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RAMADAN 2020


Après un mois de jeûne et de privations, c’est un Ramadan bien spécial que les fidèles musulmans du Burkina Faso, ont vécu hier dimanche  à l’occasion de la célébration de l’Aïd el Fitr en pleine pandémie du coronavirus. En effet, s’il s’entend bien que la Covid-19 n’a entamé en rien la ferveur spirituelle des croyants, reste que le volet social qui compte aussi pour beaucoup dans la beauté et la réussite de cette fête du partage et de la convivialité, en a pris un sérieux coup voire a réduit considérablement la saveur, à cause des mesures de distanciation sociale toujours en vigueur, malgré leur grand allègement. Déjà, la réouverture des lieux de culte est, pour beaucoup, un satisfecit qui a permis de perpétuer la tradition de la célébration communautaire de cette fête. De ce fait, beaucoup de fidèles musulmans n’ont pas  manqué de faire le déplacement des lieux de prières, comme il est de coutume lors de telles célébrations religieuses. Mais, coronavirus oblige, les leaders religieux ont édicté des mesures préventives qui vont du port du cache-nez, à l’utilisation de tapis individuels de prière en passant, entre autres, par le lavage des mains ou l’utilisation de gel ou de solution hydro-alcoolique sur les lieux de prière, sans oublier la prise des ablutions à domicile.

L’ombre du virus mortel a plané sur les traditionnelles visites de familles après la prière, le partage de repas en groupe et les réjouissances populaires

Des mesures à saluer et qui, il faut bien dire, ont été plus ou moins respectées par les fidèles musulmans. Car, malgré l’infléchissement des chiffres officiels de la maladie à la baisse, le danger n’est pas encore totalement écarté. En rappel, à la date du 21 mai, les derniers chiffres affichaient au total 812 cas d’infections dont 669 guérisons et 52 décès, pour 91 cas actifs encore sous traitement. Et depuis quelques jours, les nouveaux cas de contamination intérieure ont fortement baissé. Ils tournent en moyenne autour de 5 par jour, descendant même jusqu’à 0, le 18 mai dernier. Par contre, on note une forte prééminence des cas importés. C’est dire si la célébration de ce Ramadan 2020 dans un contexte d’assouplissement des mesures contre la propagation du virus, est un défi pour l’ensemble des Burkinabè, pour ne pas donner un second souffle à la Covid-19. Car, si elle est loin d’être totalement contrôlée ou maîtrisée, elle semble tout de même assez bien contenue au point d’avoir permis la reprise de bien des activités comme les transports, la réouverture des commerces, des débits de boisson, etc. Dans tous les cas, ce Ramadan 2020 aura été un Ramadan pas comme les autres. Car, malgré les comportements de certaines populations, qui frisent l’incrédulité, la psychose est toujours là et beaucoup de Burkinabè restent encore très méfiants vis-à-vis de cette maladie qui continue de faire des ravages dans le monde. C’est dire si en ce Ramadan 2020, l’ombre du virus mortel a plané sur les traditionnelles visites de familles après la prière, le partage de repas en groupe et les réjouissances populaires qui accompagnent généralement les fêtes religieuses au pays des Hommes intègres. Si l’on ajoute à cela le marasme économique créé par cette crise sanitaire mondiale, l’on est en droit de se demander si en dehors du volet spirituel, cette célébration de l’Aïd el Fitr n’a pas été une fête a minima.

Le Ramadan de cette année, aura été celui de la sobriété

D’autant qu’avec l’assouplissement des mesures, l’on assiste à une reprise timide de l’activité économique qui avait connu un coup d’arrêt avec la fermeture des marchés et la suspension de bien des activités. Et l’on se demande, même si la volonté y était, si la bourse de bien des Burkinabè leur a permis de fêter comme il se devait. Autant dire qu’avec la crise sanitaire du Covid-19 qui est venue en rajouter à la galère des populations, le Ramadan de cette année, aura été celui de la sobriété voire de l’austérité, loin de la bombance et des réjouissances populaires habituelles où certains Burkinabè ont pris l’habitude de continuer la fête jusque tard dans la nuit. Mais dans cette grisaille, ceux qui auront eu plus ou moins le sourire aux lèvres, ce sont les fonctionnaires dont le viim koega* est déjà tombé. Par ces temps de coronavirus et de déconfinement calculé, cela peut valoir son pesant de tour au bistrot pour décompresser. En tout état de cause, coronavirus ou pas, les musulmans et les chrétiens du Burkina sont connus pour leur propension à célébrer dans la convivialité et le partage, les fêtes religieuses sans distinction de foi. Cette année encore et malgré le contexte sanitaire, l’on peut dire que la tradition a été  respectée.

 Le Pays »

*Viim koega : expression en mooré pour faire allusion au salaire.


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