HomeA la uneLUTTE CONTRE LE TERRORISTE AU BURKINA : Me Herman Yaméogo pour une Conférence nationale spécifique

LUTTE CONTRE LE TERRORISTE AU BURKINA : Me Herman Yaméogo pour une Conférence nationale spécifique


Ceci est une réflexion de Me Hermann Yaméogo sur la lutte contre le terrorisme. Dans les lignes qui suivent, il fait des propositions pour mieux cerner et combattre le phénomène terroriste. Lisez plutôt !

Demandons la pause de la conférence nationale, pour élaborer et adopter une stratégie de consensus national autour:
– de la lutte globale contre le terrorisme,
-du secours aux territoires menacés,
-de la protection des populations maltraitées et massacrées,
– de la valorisation de la concitoyenneté.
Si on la demande bien pour renouveler les fondations de l’Etat ou de nombre de ses secteurs particuliers, pourquoi ne le ferions-nous pas, pour doter le pays des capacités, motivations et instruments adéquats pouvant mieux aider à bouter hors de nos frontières les terroristes ?

Pourquoi ne pas, en chapeau au Conseil de Défense et de Sécurité Nationale, décider en conséquence de la convocation d’une conférence nationale spécifique de défense et de sécurité ?
Superfétatoire ? Non. Elle interviendrait de façon plus inclusive et globalisante que ces initiatives passées, venant d’abord:
-Du forum national sur la sécurité, sorte de rencontre de plusieurs experts, chefs militaires, responsables de la police et de la gendarmerie, représentants des différentes couches de la société ayant eu pour ambition de proposer des solutions structurantes et performantes contre l’insécurité grandissante dans le pays.
Venant ensuite:
-Des députés qui, de leur côté, ont présenté un plan d’urgence pour la restauration de la sécurité dans le pays, construit autour de quatorze recommandations. Celles-ci concernant notamment, l’adoption d’un plan spécial de soutien aux armées, le renforcement des dispositifs de défense et de sécurité ainsi que la réintroduction de la formation militaire pour les jeunes.
Des parlementaires qui recommanderont également la prise en charge des familles de victimes des attaques terroristes.
L’absence d’impacts réels sur les données de la guerre et sur les fragilisations en accentuation de la cohésion sociale, conclut naturellement à l’insuffisance ou à l’inadaptation des mesures issues de ces offres de mobilisation contre l’insécurité et la guerre.
Le manque de réelles inclusions et de décisions favorisant le préalable de l’union sacrée, seront retenus parmi les éléments principaux ayant privé ces initiatives de toutes résonances et adhésions populaires véritables.
Ce ne sont pas là, les moindres des lacunes, s’agissant d’un défi collectif de société comme la guerre, qui commande l’union sacrée.
Union sacrée, illustrée par l’historique sursaut patriotique qui a immortalisé ce mouvement fusionnel dont les Français, toutes tendances (politiques, sociales, religieuses…) confondues, ont fait montre lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale.
Cet exemple de rapprochement salvateur qui a soudé tout un peuple n’a pu dépasser ses aspects incantatoires et velléitaires, qu’en se fortifiant de certaines mesures de décrispations, et particulièrement en faveur du clergé, avec la réconciliation réalisée entre la France catholique jusqu’alors frappée de bannissement, écartée de responsabilités, et l’Etat laïc et républicain. Ceci étant relevé pour battre en brèche la théorie de l’union sacrée suis generis, automatique et sans adjuvants, professée et ordonnée par certains qui critiquent que l’on soutienne que l’union sacrée ne se décrète pas, et qu’elle est d’autant plus vivante qu’elle est portée par des actes de décrispation et de réconciliation.
C’est comme ça que toute guerre populaire véritable ou qui y aspire devient une affaire du peuple.
Georges Clemenceau a dit : «La guerre est une chose trop grave pour être confiée à des militaires». Si ce dicton dont la fortune est maintenant faite, veut induire que les politiques seraient de meilleures engeances pour y faire face, alors stop, car la même remarque peut leur être retournée.
Oui, «la guerre est une chose trop grave pour n’être confiée qu’à des politiques».
En fait, la gravité de la chose se vérifiant à ses effets sur la population dans tous ses segments et différenciations, suggèrerait qu’au-delà des militaires et des politiques, les citoyens y soient associés (sans filtrages ni récupérations), pas seulement comme contribuables ou chairs à canon, mais aussi comme décideurs.
En effet, si la concitoyenneté, celle ayant valeur d’entraide et de fraternité habite encore les Burkinabè, si les gouvernants ont conscience que le maintien dans la République de toutes les parties du territoire est une obligation qui engage leur responsabilité pénale et politique, si pour tous, les ambitions politiques peuvent et doivent par moments céder la place aux ambitions nationales, alors, face au sort qui est celui des compatriotes du Nord, de l’Est et qui tend insidieusement à être aussi celui de ceux du Sud-Ouest et de la Boucle du Mouhoun voire du Centre-Est, la conscience nationale devrait se révulser. Elle devrait, devant l’état d’abandon et de privation de ces territoires et de leurs habitants, des protections et solidarités minimales qui leur sont dues par la république, rappeler cette dernière à ses devoirs primaires et sonner l’hallali contre les terroristes.
Le fait est là, et ce n’est pas être apatride ou agir contre le moral des troupes que de le dénoncer, ( tout au contraire ), les harangues et autres cris de guerre des gouvernants face aux ripostes attendues contre les attaques terroristes, ressemblent à des “faits d’esbroufes”, ou de “rouleurs des mécaniques “, tant ils n’ont aucun effet sur la continuelle érosion de la présence de l’Etat dans ces parties du domaine national, et sur les morts et multiples souffrances des populations de ces territoires.
Les autorités sont bien au fait du désastre. Les propos récents suivants du ministre de la défense en sont révélateurs.
“Le bilan au cours de cette année 2018 est assez éloquent. De nombreux morts et blessés, des infrastructures économiques et sociales détruites, des populations déplacées et la paralysie de nombreuses activités économiques”, et il en appellera à “l’union de tous les fils et filles contre la menace terroriste”.
Mais les déclarations et relations officielles au sujet du drame sont loin d’égaler en horreur celles faites par les populations, les fonctionnaires fuyant ces zones ou par les chauffeurs des administrations ou de véhicules routiers de transport en commun, quotidiennement confrontés aux réalités de ces contrées profondes. Des parties de plus en plus importantes de la république, seraient à leurs dires désertées par les populations en nombre et quasiment abandonnées aux terroristes qui en viennent par endroits, progressivement, à se substituer aux autorités nationales et locales, pour les contrôles administratifs.
Et pour montrer que les choses vont de mal en pis, ils précisent qu’en plus dès 18h, les Brigades de gendarmerie et les commissariats sont fermés et abandonnés, et que du reste, au moindre coup de feu, la consigne serait “repli tactique”.
Et puis, on ne parle que de ces morts spectaculaires, rien sur ceux anonymes dus aux effets collatéraux de la pénétration terroriste (règlements de comptes, banditisme, vols de bétail). La raison, les faits, l’instinct de survie, sinon le sens de la pitié, conseillent de ne pas s’abandonner aux seules solutions exogènes pour espérer vaincre le fléau. L’opération Barkhane, le G5 Sahel, les frappes françaises, ça vaut ce que ça vaut, mais l’huile de coude, les mobilisations internes ne sont pas à négliger, pour suivre les sages conseils prodigués par la Gouverneure du Canada, de passage dernièrement chez nous.
Ce n’est pas Yves Trotignon, le spécialiste des questions de terrorisme, qui dira le contraire, lui qui, dans sa chronique, soutient que « quatre ans après « Serval », le Sahel est ainsi en passe de devenir un cas d’école de la lutte contre le terrorisme, regroupant tous les ingrédients d’un échec inévitable. »
De fait, on dénombrerait aujourd’hui au moins 16 instruments internationaux de lutte contre le terrorisme, alors que leurs résultats restent à venir! (Pour peu, on se laisserait aller à penser que de l’activisme djihadiste au Sahel, certaines puissances pourraient s’en accommoder, car il constitue une sorte de brise-lames, qui occupe les terroristes, les empêchant de se déverser à flot sur leurs territoires).
Si en Syrie, le rôle de la Russie a été inestimable, il faut reconnaître que sans la détermination du pouvoir syrien, l’appel à ses potentialités nationales, cela n’aurait pas été évident, et d’autant moins, sans l’adhésion d’un peuple qui, ne se trompant pas sur les ” impérialistes ” à fustiger, aura été par son engagement, un élément déterminant de la stratégie victorieuse de lutte contre le terrorisme.
Alors, la libération de nos territoires de l’emprise des terroristes, le soulagement et la protection de nos concitoyens des exactions sans noms, mériteraient bien au moins, une conférence nationale spécifique.
La plus-value par rapport aux expériences passées, pourrait résulter d’une approche plus réaliste, plus soucieuse de vérité, de cohésion et d’adhésion populaire.
Que pour une fois nous acceptions de ne pas mentir au peuple, de mettre nos égoïsmes, nos particularismes, nos momeries, nos ambitions personnelles et partisanes de côté, pour privilégier le salut national à celui personnel, électoral. L’unique fixation sur 2020 actuellement mise en scène (tant de la part de la majorité que de l’opposition), n’étant pas, au regard du contexte, le meilleur gage de responsabilité à cet égard. Est-ce puéril de demander cette inhabituelle capacité de transcendance ?
Qu’au moins cet appel soit lancé. Cette conférence spécifique inclusive ouverte aux Burkinabè organisés ou non, tranchera sur les conditions qui devraient promouvoir l’union sacrée des Burkinabè de l’intérieur comme de l’extérieur. Réconciliation, justice transitionnelle, retour des exilés sans exceptions, et autres mesures de pacifications sociales. Elle permettra d’opérationnaliser la lutte multiforme, multisectorielle qu’impose cette guerre atypique globale. Elle libérera aussi le président du Faso de toutes les surenchères radicales qu’il subit (s’il ne s’en accommode pas), non pas en se défaussant de ses responsabilités sur une conférence nationale spécifique, mais en mutualisant, en collectivisant et en démocratisant des décisions majeures impliquant le destin de tous.
Elle mettra un holà à ce sentiment diffus qui gagne en force, que fermé au dialogue démocratique, au compromis et à la réconciliation nationale, le pouvoir ne donne plus aucune autre alternative à ses contredisants pour l’expression et l’assumation de leurs droits publics et démocratiques, que l’épreuve de force.  A un moment donc, où, malheureusement la gouvernance exalte (par sa nature pénalisante, exclusive et acculturante) beaucoup plus l’escalade dans la loi du talion que le dialogue réconciliateur, la consolidation du vouloir vivre-ensemble, cette option pourrait aider à sortir de ce cercle pernicieux, de tous les dangers, en réorientant la conduite de l’Etat vers des champs plus propices aux retrouvailles nationales. Les guerres ne se gagnant pas dans la désunion et les batailles fratricides, nous nous doterions ainsi de la première des armes lourdes, celle à puissance morale incontournable contre l’agression terroriste dont nous sommes victimes.

Me Hermann Yaméogo


Comments
  • Juste pour vous dire

    6 novembre 2018
  • Juste pour signifier que vous faites du mal à votre profession.Dans quel pays au monde que ça soit dans les plus grandes démocraties ou dans les pires dictatures vous verrez un article de quelqu’un dans la presse alors qu’on est entrain de le juger pour des faits graves?Je ne sais pas s’il sera déclaré coupable ou pas désolé,votre hermann yaméogo n’est pas un dieu pour que vous courrez prendre son torchon pour le publier.Qu’il s’occupe d’abord de ses affaires avec la justice,le Burkina Faso et les Burkinabè dans l’ensemble n’ont pas besoin de son avis de comment faire pour combattre le terrorisme.Vous êtes tout simplement pathétique parceque vous manquez d’éthique et de déontologie journalistique
    PS:pas lu son torchon,point barre!

    6 novembre 2018

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