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REELECTION DE ERDOGAN


 Bienvenue au Gondwana ! 

Ça y est ! L’affaire est dans le sac ! A l’issue de la présidentielle et des législatives de dimanche dernier, le président de la Turquie se frotte les mains. Certes, la victoire a quelque peu un arrière-goût de petit échec, puisqu’il l’a remportée sur le fil. Mais, peu importe, seul compte le résultat ; celui de concentrer désormais entre ses mains, les pleins pouvoirs pour régner en maître absolu sur la Turquie. Recep Tayyip Erdogan, hier, «homme fort », aujourd’hui plus fort que jamais ! A présent, il a les coudées franches pour mettre en place la nouvelle Turquie : une Turquie d’un look nouveau, mais, hélas, plus que jamais exposée aux abîmes de la satrapie. Jugez-en vous-mêmes : le poste de Premier ministre supprimé. Qui pis est, l’homme qui préside aux destinées de la Turquie depuis 15 ans, pourra décréter l’état d’urgence à sa guise, gouverner par décret et donc marginaliser le Parlement. Et ce n’est pas tout : liberté lui est donnée de marcher sur les plates-bandes de la Justice. Quelle Turquie donc pour demain ? Imaginez l’avenir, cela fait froid dans le dos. Surtout quand on sait que ce dirigeant a un goût très prononcé pour le pouvoir, ce qui ne sera certainement pas sans conséquences, allusion faite notamment aux dérapages en vue. Tayyip voulait avoir l’œil sur tout et décider de tout. C’est désormais chose acquise. Avec malheureusement le risque que l’omnipotent et l’omniscient capitaine de navire, embarque son peuple vers les eaux tumultueuses des lendemains incertains. En tout cas, vu d’Afrique, avec cette réélection, le président Tayyip Erdogan a désormais tous les attributs de « Président Fondateur au Gondwana ». Il est sur le point de disputer à ce dernier, la palme de l’autoritarisme.

Rien ne permet d’affirmer que ce résultat reflète réellement la vérité des urnes

 52,5% de suffrages en faveur du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur au pouvoir). Certes, cette victoire obtenue de courte tête, pourrait servir de prétexte au pouvoir, pour revendiquer le caractère libre et démocratique du scrutin. Mais, reste à voir ! Car rien ne permet d’affirmer que ce résultat reflète réellement la vérité des urnes. Si l’on ne peut pas taxer la Turquie de République bananière, une chose est en tout cas sûre : au rythme où vont les choses, elle s’en approche dangereusement. Et les faits parlent d’eux-mêmes : une opposition, la vraie, qui n’en finit pas de subir les foudres du pouvoir. A cela, il faut ajouter le fait que la liberté de presse continue de broyer du noir. Comment, en effet, voter libre de toutes pressions, dans un contexte hautement délétère ? Un climat marqué par la vengeance de Tayyip qui n’a pas fini de s’abattre même sur des concitoyens dont la culpabilité n’a jamais été formellement prouvée dans l’affaire du récent coup d’Etat ? En tout état de cause, l’opposition est déjà vent debout contre ce qu’elle qualifie de mascarade électorale. Un parti pro-kurde, le Parti démocratique des peuples (HDP) pour ne pas le nommer, accuse le Haut conseil électoral (YSK) de n’avoir pas respecté les règles du jeu en décidant de comptabiliser des bulletins qui n’ont pas reçu le tampon officiel. Ce n’est pas anodin. Sera-t-il entendu ? Rien n’est moins sûr. En attendant, c’est Recep Tayyip Erdogan qui savoure sa désormais hyperpuissance.

« Le Pays »


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