HomeA la uneNORD-MALI :Faut-il prendre au sérieux la « fatwa » de Iyad Ag Ghali ?

NORD-MALI :Faut-il prendre au sérieux la « fatwa » de Iyad Ag Ghali ?


«Notre objectif, c’est de mettre en place la charia dans la région », soutient Iyad Ag Ghali, leader du groupe djihadiste « Ansar Dine ». Bluff ou sortie en désespoir de cause pourcette organisation terroriste, mise en déroute au Nord-Mali, grâce à l’intervention de Serval ?

 

Le leader terroriste cherche à semer le trouble et à se refaire une santé médiatique

 

En sommeil depuis l’intervention française, « Ansar Dine » avait été à l’origine de l’attaque de Konna, dans le septentrion malien. Aujourd’hui, l’organisation semble renaître de ses cendres. A nouveau, elle se montre décidée à semer la panique dans les rangs des populations de l’Afrique sub-saharienne. En effet, dans une vidéo de 24 mn, Iyad Ag Ghali va jusqu’à saluer tous ses « frères du jihad » au Nigeria, en République centrafricaine (RCA), mais aussi en Egypte, au Pakistan et en Afghanistan. Se présentant comme l’« émir » de l’organisation, Iyad Ag Ghali ne fait toutefois aucune référence à Aqmi (al-Qaïda au Maghreb islamique). Il met plutôt en relief son groupe, « Ansar Dine », et revendique des tirs de roquettes et des attaques de kamikazes contre les soldats de Serval. Toutefois, il ne donne aucune précision. L’on ignore à ce jour la réelle capacité de nuisance de « Ansar Dine ». Mais, cette brusque sortie de son leader rend perplexe ! Pourquoi avoir choisi de sortir du bois maintenant et subitement ? Probable que le leader terroriste, cherche à semer le trouble et à se refaire une santé médiatique.

Le nouvel « émir » d’« Ansar Dine » a peut-être fini de brouter le blé que le sang de ses victimes a fait germer dans les oueds du grand Sahel. Aspirerait-il alors à renflouer ses caisses avec davantage de rapines ? A moins de vouloir narguer les troupes françaises, après l’arrestation récente de Yoro Ould Daha à Gao ! Depuis le mercredi 30 juillet dernier en effet, cet autre « djihadiste » dort en prison. Accusé par les habitants d’être un cadre du Mujao, l’homme ferait partie de ceux qui ont semé la terreur lors de l’occupation de la ville en 2012. Récemment, il s’était même présenté en chef de guerre d’un autre mouvement, le MAA, Mouvement arabe de l’Azawad.

« Ansar Dine » qu’on croyait hors d’état de nuire, voudrait-il se rappeler au bon souvenir de l’opinion malienne et de la communauté internationale ? Après des mois de silence, l’homme qui le conduit a décidé de refaire surface. Son ennemi est tout désigné : l’Etat français. Cela s’explique : c’est l’intervention Serval qui avait permis en janvier 2013, de mettre fin aux exactions de ce groupe terroriste au Mali. Dans l’enregistrement vidéo mis en ligne le 29 juillet sur les réseaux « djihadistes », Iyad Ag Ghali a pris 13 minutes pour fustiger la France : « Nous allons nous débarrasser des croisés, la France en tête », indique-t-il. Le leader terroriste affirme qu’une « fatwa » a été lancée. Sans dire par qui, et encore moins où, il souligne qu’elle oblige à lutter contre la France et ses alliés. Le montage vidéo accuse Paris de « coloniser à nouveau la région, d’intervenir au Mali pour piller les richesses : l’or, le cuivre et l’uranium. »

 

Allah n’agrée pas toutes les « fatwa »

 

En attendant que soit confirmée l’authenticité de ce message, il vaut mieux prendre au sérieux les propos de Iyad Ag Ghali. Mais, à partir d’où cet homme s’amuse-t-il à proférer des menaces ? Dans ce monde où les technologies permettent aux puissances de localiser les moindres éternuements de leurs ennemis, comment croire que les Français ne savent toujours pas où sont tapis ces irréductibles ? Quoi qu’il en soit, la sortie du leader d’« Ansar Dine », ne doit pas être prise à la légère. Ce, d’autant plus que cette réapparition du leader « djihadiste » intervient dans un contexte particulier ; le vendredi 1er août en effet, a débuté l’opération militaire « Barkhane », laquelle a nécessité le redéploiement, ces derniers mois, de l’arsenal français se trouvant en Afrique sub-saharienne. Avec « Barkhane », l’armée française devra être en mesure de passer d’un pays à l’autre, de manière plus fluide et plus rapide. C’est une évidence qu’à tout moment, les membres d’une organisation terroriste peuvent apparaître, prendre les armes, et frapper n’importe où, et comme bon leur semble. En ce qui le concerne, le leader d’« Ansar Dine » ne semble pas avoir renoncé à instaurer un « khalifat » dans la région. Comprendra-t-il jamais que c’est peine perdue dans cette Afrique qui s’ouvre aux autres ? Du reste, son rêve est utopique, donc irréalisable dans une Afrique de l’Ouest qui chemine lentement mais irréversiblement vers l’intégration des peuples.

La preuve est encore faite qu’il faut éviter les arrangements de circonstances, et les accords de complaisance. Ils ne font que multiplier les reports et les rendez-vous sans lendemains réels. Aujourd’hui, la communauté internationale paye pour avoir accepté de signer des accords avec des individus aux comportements versatiles. Plus que jamais, la vigilance est requise ! Car, lorsqu’on signe un pacte avec le diable, il faut bien s’attendre à le voir récidiver ! Raison de plus pour prendre au sérieux les menaces de Iyad Ag Ghali, même si Allah n’agrée pas toutes les « fatwa ». Surtout celles qui contredisent le Saint Coran si pur et si bienveillant en matière de droits humains !

 

« Le Pays »


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