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MORT PAR EMPOISONNEMENT DU JUGE EN CHARGE DU DOSSIER KAMERHE


Alors que l’émotion née de la mort soudaine, dans la nuit du 26 au 27 mai dernier, du juge en charge du dossier Kamerhe, ne s’est pas encore estompée, la nouvelle est tombée comme un couperet sur la tête de nombreux Congolais : le juge Raphaël Yanyi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, qui présidait le procès du directeur de cabinet du président Tshisekedi et autres coaccusés poursuivis pour détournement de fonds publics, a « vraisemblablement été empoisonné ». C’est, du moins, ce que révèle le rapport d’autopsie des médecins chargés de cette expertise médicale demandée par la Justice congolaise. En attendant qu’une expertise internationale, selon des sources judiciaires, permette d’identifier la substance ayant occasionné la mort du juge, le moins que l’on puisse dire, c’est que cette mort par empoisonnement du juge président, au moment où les éléments du puzzle commençaient à se mettre petit à petit en place dans ce procès qui n’était qu’à sa deuxième audience, vient jeter davantage le trouble sur un dossier judiciaire déjà emblématique.

Il est difficile de ne pas établir le lien entre la mort de l’intrépide juge et le dossier judiciaire en cours

Un scénario digne de la mafia sicilienne, qui tend à corroborer la thèse du crime politique qui confirme le crime économique parce qu’on ne veut pas que la vérité éclate. En effet, compte tenu des circonstances, il est difficile de ne pas établir le lien entre la mort de l’intrépide juge et le dossier judiciaire en cours. Un dossier pour le moins explosif, compte tenu de la qualité des accusés qui se comptent parmi les bonzes du régime en place, mais aussi des répercussions qu’il pourrait avoir. Mais si, pour l’instant, il est difficile de dire avec exactitude qui se cache derrière la « main criminelle » qui a envoyé prématurément le juge Yanyi ad patres, il reste que son assassinat, en lui-même, peut être déjà vu comme un début de preuve que le dossier n’est pas vide. En tout cas, avec ce dernier développement, l’on a des raisons de croire qu’il y a des gens à qui ce dossier donne des insomnies et qui n’ont pas intérêt à ce que la lumière se fasse. C’est pourquoi, autant on peut se poser la question de savoir qui a bien pu vouloir faire taire ce juge qui en savait certainement beaucoup sur un dossier qu’il semblait décidé à mener de main de maître, autant on peut dire que son assassinat interpelle les autorités congolaises à un double titre. Celui d’œuvrer d’une part à élucider la question de la disparition forcée du juge, mais aussi de travailler d’autre part à mener le dossier judiciaire en cours à bon terme. Car, au-delà de trouver le ou les assassins du juge Yanyi, il faut savoir à qui profite le crime, pour espérer remonter jusqu’aux éventuels commanditaires. C’est à ce prix qu’elles pourront lever le doute sur leur propre responsabilité, dans cette scabreuse affaire dont les ramifications, pour beaucoup, vont jusqu’au sommet de l’Etat. Bien entendu, parce qu’il est au cœur du procès, certains regards se tourneront vers Vital Kamerhe pour qui la partie semble bien mal engagée.

L’assassinat du juge président est un coup dur qui ne signifie pas la fin du procès

Mais quand on sait que la défense avait demandé la comparution de témoins clés comme le gouverneur de la Banque centrale et plusieurs ministres, rien ne dit qu’il n’y a pas, tapis dans l’ombre, des gens qui craindraient pour leur sort s’ils venaient à être éclaboussés par une affaire qui est encore loin d’avoir livré tous ses secrets. De là à voir dans cet assassinat ciblé un acte qui répond à la logique de nuire politiquement à Vital Kamerhe pour qui la présidentielle de 2023 semble rester un objectif dans le pacte qui le lie au président Tshisekedi, il y a un pas que d’aucuns ont aussi vite fait de franchir. Quoi qu’il en soit, la disparition tragique du juge Yanyi dans ce procès très attendu et fortement médiatisé, vient épaissir le mystère dans ce dossier judiciaire qui implique de hautes personnalités de l’Etat. Pour sûr, cela aura un impact sur le procès dont la troisième audience avait été fixée par le défunt juge au 3 juin. Et tout porte à croire que l’on est bien parti pour que le dossier traîne davantage en longueur, si le lien entre les deux affaires venait, comme beaucoup s’y attendent, à être établi et qu’il faille faire la lumière dans les deux cas. En tout état de cause, l’assassinat du juge président est un coup dur qui ne signifie pas la fin du procès. Reste maintenant à espérer que cela ne sera pas une occasion pour noyer le dossier. Car, si le procès est appelé à être conduit jusqu’à son terme, tout dépendra de celui qui sera appelé à prendre la relève du juge Yanyi. Montrera-t-il le même engagement ou mènera-t-il le dossier dans la crainte permanente de subir le sort de son prédécesseur ? On attend de voir.
 
« Le Pays »


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