HomeA la uneOUSMANE NACRO, PREMIER VICE-PRESIDENT DU PPS  : « Je ne suis pas du tout gêné par le timing dans lequel le PPS a été créé…»  

OUSMANE NACRO, PREMIER VICE-PRESIDENT DU PPS  : « Je ne suis pas du tout gêné par le timing dans lequel le PPS a été créé…»  


Il démissionne du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) un peu moins de deux mois après la chute du régime Kaboré. Dans la foulée, il crée le Parti panafricain pour le salut (PPS) avec d’autres camarades qui ont aussi quitté le désormais ancien parti au pouvoir. Ousmane Nacro, puisque c’est de cet ancien ministre en charge de l’eau dans le dernier gouvernement Roch Kaboré qu’il s’agit, a accepté de répondre à nos questions, le 11 avril 2022. Lisez plutôt !

 

«  Le Pays » : Que devient l’ancien ministre Ousmane Nacro ?

 

Ousmane Nacro : Avant tout propos, je voudrais vous remercier pour l’opportunité que vous nous offrez en vue de nous exprimer sur les questions d’actualité dans notre pays et sur le nouveau parti créé dans la sphère politique du Burkina Faso. Pour revenir à votre question, il y a lieu de préciser que je suis avant tout un contractuel dans une société d’Etat et pour cela, je suis à la disposition de l’Administration burkinabè. Cela ne m’empêche pas, toutefois, de mener mes activités politiques. Je suis donc engagé à apporter ma pierre à la construction de l’édifice Burkina Faso.

 

Comment avez-vous vécu le putsch du 24 janvier 2022, surtout que vous étiez un ministre en fonction ?

 

Je dirais que j’ai vécu le putsch du 24 janvier dernier comme bon nombre de Burkinabè. Après la déclaration des nouvelles autorités qui a conduit à la dissolution du gouvernement dont j’étais membre, j’attendais les directives des nouveaux tenants du pouvoir qui n’ont pas tardé d’ailleurs à nous convoquer pour nous donner les directives à suivre.

 

Avez-vous vu venir les choses ?

 

Voir les choses venir, c’est trop dire. Je savais que notre pays traversait des moments difficiles au regard des attaques terroristes perpétrées par des hommes armés non identifiés. Et au niveau de l’Exécutif, l’on tentait tant bien que mal de trouver des solutions en vue de venir à bout de cette hydre terroriste.

 

« Qui vous a informé  que l’on adhère à un parti pour « manger » ? Je ne le savais pas. La politique, c’est une idéologie et une conviction »

 

Toutefois, il y a lieu de souligner que c’est un phénomène mondial et les pays du G5-Sahel étaient doublement touchés.  Je tiens également à souligner que, que ce soit l’Opposition, la Majorité ou la Société civile, nous sommes tous comptables des acquis et des insuffisances de la gouvernance du pays qui a conduit au putsch du 24 janvier 2022.

 

Que dites-vous à ceux qui pensent que la création du PPS pose un problème d’éthique ?

 

Vous savez, vous ne pouvez pas empêcher les uns et les autres d’exprimer leur point de vue ou leur appréciation sur tel ou tel fait de l’actualité. La définition de la notion d’éthique est fonction non seulement de l’individu, mais aussi de son environnement et de son bagage en termes de culture (comme valeur) ou comme éducation. Pour ma part, je dirais simplement que je ne suis pas du tout gêné par le timing dans lequel le PPS a été créé parce que nulle part, il n’est écrit un délai en deçà ou au-delà duquel l’on peut prendre une décision de démission ou de création d’un parti dans un contexte donné. Si nous voulons faire changer les choses, il y a lieu d’être courageux et d’aller à l’action parce qu’il est plus facile de critiquer que de proposer des solutions. A partir du moment où des Hommes de divers horizons arrivent à avoir la même vision et à partager les mêmes idéaux, je pense qu’il y a lieu de saisir cette occasion pour fédérer les énergies. Et c’est ce que nous avons fait en prenant nos responsabilités.

 

D’aucuns disent que le MPP a perdu le pouvoir depuis son dernier Congrès tenu au mois de septembre. Quel commentaire cela vous inspire-t-il ?

 

Là aussi, ce sont des supputations. Mais moi, je retiens tout simplement que le MPP reste un grand parti que je respecte beaucoup et mon passage dans cette formation politique, a été très riche en enseignements. Je note simplement que dans la vie de tout parti, il y a des décisions qui ont été prises et qui n’ont pas reçu l’assentiment de la majorité des cadres ou même des militants. Ce sont des faits qui, quand ils ne sont pas bien gérés, peuvent aboutir à ce que vous constatez aujourd’hui. Vous conviendrez avec moi que le dernier congrès a créé des frustrations diverses au sein du parti au pouvoir. Et bien même avant le congrès, plusieurs camarades étaient mis à l’écart des instances de décisions. Tout cela a créé un climat délétère au sein du parti.

 

Avez-vous quitté le parti parce que vous craigniez qu’il n’y ait plus à « manger » ?

 

Qui vous a informé que l’on adhère à un parti pour « manger » ? Je ne le savais pas. La politique, c’est une idéologie et une conviction. Je fais la politique pour me donner des outils et les moyens de contribuer à la construction de mon pays.

 

Que répondez-vous à ceux qui pensent que vous avez des atomes crochus avec les militaires ?

 

Ils ont le droit de le penser. On ne peut pas empêcher la pluralité des opinions qui fait d’ailleurs la beauté de notre démocratie. Demandez à ces gens de vous fournir des preuves. Je ne suis pas au service de la polémique. Nous sommes dans un pays comme on le dit souvent, « de savane ». Si tant est que j’ai des atomes crochus comme vous le dites, l’histoire nous le dira.

 

Pour bien des acteurs, le PPS a été créé par Alassane Bala Sakande dans la perspective des échéances électorales à venir ?

 

(Rires). Si ces allégations sont vraies, l’histoire nous le dira au moment venu. Alassane Bala Sakandé reste pour moi un ami et mieux, un frère que je continuerai à respecter.

 

Après le PPS, avec quel parti comptez-vous convoler en justes noces ?

 

Pourquoi vous me prédisez un avenir de départ ? J’ai la conviction que notre parti est un parti de conquérants et de citoyens dévoués et qui va participer à la construction de la Nation. Du reste, nous avons notre idéal politique qui est la social-démocratie. Nous restons ouverts avec les partis ayant la même vision que nous.

 

Quelles sont les ambitions du PPS ?

 

Nos ambitions sont claires : contribuer à l’édification d’un Burkina Faso fort et réconcilié, qui se fait respecter dans le concert des nations.

 

On fait le constat que votre sigle renvoie aux fiançailles. Dans la création de l’acronyme, est-ce que vous n’avez pas eu d’appréhensions par rapport à certains qui n’hésiteraient pas à tourner en dérision votre sigle ?

 

C’est tant mieux, parce qu’on se fera mieux connaitre (rires). Plus sérieusement, vous ne ferez jamais l’unanimité. Nous avons une explication assez claire de notre logo et l’essentiel pour nous, c’est de nous faire comprendre par nos militants.

 

Vous faites des griefs au MPP. Comment comptez-vous en prémunir votre parti ?

 

Notre parti a une vision, une philosophie et nous travaillons selon ces principes. C’est vous dire simplement que nous mettrons un point d’honneur à promouvoir la bonne gouvernance interne. C’est-à-dire valoriser la méritocratie, l’équité et la justesse dans les décisions. C’est ainsi que nous pensons minimiser les frustrations internes qui peuvent, si elles sont mal gérées, aboutir à des démissions.

 

Comment avez-vous accueilli l’annonce du Premier ministre Albert Ouédraogo, de plafonner les dépenses de campagnes électorales ?

 

Dans le principe, c’est une bonne approche. J’attends néanmoins de voir dans quelles conditions cette mesure sera appliquée.

 

Propos recueillis par Boureima KINDO

 


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