HomeA la uneMUTINERIES TOUS AZIMUTS EN RCI : Ça commence bien pour la troisième République !

MUTINERIES TOUS AZIMUTS EN RCI : Ça commence bien pour la troisième République !


 

Les choses semblent aller de Charybde en Scylla en Côte d’Ivoire depuis que la fièvre kaki s’est emparée du pays. La situation est telle que le président Alassane Dramane Ouattara (ADO) s’est vu contraint de demander la protection du bataillon français stationné à Port- Bouët, craignant « une explosion sociale pouvant déboucher sur sa chute ».  Tout se passe comme si la mutinerie partie de Bouaké, la semaine dernière,  avait libéré des forces du mal qui ont pris possession de l’âme du pays, sans que personne ne puisse être en mesure de les arrêter. Mais point n’était besoin d’avoir le troisième œil du sorcier bété pour dire que la situation était prévisible. En effet, ADO ne fait que récolter la tempête après avoir semé le vent. Ayant usé de tous les moyens, y compris en vendant son âme au diable, sans se soucier des conséquences pour parvenir au pouvoir, il est pris au piège de ses propres turpitudes. Même s’il s’en est toujours publiquement défendu, il a été le parrain de la rébellion ivoirienne dans les années 2000. En d’autres termes, le monstre qu’ADO a créé, commence à lui échapper aujourd’hui. Mais cela n’est pas étonnant. Car, au plan politique, l’homme a échoué sur le chantier de la réconciliation nationale et les failles de la société ivoirienne se sont creusées tout au long de son mandat. L’armée ivoirienne, étant fille de la société, est traversée par les mêmes contradictions avec ceci de particulier qu’elle a été contrainte de jouer les premiers rôles pendant la crise post-électorale de 2010-2011. Les officiers issus des forces nouvelles, après être entrés par effraction dans l’armée ivoirienne,  ont connu de fulgurantes ascensions. A ce  problème de promotions qui passent très mal et provoquent colère, mécontentement et indignation, s’ajoutent des revendications liées aux primes et à l’amélioration des conditions de vie et de travail des soldats. Même si c’est le mal de bien des armées africaines, cette précarité de la soldatesque  qu’on pourrait imputer à la hiérarchie militaire ivoirienne et qui en a d’ailleurs fait les frais, résulte avant tout de la gouvernance économique d’ADO.

L’armée ivoirienne se comporte comme une milice

Ce dernier s’est beaucoup plus soucié des indicateurs macro-économiques sans se préoccuper de l’impact qu’ils avaient sur le panier de la ménagère ivoirienne. A ces problèmes structurels, vient s’ajouter la gestion approximative de la mutinerie de Bouaké. Non seulement en satisfaisant les revendications des mutins, ADO a ouvert la boîte de Pandore, mais il n’a pas non plus vu venir les choses. Au regard de tout ce qui précède, on peut le dire, la troisième République ivoirienne nait avec un gros péché originel. Cela dit, même si la responsabilité du président ADO dans la crise militaro-sociale que traverse le pays est pleine et entière, l’armée ivoirienne ne donne pas d’elle-même une bonne image. Non seulement elle a étalé sur la place publique ses dissensions internes et son indiscipline, mais elle a aussi montré qu’elle n’est pas républicaine. Or, l’état de  santé démocratique d’un pays se juge à l’aune du comportement de son armée. Et sur ce plan, il faut le dire, l’armée ivoirienne se comporte, au regard de ce qu’elle a donné à voir, comme une milice. L’heure n’est cependant pas au procès. L’urgence est de circonscrire l’incendie dont les conséquences, dans ce contexte de péril djihadiste, seraient dommageables à toute la sous-région. Vu l’imminence du danger, aucune aide ne serait de trop pour empêcher l’Eléphant de sombrer dans l’abîme, même si les partisans de Laurent Gbagbo qui rient en ce moment sous cape, peuvent voir en la situation les manifestations de la justice immanente.

SAHO


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