d’accord avec ces dispositions, ils la changeront ».

La présidente de la Commission de l’UA devrait s’attacher à nuancer les choses, car les contextes sont différents.

 

Dlamini-Zuma donne l’impression d’avoir choisi de faire plaisir au syndicat des Chefs d’Etat

 

En Occident, les peuples ont un niveau d’instruction généralement plus élevé. Et surtout, un environnement de grande liberté de choix et de prise de décision. En Afrique, par contre, le niveau d’instruction est faible ; la pauvreté, les pesanteurs socioculturelles et les pressions multiformes, handicapent sérieusement la marche de la démocratie. En cela, les propos hors contexte de Nkosazana Dlamini-Zuma sont déplacés. Les phrases de la présidente de la Commission de l’UA sont dangereuses, eu égard à la lutte des peuples africains contre les dictatures qui foisonnent d’un bout à l’autre du continent.

 C’est la première fois qu’une femme africaine accède à un tel niveau de responsabilité. Or, depuis le départ du Malien Alpha Oumar Konaré de la tête de l’organisation, l’UA souffre d’un manque patent de leadership. La patronne de l’UA ne semble point faire de corrélation entre la longévité au pouvoir et les conflits qui essaiment le continent. Nkosazana Dlamini-Zuma donne même l’impression d’avoir plutôt choisi de faire plaisir au syndicat des Chefs d’Etat. Pourtant, la plupart n’aspirent qu’à s’accrocher au pouvoir, à assurer leurs arrières ainsi que ceux de leurs proches. Par ses prises de positions et ses maladresses, la présidente de la Commission de l’UA prend le risque de se détourner des intérêts des peuples en quête de liberté démocratique, et surtout d’alternance. Sa dernière sortie est d’autant plus malheureuse que la présidente de la Commission de l’UA a fait de l’Angola une référence ; ceci, en dépit de ce qui s’y passe.

Devant l’OCDE, elle a vanté les mérites du régime angolais, en brandissant  certains résultats économiques. Interpellée alors par nos confrères quant à l’éventualité, dans ce cas, de maintenir au pouvoir un président comme José Eduardo Dos Santos aussi longtemps qu’il le voudrait, Nkosazana Dlamini-Zuma a voulu « situer sa réponse dans son contexte ». « L’Afrique australe totalise cinq élections cette année. Le président du Malawi a déjà été changé ; celui d’Afrique du Sud a été réélu, mais c’est son dernier mandat. Il ne pourra pas se représenter. Au Mozambique, le président arrive au bout de son second mandat, et l’on va élire quelqu’un d’autre. »

 

Dlamini-Zuma a encouragé de manière implicite les dictatures du continent

 

La présidente de la Commission de l’UA dit avoir cité l’Angola, parce que « ce pays a respecté les règles de sa Constitution ». Certes, le président est au pouvoir depuis longtemps, mais « il y a eu la guerre qu’il a fini par gagner. Puis il a été élu démocratiquement ». Elle feint d’oublier qu’en aucun cas, le pouvoir de Dos Santos ne saurait être cité comme un exemple d’alternance démocratique vraie. Encore moins celui du Zimbabwe, même si l’Afrique leur reconnaît cette ardeur au combat patriotique ayant conduit à l’indépendance nationale, et au soutien ayant conduit à la victoire sur l’apartheid et donc à la libération de l’Afrique du Sud en particulier. On ne peut faire la promotion de ces valeurs, et en assurer la défense, en fermant continuellement les yeux sur les excès des dictateurs.

Les propos de la présidente de la Commission de l’Union Africaine sont une insulte à l’endroit de l’Afrique et des Africains. Ce, d’autant que son propre pays et le Ghana sont jusque-là de bons exemples d’alternance démocratique. Les performances du Ghana en particulier, n’ont pas empêché l’élite politique de ce pays, de prendre faits et causes pour l’alternance, et de la concrétiser. Nkosazana Dlamini-Zuma préparerait-elle les esprits à un éventuel maintien au pouvoir de son ex-mari à la tête de l’Afrique du Sud après son second mandat ? A moins de prêcher pour sa propre chapelle, puisqu’elle se trouve à mi-parcours de son mandat. Nkosazana Dlamini-Zuma doit éviter de se laisser aveugler par le devoir de reconnaissance envers certains pays ou Chefs d’Etat, au point de sacrifier l’intérêt des peuples africains. Il y a trop de manquements graves sur ce continent, et les médias ne cessent de le rappeler. C’est pourquoi la présidente de l’UA doit apprendre à se départir des prises de  positions et des commentaires qui prêtent à équivoque. En prêtant continuellement le flanc, elle compromet les chances d’autres sœurs compétentes dans les structures inter-africaines.

Pour l’heure, force est de reconnaître que la sortie de la présidente de la Commission de l’UA dessert sérieusement la cause de la démocratie et de l’alternance en Afrique. Encore une fois, elle a manqué l’occasion de se taire. De nouveau, Nkosazana Dlamini-Zuma a superbement ignoré et méprisé les peuples africains, et encouragé de manière implicite les dictatures qui gouvernent bien des pays du continent.

 

« Le Pays »


Comments
  • Elle a parlé au hasard sans vraiment le prendre au sérieux. Et ce n’est pas étonnant de la femme d’un analphabète comme Mr Jacob Zuma

    9 octobre 2014

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