HomeA la uneINVESTITURE DU PRESIDENT IVOIRIEN : C’est maintenant que l’on verra le vrai visage de ADO

INVESTITURE DU PRESIDENT IVOIRIEN : C’est maintenant que l’on verra le vrai visage de ADO


 

Hier, 3 novembre 2015, a eu lieu l’investiture du président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara (ADO), en présence du président sénégalais Macky Sall, président en exercice de la CEDEAO, et du président Yayi Boni, président en exercice de l’UEMOA. Et ce, dans la foulée de la confirmation, la veille, des résultats du scrutin du 25 octobre dernier par le Conseil constitutionnel. Avec cette dernière étape, l’on peut dire que l’élection présidentielle est désormais bouclée en Eburnie. Finalement, il y a eu plus de peur que de mal, quand on se rappelle les gros nuages qui s’amoncelaient dans le ciel, sur les bords de la lagune Ebrié, peu avant le scrutin. Faisant craindre la tragédie de 2010 encore fraîche dans les mémoires. Au bout du compte, les Ivoiriens ont réussi à vaincre le signe indien, et c’est tout à l’honneur de la classe politique qui aura su, malgré tout, faire preuve de patriotisme et de hauteur de vue, en privilégiant les voies légales de contestation, au recours à la rue. En témoignent les requêtes du candidat du Lider, Mamadou Koulibaly, devant le Conseil constitutionnel, même s’il n’a pas eu gain de cause.

ADO est attendu au tournant

En tout état de cause, tous ces actes témoignent de la maturité de la classe politique ivoirienne qui a montré son attachement à la paix, à travers la disposition d’esprit des principaux acteurs à inscrire leur action dans un cadre républicain. Cela est bon pour la démocratie. Il faut maintenant espérer qu’avec ce dénouement pacifique, la Côte d’ivoire tourne définitivement le dos à la violence électorale. Pour cela, il faudrait que les différents protagonistes dépassent le cap de l’animosité et s’illustrent  en véritables adversaires et non en ennemis politiques. Toutefois, en dépit des insuffisances de son premier mandat, ADO peut s’enorgueillir d’avoir placé son pays sur le chemin de la normalisation du processus électoral, quand on voit ce qu’il en été avec ses prédécesseurs Robert Guéi et Laurent Gbagbo. Place donc au deuxième et, en principe, dernier mandat du président ADO qui entame un autre quinquennat plein de défis, tant les aspirations du peuple ivoirien sont loin d’avoir été entièrement satisfaites. Et c’est maintenant que l’on devrait voir le vrai visage d’ADO. Lui qui, désormais débarrassé de tout  fardeau, devrait se donner les coudées franches pour travailler à marquer à jamais de son empreinte, l’histoire de la Côte d’ivoire. En tout cas, il est attendu au tournant, aussi bien par ses alliés que par ses adversaires. Pour ses alliés du RHDP, notamment le PDCI, il est attendu au pied du mur par rapport à la concrétisation de sa promesse de rotation et de soutien réciproque des candidatures à la magistrature suprême, entre son parti le RDR et le parti du pachyderme. Quand on sait que le soutien de ce principal allié lui a permis de s’installer au palais de Cocody , point n’est besoin de rappeler qu’ADO a contracté là une dette morale qu’il a obligation d’honorer. Car, le PDCI s’attend logiquement à un retour d’ascenseur, du moins si la configuration de l’échiquier politique ivoirien devait rester en l’état. Et même en cas de fusion des deux partis, le problème n’en resterait pas moins posé, pour une question d’éthique. Le président ivoirien se voit donc quelque peu prisonnier de ce serment. ADO va-t-il respecter la parole donnée? Ne succombera-t-il pas à la tentation d’un troisième mandat ? L’histoire le dira. Pour l’instant, c’est  son honneur qui est en jeu, d’autant plus que son allié, Bédié, a, lui, joué sa partition dans le gentlemen agreement qui les lie. ADO a donc tout intérêt à se montrer à la hauteur de la confiance de son allié. Si tant est qu’il ne veuille pas se discréditer complètement aux yeux de ses compatriotes, en donnant raison à ses détracteurs qui, en la matière, doutent de sa bonne foi. Et puis, le non- respect de sa parole pourrait être préjudiciable au RDR, s’il venait à perdre la confiance d’un allié de poids comme le PDCI. Mais l’on a la faiblesse de croire que ADO ne franchira pas le Rubicon, surtout dans ce contexte où l’Afrique s’achemine petit à petit vers la condamnation des troisièmes mandats qui risquent de faire, d’ici là, la honte de tous ceux qui y auraient recours.

ADO aurait tort de ne pas tenir compte des 47% d’Ivoiriens qui ne sont pas allés aux urnes

 

Quant à ses adversaires, ils l’attendent sur les sujets qui ont fait la faiblesse du bilan de son premier mandat, notamment les questions de justice et de réconciliation nationale. ADO aura-t-il le courage de poser les actes que l’on attend de lui, en faisant répondre devant les tribunaux ceux de ses partisans qui se sont aussi rendus coupables des pires exactions pendant la crise post-électorale de 2010 ? Si c’est le prix de la réconciliation, il ne devrait pas un seul instant hésiter à le payer d’autant plus qu’il est à son dernier mandat constitutionnel. En outre, s’il veut que son nom survive à son deuxième mandat, il devra poser des actes à même de renforcer la cohésion sociale ou de poser les jalons d’une nation forte et unie. Cela passe par des actes forts, même s’ils doivent être le fruit de choix cornéliens. De ce fait, ADO aurait tort de ne pas tenir compte des 47% d’Ivoiriens qui ne sont pas allés aux urnes, même si l’on ne peut pas tous les considérer comme des anti-Ouattara. En tout état de cause, des décisions qu’il prendra et des actes qu’il posera, l’on saura s’il veut réellement être  le président de tous les Ivoiriens ou seulement celui de ceux qui lui ont accordé leur suffrage. Quant à l’opposition, elle doit tirer toutes les conséquences de son échec électoral.

« Le Pays »


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