HomeA la uneMANIFS CONTRE UN TROISIEME MANDAT DU PRESIDENT GUINEEN

MANIFS CONTRE UN TROISIEME MANDAT DU PRESIDENT GUINEEN


Comme il fallait s’y attendre, la répression s’est abattue sur les militants et sympathisants du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), regroupant les principales organisations de la société civile et de l’opposition à l’origine de l’appel à manifester de ce 14 octobre 2019. Au moins cinq morts et des dizaines de blessés, tel est le bilan effroyable de la première journée au cours de laquelle des affrontements ont opposé les Forces de défense et de sécurité déployées en masse à Conakry, et les opposants aux velléités de modification constitutionnelle du chef de l’Etat. Mais visiblement, il en faut plus pour décourager les Guinéens qui semblent résolus à faire barrage à Alpha Condé. En effet, dès le lendemain de la boucherie, le FNDC a appelé ses militants à poursuivre la mobilisation, conformément à l’engagement de départ  de Sidya Touré, l’un des porte-voix du mouvement de contestation,  qui avait laissé entendre ceci : «Nous sommes déterminés à aller de l’avant. Nous allons faire en sorte que les Guinéens démontrent exactement où est la légitimité dans ce pays».

 

Le combat de rue va se poursuivre

 

Ce n’est donc pas demain la veille, la fin des jours de tourmente en Guinée. Car, au-delà de la volonté du peuple guinéen d’en découdre avec Alpha Condé qui, du haut de sa chaire de professeur, le regarde avec condescendance, le sang versé des victimes de la répression aura pour effet d’apporter du tonus aux manifestants en radicalisant la lutte. Le combat de rue va donc se poursuivre et il faut saluer la bravoure du peuple guinéen qui, les mains nues, fait face à l’arsenal répressif des chiens de garde d’Alpha Condé qui s’est vite mué en dictateur. Il faut même souhaiter que les Guinéens subliment leur engagement et maintiennent la pression pour transformer le rêve de pouvoir à vie de Condé en une chimère.  Tout en exhortant le peuple guinéen à aller de l’avant dans sa lutte contre la dictature, l’on aura de cesse de condamner l’irresponsabilité d’Alpha Condé qui portera devant l’Histoire, toute la responsabilité morale de ces tueries dont il pouvait faire l’économie en respectant l’esprit et la lettre de la loi fondamentale de son pays. En dépit de son âge, l’homme étale ainsi son manque de sagesse  et cela,  malgré les appels à la raison lancés par son homologue Mahamadou Issoufou du Niger, ou la pression morale  d’anciens chefs d’Etat africains qui, lors du récent sommet de Niamey sur le constitutionnalisme, ont uni leurs voix pour exiger le respect de la limitation des mandats présidentiels, de la règle constitutionnelle et de l’Etat de droit de manière générale partout en Afrique et favoriser ainsi le renouvellement du leadership politique. Il achève de vendanger tout le capital de sympathie dont il a bénéficié pendant sa longue lutte d’opposant aux régimes militaires successifs en Guinée. Le professeur donne ainsi raison à ceux qui pensent que « le pouvoir ne change pas l’homme mais il révèle sa véritable nature ».  La légende d’Alpha Condé n’est finalement que le banal récit du loup qui s’est déguisé en agneau pour s’introduire dans la bergerie. Pire, l’homme donne l’image d’un piètre intellectuel qui n’hésite pas à surfer sur la fibre ethnique qui n’est qu’un médiocre paravent derrière lequel s’abritent les hommes politiques  en panne d’arguments.

L’opposition guinéenne doit éviter de tomber dans le piège de l’usure

 

Cela dit, l’opposition guinéenne ne doit pas être abandonnée à elle-même face à ce mutant de Condé qui ne semble pas prêt à reculer devant le sacrifice de ses compatriotes sur l’autel de son rêve de pouvoir à vie. Et maintenant qu’il a lui-même fait le choix de bander les muscles face à son peuple, la communauté internationale, à commencer par la communauté  ouest africaine, notamment  la CEDEAO,  se doit d’adopter à son égard un ton ferme pour stopper cette course folle à l’abîme. En effet, la folie du professeur peut non seulement fournir le prétexte à un retour de l’armée dans le sérail politique guinéen, créant une nouvelle instabilité politique qui  peut impacter négativement l’économie et la quiétude sous-régionales, mais peut aussi se révéler  contagieuse pour d’autres chefs d’Etat qui ne rêvent que de pouvoir à vie.  Mais en attendant que le secours lui vienne de l’extérieur, l’opposition guinéenne peut s’inspirer des exemples de lutte que lui offrent de nombreux pays africains  tels le Burkina Faso, la République démocratique du Congo (RDC), le Soudan ou l’Algérie. Elle doit ainsi et surtout éviter de tomber dans le piège de l’usure et maintenir la pression forte et constante pour ne donner aucun répit au dictateur. Et pour réussir ce pari, elle doit continuer à travailler dans le sens d’un toujours plus grand élargissement de la base sociale de la lutte, de sorte à faire comprendre à tous les Guinéens que « l’on ne peut pas aller au paradis sans mourir ».

 

« Le Pays » 

  


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