HomeLignes de mirePOURPARLERS INTERMALIENS : Le véritable problème c’est la mauvaise foi des acteurs

POURPARLERS INTERMALIENS : Le véritable problème c’est la mauvaise foi des acteurs


Après une suspension relativement courte, les pourparlers intermaliens ont repris le 10 février 2015, à Alger.  Ce énième round des négociations intervient dans un contexte assez particulier : le cessez-le-feu n’est pas respecté au Nord- Mali, car les groupes d’autodéfense favorables à Bamako et les rebelles touaregs se livrent régulièrement bataille. A cela s’ajoute le fait que Bamako s’oppose à certains points du projet d’accord proposé par la médiation. En effet, si les autorités de Bamako, représentées à ces négociations par le ministre des Affaire étrangères, notent des progrès parce que le document présenté préserve le caractère unitaire, républicain, souverain et laïc du Mali, elles sont cependant opposées au fonctionnement des institutions de la République, sur la base de quotas devant être attribués à différents groupes d’ethnies ou de minorités.  Elles ne sont pas non plus favorables au statut de Grand Nord que l’on voudrait attribuer à Kidal et ses environs. Or, les groupes armés du Nord veulent, pour leur part, un statut particulier pour leur région. Autant dire qu’on n’est pas sorti de l’auberge. On a l’impression que l’on tourne en rond. En tout cas, ce n’est un secret pour personne que les pourparlers avancent à pas de tango. Un constat d’autant plus évident que cela fait déjà huit mois que les négociations traînent en longueur, alors que l’Algérie avait donné 100 jours pour régler l’affaire. Tout compte fait, la reprise de ces négociations est une belle occasion pour les acteurs de la crise malienne,  de faire des concessions à même de leur permettre d’avancer  résolument sur le chemin de la paix. Encore faut-il que les protagonistes de cette crise prennent conscience que si les négociations piétinent tant, c’est parce qu’il y a une rupture de confiance entre eux. On le sait, Bamako ne fait plus confiance aux groupes armés du Nord et vice-versa.

La crise n’a que trop duré

Elle n’a pas totalement tort, car ces derniers se sont illustrés négativement par  des actes graves dont des crimes de sang. Qui ne se souvient des images insoutenables d’une centaine de soldats maliens égorgés comme des poulets, au début de la crise à Aguelhok ? Et que dire des préfets et sous-préfets enlevés et tués à Kidal, l’année dernière, par le MNLA  et alliés ? On peut multiplier les exemples. Mais nul n’ignore non plus que les groupes armés du Nord-Mali nourrissent une grande méfiance vis-à-vis de Bamako qui, il faut le reconnaître, n’est pas non plus exempte de tout reproche. Le seul fait que ses représentants soient à la table des négociations pendant que des groupes d’autodéfense qui lui sont favorables, attaquent les positions du MNLA, suffit à douter de sa sincérité, de sa volonté  de trouver une solution définitive à la crise, par la voie du dialogue. Certes, on comprend le souci de Bamako de ne pas laisser les populations du Nord à la merci des groupes armés, étant donné que ses soldats ne sont pas autorisés à se rendre dans certaines localités pour  assurer leur protection. Elle ne peut pas continuer à laisser le loup entrer dans la bergerie. Mais de là à monter des milices contre ses adversaires, c’est un pas que les autorités maliennes auraient dû se garder de franchir. Surtout que cela peut avoir un effet boomerang. De fait, il n’est pas exclu que le monstre créé par Bamako se retourne un jour contre elle. C’est pourquoi elle gagnerait à trouver d’autres mécanismes pour mieux protéger les populations du Nord.  En tout état de cause, il  faut  que les acteurs comprennent que la crise malienne n’a que trop duré et qu’il est temps d’y mettre fin.

Dabadi ZOUMBARA  


No Comments

Leave A Comment