HomeA la uneLEVEE DU MANDAT D’ARRET CONTRE GUILLAUME SORO : Hommes politiques, activistes de la société civile et citoyens burkinabè réagissent  

LEVEE DU MANDAT D’ARRET CONTRE GUILLAUME SORO : Hommes politiques, activistes de la société civile et citoyens burkinabè réagissent  


 

Le mandat d’arrêt contre Guillaume Soro ne sera pas relancé. Ainsi en a décidé le Commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire de Ouagadougou, Alioun Zanré, au cours d’une conférence de presse qu’il a animée le 6 juin dernier. Ainsi donc, le Burkina opte pour la procédure de dénonciation. Il demande à la Justice ivoirienne de poursuivre le  président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, dans l’affaire du putsch manqué du 16 septembre 2015. Qu’en pensent les Hommes politiques, les leaders des Organisations de la société civile et le citoyen lambda ? Pour en savoir, nous  leur avons tendu notre micro. Lisez !

 

MAQUETTE TIEMTORE ISSOUF

Chrysogone Zougmoré, président du MBDHP: « Le peuple attend la vérité et la justice »

« Nous avons appris que le mandat d’arrêt contre Guillaume Soro ne sera pas relancé. Mais ce qui est important pour nous, c’est le dénouement, notamment le verdict du dossier du putsch manqué du 16 septembre 2015 qui a coûté la vie à beaucoup de Burkinabè. Mandat d’arrêt ou pas à l’encontre du président de l’Assemblée nationale ivoirienne, le peuple attend la vérité. Il attend que justice soit rendue à toutes les victimes du coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015. Nous, nous restons mobilisés pour que cette justice soit rendue afin que tous ceux qui, de près ou de loin, ont apporté leur soutien aux putschistes, soient punis à la hauteur de leurs forfaits ».

MAQUETTE TIEMTORE ISSOUFRabi Yaméogo, porte-parole de l’UPC : « Nous interpellons les OSC, les forces politiques et toutes les couches sociales à dire non à l’immixtion du MPP dans nos instances judiciaires »

«Notre parti politique, l’Union pour le progrès et le changement (UPC), s’est déjà prononcé par la voix de son secrétariat exécutif national sur cette affaire de mandat d’arrêt contre Guillaume Soro, avant même que le commissaire du gouvernement n’anime sa conférence de presse. Nous avons attiré l’attention du peuple burkinabè sur l’immixtion du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) dans les instances judiciaires du pays. Donc, on ne peut que se réjouir pour  n’avoir pas prêché dans le désert. Car ce qui a été dit par le commissaire du gouvernement, ne nous étonne pas (…). Il revient au peuple burkinabè d’apprécier. Mais à l’UPC, nous comptons nous concerter pour apporter davantage notre appréciation. Nous allons animer une conférence de presse dans les jours à venir pour soutenir la déclaration que nous avons publiée dans la presse nationale. Lorsque nous avons fait cette déclaration,  les gens ont pensé que nous étions en train de tirer à boulets rouges sur le MPP. Pourtant, nous défendons des causes justes et nobles.  Nous avons eu écho de la chose avant même que le commissaire du gouvernement ne le dise à la presse. Nous n’apprécions pas les faits quand ils se produisent. Nous les apprécions quand nous les sentons venir et nous sommes dans notre  rôle qui est celui d’attirer l’attention du peuple burkinabè. C’est pourquoi nous tirons la sonnette d’alarme sur l’instrumentalisation de notre Justice. Ce n’est qu’un premier élément. Il y a beaucoup de choses qui vont venir et qui vont étonner les Burkinabè non avisés. Mais nous, nous resterons sereins et nous allons les dénoncer chaque fois qu’il sera nécessaire. Nous interpellons les OSC, les forces politiques et toutes les couches sociales à dire non à l’immixtion du parti au pouvoir dans nos instances judiciaires».

MAQUETTE TIEMTORE ISSOUF

Achille Tapsoba,  président par intérim du CDP: « C’est l’arbitraire qui a été remis en cause »

«Dans toute justice, y compris celle du Burkina, ce qui est fondamental, c’est le respect des normes et règles du droit. Il faut prendre en compte tous les paramètres car la justice ne peut s’opérer que lorsqu’elle épouse les principes judiciaires. Pour ce faire, tout ce qui est arbitraire au niveau de la Justice finit par être repris et par être corrigé. C’est pourquoi il faut éviter l’arbitraire. En toute justice, il y a des textes qui permettent de dire le droit. Tout ce qui est posé comme acte en justice doit avoir un fondement rationnel. Il ne faut pas que cela se pose sur des appréciations hâtives et personnelles. Il ne faut pas qu’une décision de justice soit fondée sur des ordres ou sur l’inéquité. C’est ce qui nous permet de dire,  par rapport au mandat d’arrêt contre Guillaume Soro, que c’est cet arbitraire qui n’a pas respecté tous les paramètres de la justice qui a été remis en cause. C’est vraiment sage de la part du commissaire du gouvernement d’avoir accepté de remettre en cause ce mandat d’arrêt car celui-ci n’était  fondé sur aucune base sérieuse. Le droit est fondé sur la raison. La raison établit les vérités et les vérités reposent sur ce qui est clair et démontrable. Ici, on est parti des  écoutes téléphoniques  pour fonder une mise en accusation qui s’est terminée par un mandat d’arrêt. Tout cela, sans avoir pris le temps de considérer la justesse de la base sur laquelle on établit la mise en accusation.  C’est pourquoi, je souhaite que la Justice puisse jouer toujours son rôle régalien pour  que les institutions de l’Etat puissent être respectées. La séparation des pouvoirs ne veut pas dire la méconnaissance du pouvoir. C’est juste pour garantir l’indépendance de chaque pouvoir ; ce n’est pas pour que chaque pouvoir conteste les décisions de l’autre. Tout cela demande une parfaite harmonie. Je souhaite que la Justice poursuive son chemin afin que là où il y a eu des erreurs, elle puisse se corriger».

DSC_1055

Marcel Tankoano, président du M21 : « C’est le peuple burkinabè qui sort bredouilles dans cette affaire »

 « Nous apprécions et prenons acte de ce que le commissaire du gouvernement a dit lors de la conférence de presse qu’il a animée le 6 juin dernier. Si aujourd’hui, c’est la voie diplomatique qui est privilégiée, nous prenons aussi acte. Dans tous les cas, c’est le peuple burkinabè qui sort bredouilles de cette affaire. Un coup d’Etat a été perpétré et il y a eu des gens qui ont été tués. C’est pourquoi le peuple réclame aujourd’hui justice pour les victimes. Si les autorités actuelles se rendent compte qu’elles ne peuvent rien faire dans ce sens-là, nous le regrettons. Quoi qu’on dise, le peuple burkinabè a versé du sang  pour barrer la route aux putschistes, car beaucoup de personnes sont tombées et d’autres en portent toujours les séquelles. Au regard de cela, on devrait s’attendre à un autre dénouement de cette affaire. C’est vrai qu’il y a eu des coups de fil et que jusque-là, on n’a pas pu authentifier ces écoutes. Mais, cela ne veut pas dire que les choses doivent s’arrêter là. Que vont dire les parents des victimes ? Nous regrettons cette situation et nous prenons acte ».

MAQUETTE TIEMTORE ISSOUF

Kassoum Ouattara, président du MOCER : « C’était mieux de laisser la procédure judiciaire aboutir pour donner un bel exemple à l’indépendance de notre Justice »

 « Au tout début, quand le régime de Roch Marc Christian Kaboré est arrivé, on sentait déjà que les choses n’iraient pas loin. Juste après son investiture, le Président du Faso s’est dédouané de cette affaire de mandat d’arrêt contre Guillaume Soro  en disant que celui-ci avait été lancé avant qu’il ne prenne les rênes du pays. Ce qui signifiait déjà qu’il n’y avait pas une implication sérieuse des premières autorités dans l’aboutissement de cette affaire. Elles ont préféré résoudre les choses par la voie diplomatique et on sentait déjà venir les choses avec le déplacement de la délégation burkinabè en Côte d’Ivoire avec à sa tête Salifou Diallo. Ce qui n’est pas intéressant. C’est vrai que c’était un peu  maladroit de la part des autorités de la Transition de lancer un mandat d’arrêt contre une autorité d’un pays sans avoir réuni les preuves nécessaires contre elle. Quoi qu’on dise, on parle de Guillaume Soro en tant qu’individu et non de la Côte d’Ivoire. Donc, c’était mieux de laisser la procédure judiciaire aboutir pour donner un bel exemple à la démocratie et à l’indépendance de notre Justice».

smock-2921158-jpg_2555205

Serge Bambara alias Smockey : « Le régime de Roch Marc Christian Kaboré est en train de s’écarter des objectifs pour lesquels il a été élu par le peuple burkinabè insurgé »

« C’est intolérable. C’est inadmissible, car nous avons toujours dénoncé l’immixtion du politique dans la Justice. Quand on parle de cela, les gens trouvent qu’on exagère. Pourtant, c’est ce qui est en train de se passer. Sinon, on ne peut pas comprendre que ces conclusions soient tirées alors qu’on nous disait qu’après la suspension des deux mandats pour vice de forme, tout allait revenir à la norme avec des corrections. On a l’impression que le régime de Roch Marc Christian Kaboré est en train de rouler le peuple dans la farine. Cela n’augure pas de bonnes choses pour le pays parce que cela va forger l’opinion publique à s’opposer à la direction que ce gouvernement est en train de lui présenter. Le programme de Roch Marc Christian Kaboré dit tenir compte de la séparation de l’Exécutif, du Judiciaire et du Législatif. Mais, on remarque que ce gouvernement est en train de noyer le poisson dans l’eau. Le régime de Roch Marc Christian Kaboré est en train de s’écarter des objectifs pour lesquels il a été élu par le peuple burkinabè insurgé ».

Harouna Kaboré, journaliste à la télévision BF1 : « Cela relève de l’incohérence de la Justice militaire »

« La Côte d’Ivoire et le Burkina sont deux pays frères liés par l’histoire. Ces deux pays sont aussi liés, tant sur le plan social qu’économique. Contribuer à l’apaisement des tensions entre ces deux pays, est une bonne chose. Mais, il ne faut pas que cela inhibe  les décisions des instances judiciaires. C’est ce qui arrive au Burkina avec l’annulation du mandat d’arrêt contre Guillaume Soro. Cela relève de l’incohérence de la Justice militaire qui, faut-il le rappeler, avait pris l’engagement de pendre les dispositions  qui seyent pour relancer ce mandat.  Si les gens ont donné de la voix entre-temps sur cette affaire d’écoutes téléphoniques, c’est parce qu’ils voulaient que lumière soit faite. Ils ne voulaient pas forcément que les autorités judiciaires relancent le mandat d’arrêt, mais qu’elles soient conséquentes sur cette affaire. Qu’elles disent si vraiment ces écoutes téléphoniques sont authentiques ».

Hamado Tidjani Derra, Secrétaire national aux affaires institutionnelles de la NAFA : « Nous en prenons acte »

« Nous avons appris la nouvelle dans la presse. Le premier mandat qui avait été lancé en décembre 2015 avait été annulé selon les spécialistes pour vice de forme. Cette fois-ci, le gouvernement est sorti annoncer que le mandat ne sera plus lancé. Nous en prenons acte. Si vous avez remarqué, depuis l’engagement des poursuites judiciaires dans le cas du putsch manqué du 16 septembre 2015, nous, militants de la NAFA, sommes restés réservés. Pour  nous, c’est à la Justice de tirer au clair cette affaire. Si le général Djibrill Bassolé est impliqué, la Justice le dira en apportant tous les éléments de  preuves. Nous sommes optimistes car la  Justice dira le droit ».

Ouanoma Albert Nakoulma, secrétaire national adjoint chargé de la jeunesse de l’UNIR/PS:  « Cette décision de non relance est inadmissible »

Le commissaire du gouvernement avait fait comprendre à l’opinion que les mandats d’arrêt avaient été annulés pour vice de forme et que dans les jours à venir ces mandats allaient être relancés, une fois l’erreur judiciaire corrigée. Mais c’est avec une grande stupéfaction que nous avons appris à travers le nouveau commissaire du gouvernement que désormais les mandats d’arrêt ont été annulés de façon définitive. Pour un pays comme le Burkina où il est impératif de repanser les plaies à travers la Justice, annuler ces mandats d’arrêt est inacceptable dans la mesure où les autorités qui sont impliquées dans le coup d’Etat manqué, notamment Guillaume Soro et l’ex-président  Blaise Compaoré, bénéficient d’une prime à l’impunité. Or, des personnes sont mortes pour que triomphent la liberté et la justice. Donc, nous interpellons les autorités du Burkina à prendre à bras-le-corps la question de la justice. Parce que le président Kaboré, lors de son investiture, avait promis de garantir la justice à tous les Burkinabè. S’il s’avère que cette décision a été prise afin de préserver les liens d’amitié entre les deux pays, nous dirons que cela n’a pas de sens, car les relations qui lient ces deux pays ne sont pas des questions d’individus, mais plutôt de nations.

Mme Daboné : « Pour des questions de paix et de stabilité, nous devons faire l’effort d’accepter la décision»

Si cette décision a été prise pour faire en sorte que les choses soient gérées de façon diplomatique, cela veut dire que les autorités burkinabè  ont aussi leur raison qui est peut-être de préserver la paix dans les deux pays. C’est normal que cela nous fasse mal en tant que citoyens d’un Etat souverain, qui s’aperçoivent  qu’une personne d’une autre nationalité prend plaisir à déstabiliser notre pays. On a aussi le devoir de se défendre, mais pour des questions de paix et de stabilité, nous devons faire l’effort et accepter la décision de la Justice. Nous pensons aussi que nos autorités, en prenant cette décision, sont aussi conscientes et nous devons croire en elles, car elles ne feront rien qui aille à l’encontre des intérêts du pays.  Même si désormais, c’est l’Etat ivoirien qui se chargera de cette affaire. On sait que la Justice ivoirienne ne va pas livrer Guillaume Soro si toutefois il était coupable.

Ibrahim Ouattara, comptable : « Il n’y a pas de preuves palpables contre Guillaume Soro »

Le mandat d’arrêt lancé contre Guillaume Soro était déjà voué à l’échec dès le départ, car il n’y a pas de preuves palpables contre lui. Je pense que ce serait mieux que les uns et les autres mettent balle à terre pour qu’on puisse travailler pour un Burkina nouveau et de paix.

Abraham Badolo, président de l’Alliance pour la défense de la patrie (ADP) : « C’est une décision sage de la part de la Justice burkinabè »

C’est l’ancien Premier ministre Yacouba Isaac Zida qui a orchestré le mandat d’arrêt contre le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro. C’est un mandat qui a été lancé à l’époque sans l’avis du nouveau président Roch Marc Christian Kaboré qui venait d’être élu. Donc, cette décision de la Justice burkinabè était attendue. Aussi, il n’y a pas de preuves assez tangibles pour incriminer Guilllaume Soro, les écoutes n’ayant pas été authentifiées ; donc c’est un doute total. Les réflexions n’ont pas été bien muries avant que  le mandat d’arrêt soit lancé. Or, la logique voudrait que les écoutes soient authentifiées et expertisées avant que le mandat soit lancé, mais cela n’a pas été le cas. C’est vrai que justice doit être rendue à ceux qui sont tombés lors de ce coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015, mais il ne faudrait pas qu’en leur rendant justice, qu’on travaille à mettre à mal nos relations avec d’autres pays sans avoir la preuve de la culpabilité de leurs ressortissants.

Rachidatou Ouédraogo : « Nous saluons la décision de la Justice »

 

Pour la paix dans notre pays et celle dans notre pays frère qu’est la Côte d’Ivoire, nous saluons cette décision d’annulation définitive de ce mandat d’arrêt. Si ce mandat d’arrêt avait été mis à exécution, nos relations avec ce pays voisin allaient se détériorer. En plus, il n’y a pas de preuves que le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, a participé à ce coup d’Etat manqué du 16 septembre.

Djibril Diallo, étudiant en Anglais : « Cette décision de la Justice est une bonne chose »

 

L’annulation définitive de ce mandat contre le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, ne devait pas surprendre les Burkinabè, d’autant plus que notre Justice est celle des riches et non des sans voix. Mais, nous pouvons aussi souligner que cette annulation définitive  est tout de même une bonne chose, car si ce mandat d’arrêt avait été exécuté, cela pouvait engendrer des situations qui allaitent nuire aux relations qu’entretiennent les deux pays.

Mamouda TANKOANO et Valérie TIANHOU


No Comments

Leave A Comment