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MALI / FMI L’avion de la discorde


 

L’achat de l’avion présidentiel n’en finit pas d’alimenter la polémique au Mali. Pendant que des ministres maliens se bousculent à New York pour s’expliquer et s’excuser, le Fonds monétaire international (FMI) décide de mener un audit des finances publiques à Bamako et gèle au même moment les financements du Mali. En d’autres termes, le FMI veut voir clair dans la gestion des fonds alloués au pays d’Ibrahim Boubacar Keïta, qui se remet à peine d’une grave crise sociopolitique qui l’aura durement éprouvé.

 

Faut-il continuer à financer un pays dont les dirigeants se permettent des dépenses de luxe ?

 

Le jeu en vaut bien la chandelle quand on sait que les dirigeants africains, de façon générale, sont passés maîtres dans l’art du pillage des biens publics. On se rappelle d’ailleurs qu’au temps du président Amadou Toumani Touré (ATT), des fonds alloués pour la prise en charge des malades du SIDA avaient été détournés. L’affaire avait fait à l’époque grand bruit, sans que l’on ne sache exactement, jusqu’à nos jours, quelle destination a pris cet argent. Aujourd’hui encore, il est question de l’achat d’un avion à un coût prohibitif dans un pays sous perfusion économique. Et ce n’est pas tant le montant de l’avion qui étonne plus d’un, que le manque d’une communication harmonieuse sur le prix exact de cet oiseau de fer. Pendant que le président IBK parle de 17 milliards de FCFA, son Premier ministre Mousssa Mara, lui, parle de 20 milliards de F CFA. Qui a raison ? Qui a tort ? Difficile de répondre à ces questions. On retient seulement que l’affaire dévoile un gap de 3 milliards de nos francs, ce qui est loin d’être négligeable comme somme. Comment donc ne pas donner raison au FMI ? Faut-il continuer à financer un pays dont les dirigeants, en apparence atteints par le syndrome de la   mégalomanie, se permettent des dépenses de luxe ? Certes, d’aucuns diront que le Mali, en tant qu’Etat souverain, n’a pas de leçon à recevoir du FMI ; mais il ne faut pas oublier qu’il est une loi de la nature qui veut que la main qui donne soit toujours au-dessus de celle qui reçoit.

 

Il serait intéressant que d’autres institutions financières emboîtent le pas au FMI

 

Celui qui paie la cassette a le droit d’écouter la musique de son goût. Ce serait donc faire un mauvais procès au FMI que de l’accuser d’ingérence dans les affaires intérieures du Mali. Bien au contraire, sa démarche est à saluer à sa juste valeur. Car, très souvent, c’est parce que les bailleurs de fonds ne suivent pas la gestion des fonds qu’ils investissent dans les pays africains, que certains dirigeants se permettent certaines dérives et s’érigent ainsi en ennemis du développement. On peut multiplier les exemples. C’est pourquoi il serait intéressant que d’autres institutions financières emboîtent le pas au FMI pour plus de transparence dans la gestion des programmes et autres projets de développement en Afrique. Il faut secouer le cocotier, si l’on veut que l’aide au développement profite véritablement aux couches les plus vulnérables qui peinent souvent à mobiliser un dollar par jour. Du reste, on se demande pourquoi les autorités maliennes se voient obligées d’envoyer des émissaires au siège du FMI pour s’excuser. Pour autant qu’elles n’aient rien à se reprocher, elles n’avaient pas besoin de cela. Elles devaient plutôt se féliciter de l’audit qu’entend mener le FMI, dans la mesure où cela allait leur permettre de laver leur honneur auprès de l’opinion. Une telle fébrilité est pour le moins suspecte et cache mal une certaine panique à Bamako. En tout cas, l’achat d’un nouvel avion aura apporté plus de problèmes au Mali qu’il n’en a résolu. C’est un avion de la discorde aussi bien au plan national qu’international.

 

Boundi OUOBA


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