HomeA la unePROCES DU PUTSCH MANQUE : Passe d’armes entre le Général Gilbert Dienderé et Me Guy Hervé Kam

PROCES DU PUTSCH MANQUE : Passe d’armes entre le Général Gilbert Dienderé et Me Guy Hervé Kam


Le Général Gilbert Diendéré est toujours à la barre, pour le 7e jour consécutif, le 5 décembre 2018 à Ouaga 2000, pour répondre des faits qui lui sont reprochés dans le cadre des évènements du 16 septembre  2015 et jours suivants. Il s’agit « des faits d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires, d’incitation à commettre des actes contraires au règlement et à la discipline et trahison ». L’accusé avait, quelques jours plus tôt, nié d’avoir planifié ou commandité ce qu’on lui reproche. Une ligne de défense que les avocats de la partie civile ont tentée de récuser à l’audience du jour. Me Prosper Farama, Me Hawa Sawadogo et Me Néya sont passés les uns après les autres pour prouver la culpabilité de « Golf ».  Mais ce sont les échanges entre le Général et Me Guy Hervé Kam qui ont été houleux.

 

Une passe d’armes entre le Général Gilbert Dienderé et Me Guy Hervé Kam, avocat de la partie civile ! C’est ce à quoi a ressemblé l’audience du 5 décembre dernier à la salle des Banquets de Ouaga 2000. En effet, après le passage de Me Prosper Farama, ce fut le tour de Me Guy Hervé Kam de prendre la parole. Il a rappelé la déclaration du Général en date du 23 septembre 2015 devant les médias à l’issue de la mise en scelle du président Michel Kafando, président de la Transition. « Mon Général, êtes-vous toujours dans cette dynamique ?»,  a demandé Me Guy Hervé Kam.  « Je l’ai déjà dit ici à la barre », a repris le Général.

 

«Je comprends pourquoi Blaise Compaoré a fui, en 2014, un vendredi en plein jour »

 

Après plusieurs questions, l’auxiliaire de justice se résout à demander à l’accusé s’il avait fait l’objet de violence lors de son interpellation. « J’ai déjà répondu à cette question », a répondu le Général Diendéré. « Mon Général, pouvez-vous nous donner les causes qui ont conduit aux  évènements  du 16 septembre 2015 et jours suivants ? » Il n’en fallait pas plus pour mettre le Général hors de lui.  «Avec tout le respect que je vous dois, j’ai répondu aux questions de forme. Mais je suis gêné de répondre aux questions de fond. J’ai du mal à faire la différence entre l’avocat de la partie civile, Me Guy Hervé Kam, et monsieur Guy Hervé Kam, porte-parole  du  Mouvement Le   Balai Citoyen. Ce mouvement est en partie responsable de ce qui est arrivé en septembre 2015.   J’ai suivi une émission  à la Télévision nationale, au cours de laquelle vous disiez que vous avez fait  deal entre vous et le Premier ministre Zida. Je ne savais pas de quel deal il s’agissait, mais avec les 50 millions de F CFA  qui ont été donnés à certains éléments du RSP, j’ai compris. Il a été dit ici à la barre que le Mouvement Balai citoyen a reçu de l’argent pendant cette période. Je confirme ici que Me Hervé Kam a pris de l’argent. La personne qui lui a remis les 100 millions de F CFA, viendra ici pour témoigner. Il dira où et quand il lui a remis cet  argent.  Un autre élément du RSP m’a dit que Guy Hervé Kam l’a appelé un jour pour lui dire ceci : « Ecoutes, nous allons encore vous insulter, mais sache que nous cherchons à manger.  Quand on fait tout cela parce qu’on cherche à manger, on a du mal à répondre à vos questions. Avec votre respect, celui du parquet, du tribunal, nous avons répondu aux questions de forme. Pour les questions de fond, je ne souhaite pas répondre », a fait remarquer le Général Diendéré. Comme il fallait s’y attendre, la réaction de  Me Guy Hervé Kam  ne s’est pas faite attendre : «Je comprends pourquoi Blaise Compaoré a fui, en 2014, un vendredi en plein jour. Lorsqu’un officier, présenté comme l’officier le plus renseigné de la sous-région donne des informations qui ne sont pas exactes, cela inquiète plus d’un ».Pour lui, c’est la raison pour laquelle l’ancien président Blaise Compaoré a dormi sur de faux renseignements et les choses l’ont surpris en octobre 2014. Et d’ajouter : « Le 30 octobre 2014, j’étais devant l’Assemblée nationale lorsque les éléments du RSP tiraient sur la foule. Je fais mes déclarations aux impôts.  Si vous regardez, vous comprendrez que pendant  cette période, j’étais loin des montants que vous donnez ici. Je ne pouvais donc pas prendre des risques pour de telles sommes», a répondu Me Hervé Kam, avant d’inviter le Général à poser plainte.  D’ailleurs, le fait d’avoir connaissance d’une infraction et de ne pas la dénoncer, est une infraction. Après cet incident, le Général n’a plus répondu aux questions du Me Guy Hervé Kam. D’ailleurs, il a passé plus d’une heure à poser des questions sans pour autant avoir la moindre réponse de l’accusé.Notons que d’autres avocats de la partie civile ont également essayé de trouver des éléments à charge contre le Général Dienderé. Il s’agit de Me Prosper Farama, Me Ali Neya et Me Awa Sawadogo.

 

Issa SIGUIRE

 

 

Me Guy Hervé Kam à propos des allégations du journaliste Adama Ouédraogo dit  Damiss et du Général Gilbert Dienderé 

 

« Je reste concentré sur le coup d’Etat »

 

« Lorsqu’on est innocent et qu’on a des éléments de preuves, peu importe qui les pose. Au contraire, les questions sont de bonnes raisons pour l’accusé de se défendre. Nous avons remarqué que le Général Diendéré est un accusé qui refuse totalement de s’assumer, d’assumer sa responsabilité dans les faits.  Oralement, il dit qu’il assume sa responsabilité, mais on voit que dans les faits,  il fait tout pour se soustraire à sa responsabilité.

 

 Vous êtes-vous senti dans une situation inconfortable  face  à un tel accusé ?

 J’avoue que je savais personnellement que ça allait venir quand on a écouté le Général Diendéré hier lorsque Me Somé posait ses questions,  on savait que Me Somé n’était qu’une victime par procuration et qu’il  m’attendait,  mais c’est  tout à fait normal. Sauf que ce ne sont pas des éléments qui viennent à sa décharge pour sa défense. L’importance des charges qui pèsent contre lui, commandait pour un officier général qu’il réponde aux questions. Mais c’est son choix de fuir sa responsabilité comme il l’a toujours fait dans l’histoire de ce pays.

 

 C’est la 2e fois qu’on vous accuse d’avoir pris de l’argent pendant la période de la transition au cours de ce procès.  Quel commentaire en faites-vous ?

 Je dis que c’est une piètre défense pour des accusés de ne pas s’occuper de ce pourquoi ils comparaissent et d’avancer des accusations purement gratuites contre une partie au procès. Mais je dis que c’est une mauvaise défense. Je reste concentré sur le coup d’Etat, et les responsabilités individuelles dans le coup d’Etat. Tout ce qui touche à ma personne n’a aucune importance ici.

 

Arrivez-vous, dans ce procès, à faire la différence entre vous, Me Guy Hervé Kam et M. Guy Hervé Kam, porte-parole du Mouvement Balai citoyen ?

 

Il appartient au conseil de l’ordre de répondre à cette question. En tant qu’avocat, nous prêtons serment. Nous prenons la distance entre la cause et nous-mêmes. Chaque fois que j’ai été personnellement interpellé dans ce procès, je demande toujours aux accusés qu’on revienne sur les faits.   Les accusés prennent la salle comme une tribune pour jeter du discrédit. Il faut juste répondre en quelques mots et continuer parce que l’objet qui nous réunit ici, ce n’est pas Me Kam, mais le coup d’Etat du 16 septembre 2015 et jours suivants.

 

Propos recueillis par Issa SIGUIRE

 

 

 

 


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