HomeA la uneIBK CHEZ HOLLANDE : Mettre fin à la politique du surplace

IBK CHEZ HOLLANDE : Mettre fin à la politique du surplace


 

Entamée le 20 octobre dernier, la visite d’Etat du président Ibrahim Boubacar Keita (IBK) en France, s’achève aujourd’hui avec l’ouverture d’une conférence des bailleurs de fonds sur la relance économique du Mali et un déplacement du président malien au cimetière de Douaumont, dans l’Est de la France, pour rendre hommage à des soldats maliens tombés au cours de la Première Guerre mondiale, et au nombre desquels figure l’arrière-grand-père du premier des Maliens.  Mais, au-delà du renforcement de la coopération économique qui verra Paris délier une fois de plus les cordons de la bourse pour une de ses ex-colonies (une enveloppe de 300 millions d’euros  en prêts et en dons est annoncée à cet effet), ce sont les questions politiques, en l’occurrence l’accompagnement par l’Elysée du processus de paix entre Bamako et les groupes rebelles du Nord, qui cristallise le plus l’attention des Maliens. Et c’est de bonne guerre car il est bien connu que sans la paix, aucun développement n’est possible. Et depuis trois ans qu’IBK court après cette paix introuvable pour son pays, il faut espérer qu’il dise, droit dans les yeux à son homologue français, ce qu’il pense tout bas et qu’il n’a peut-être jamais osé dire tout haut, ce qu’il pense de la gestion de cette crise par l’Elysée, pour en finir une fois pour toute, avec le surplace et la situation de ni paix ni guerre hautement préjudiciable à toute véritable action de paix et de développement au Nord-Mali. En témoignent les bisbilles survenues, le 19 octobre dernier, entre la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et les autorités de Bamako autour de la rentrée scolaire à Kidal. En tout cas, par rapport à cette question du Nord-Mali, beaucoup de voix s’élèvent pour dénoncer l’ambiguïté de la position de la France, soupçonnée d’accointances avec les rebelles du MNLA.

Même si l’on déversait tout l’or du monde au Nord-Mali, les groupes rebelles ne renonceraient jamais à leur projet d’Azawad

Et c’est là où Bamako peut avoir besoin que la France clarifie sa position, par un soutien affiché et sans faille à l’autorité centrale qu’elle incarne. Cela est nécessaire. Car, seule la vérité et la fermeté peuvent faire prospérer toutes les démarches entreprises  en vue d’un retour définitif de la paix au Mali. En cela, autant les relations entre les protagonistes de la crise malienne ont besoin de sincérité, autant les relations entre le Mali et la France ont besoin de franchise. Et si la présence de tous les signataires de l’accord de paix y compris les rebelles du Nord-Mali, à Paris lors de cette visite d’Etat du président IBK, peut paraître opportune pour les besoins de la cause, elle traduit toutefois la crise de confiance entre les protagonistes, qui pèse comme une chape de plomb sur le processus de paix. Cette présence pourrait aussi expliquer pourquoi ce processus de paix peine à enregistrer véritablement des avancées significatives sur le terrain. En tout état de cause, Hollande devrait trouver les mots justes pour rassurer IBK et permettre une meilleure lisibilité de la position de la France dans la crise malienne. Car, même en temps normal, Paris est un partenaire incontournable pour Bamako. A fortiori en cette période où le pays est confronté à la plus grave crise de son histoire, en passe de mettre à mal la cohésion de la nation et l’intégrité territoriale du pays. La paix soutient le développement, c’est connu. Un développement qui devrait profiter aussi bien aux Maliens du Sud qu’à ceux du Nord. Malheureusement, tout porte à croire que malgré tous les efforts déployés et toute l’aide déversée au Nord-Mali et dont d’autres régions pourraient être jalouses,  tous les agissements de la CMA sont mus uniquement par des velléités indépendantistes. Si fait que même si l’on y déversait tout l’or du monde, ces groupes rebelles ne renonceraient jamais à leur projet d’Azawad. Alors, qui mieux que la France pour leur faire entendre raison ? En tout cas, ce ne sont pas les moyens de pression qui manquent à l’Elysée.

Outélé KEITA


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