HomeA la uneRETOUR D’ADAMA BARROW EN GAMBIE : Jour de gloire pour la démocratie

RETOUR D’ADAMA BARROW EN GAMBIE : Jour de gloire pour la démocratie


 

Les Gambiens voulaient leur nouveau président sur leur sol. Ils l’on eu. En effet, investi le 19 janvier dernier à l’ambassade de la Gambie au Sénégal, le nouveau président gambien, Adama Barrow, a rejoint son pays natal, hier, 26 janvier 2017. Attendu à 16h, c’est finalement  plus d’une heure après que l’avion transportant le nouveau chef de l’Etat s’est posé sur le tarmac de l’aéroport international de Banjul, en provenance de Dakar où Adama Barrow  était en attente du départ de son  prédécesseur qui refusait de débarrasser le plancher, et qui y a été contraint sous la pression de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). C’est dans la liesse et la ferveur populaires que le natif de Mankamang Kunda est revenu de son involontaire bref exil dakarois, pour assumer ses charges à la tête de l’Etat gambien. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à travers ce retour d’Adama Barrow au bercail, c’est la volonté et le choix du peuple gambien dans les urnes, qui ont été  respectés. C’est donc un véritable jour de gloire pour la démocratie. Et cela est à l’honneur de la CEDEAO qui a tenu promesse, en joignant l’acte à la parole. Désormais, une nouvelle ère s’ouvre pour la Gambie : l’après Jammeh.

Après le retour triomphal, place maintenant à la réalité du pouvoir

Et le président Barrow qui l’inaugure, a du pain sur la planche, tant les défis et les attentes de ses compatriotes sont énormes. C’est pourquoi il devra travailler à la marquer durablement de son empreinte et de sa personnalité, en apportant des solutions innovantes aux préoccupations de ses compatriotes. Cela, sans donner l’impression de faire de son prédécesseur le bouc émissaire idéal, en se focalisant uniquement sur le passif de ce dernier pour justifier éventuellement ses propres difficultés. De toute façon, en s’engageant à briguer le fauteuil présidentiel,  il savait que la tâche qui l’attend ne serait pas de tout repos. Cela dit, après ce retour triomphal, place maintenant à la réalité du pouvoir qui ne s’annonce pas comme une sinécure, dans un pays où tout ou presque est à reconstruire. A commencer par la relance de l’économie nationale qui a besoin d’un véritable coup de ballet et de fouet, après la prédation du clan Jammeh, pour que les Gambiens ressentent véritablement le changement dans leur quotidien. Car, à y regarder de près, la joie débordante de ces derniers est moins due au départ de Jammeh le satrape, qu’en l’espoir de lendemains meilleurs, après 22 ans de galère sous une des  dictatures les plus féroces du continent. A ce propos, l’on pourrait se demander si le nouveau président bénéficiera d’une période de grâce de la part de ses compatriotes. Rien n’est moins sûr. Car, si le bon sens voudrait que les Gambiens montrent de la patience et de la compréhension pour permettre au nouveau président de prendre ses marques, il n’est pas certain qu’ils résisteront longtemps à la conjoncture si le changement tant espéré met du temps à se matérialiser. Aussi n’est-il pas exclu que la grande masse de ses compatriotes qui croupit dans la misère, se montre impatiente de voir sa situation changer positivement du jour au lendemain, en se fondant sur le fait que Yahya Jammeh qui était supposé être le frein à leur bonheur, n’est plus aux affaires. On l’a peu ou prou vu sous d’autres cieux en Afrique, notamment en Tunisie, en Egypte, etc., où la désillusion de certaines populations a été grande, après que leurs conditions sociales n’ont pas fondamentalement changé au lendemain des révolutions que ces pays ont connues.   Et les peuples sont souvent amnésiques. C’est pourquoi Adama Barrow doit faire preuve de vision et de capacité d’anticipation,  en dégageant une feuille de route claire et en communiquant étroitement avec son peuple. Il doit travailler à faire oublier Yahya Jammeh. D’autant plus qu’il serait fort étonnant que dans les circonstances actuelles, ses compatriotes en viennent à regretter le satrape.

Les Gambiens n’ont raisonnablement pas d’autre choix que de donner du temps  à Adama Barrow pour faire ses preuves

Il dispose donc de grands atouts pour transformer l’essai de son premier mandat en succès. Dans cette optique, le chef de l’Etat devrait mettre un point d’honneur à vite installer un nouveau gouvernement dont on peut, d’ores et déjà, se convaincre qu’il sera très attendu sur le terrain. La tâche sera donc très difficile. Et le moins que l’on puisse dire,  c’est que c’est maintenant que le plus dur commence. Car,  les attentes des Gambiens sont grandes et les besoins pressants, malgré l’étanchement de leur soif de liberté suite au départ de Jammeh. Et les risques de déflagration sociale ne sont pas à écarter, si la question de la réconciliation nationale n’est pas gérée avec tact. Car, on ne déconstruit pas 22 ans de dictature d’un coup de baguette  magique. Et ils sont certainement encore nombreux, les soutiens du président sortant qui sont toujours dans les arcanes du pouvoir et dans les dédales de l’Administration publique.  Sans oublier ses fidèles lieutenants de sa garde prétorienne qui se sont repliés avec armes et bagages à Kanilaï, le village natal de Yahya Jammeh. C’est dire si la page Jammeh sera difficile à tourner. Mais l’espoir est permis, pour peu que les Gambiens se donnent la main et  fassent bloc autour de leur nouveau président.

En tout état de cause, les Gambiens doivent se convaincre qu’ils ne peuvent pas avoir en même temps le beurre et l’argent du beurre. Ils n’ont donc raisonnablement pas d’autre choix que de donner du temps au temps et du temps à Adama Barrow pour faire ses preuves. Ce serait là, la voie de la sagesse.

 « Le Pays »


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