HomeOmbre et lumièreRISQUES D’INONDATION A OUAGADOUGOU : Attention à un autre 1er septembre

RISQUES D’INONDATION A OUAGADOUGOU : Attention à un autre 1er septembre


Revoilà les Ouagalais les pieds dans l’eau. En effet, le dimanche 10 juillet dernier, une forte pluie s’est abattue sur la capitale du « pays des Hommes intègres ». Les dégâts et les désagréments ont été énormes. Les plus emblématiques ont été enregistrés à la Direction générale des transports terrestres et maritimes (DGTTM) et à l’hôpital Yalgado Ouédraogo. Et comme d’habitude, une délégation gouvernementale s’est rendue sur les lieux du sinistre (notamment à l’hôpital) pour, dit-elle, « non seulement apporter son soutien moral aux patients et aux personnels soignants, mais aussi échanger avec la direction du CHU-YO (centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo) sur les mesures urgentes à prendre afin d’éviter de pareils cas dans les jours à venir ». Il est vrai que par ces temps de perturbations climatiques, aucun pays n’est à l’abri des inondations. Des images saisissantes de pays nantis en proie à ce phénomène, sont relayées par les médias. Certes, l’on ne peut pas forcément pointer du doigt la responsabilité des dirigeants de ces pays dans la survenue de ces sinistres. Mais au Burkina comme dans la plupart des Etats africains, les autorités peuvent difficilement dégager leurs responsabilités. De toute évidence, celles-ci ne font pas toujours leur, l’adage selon lequel « gouverner, c’est prévoir ». Un autre adage qu’elles feignent aussi d’ignorer est celui d’après lequel « La vérité de demain se nourrit de l’erreur d’hier ». Il y a en effet 7 ans (1er septembre 2009) qu’une pluie diluvienne s’était abattue sur la capitale burkinabè. A cette occasion, on se souvient, les eaux en furie, avaient causé d’énormes dégâts matériels et occasionné des pertes en vies humaines. La direction générale des transports terrestres et maritimes (DGTTM) et l’hôpital Yalgado Ouédraogo avaient été sinistrés suite au déluge de cette année-là. L’on avait eu la faiblesse de croire que cela servirait de leçon aux autorités pour éviter à l’avenir que pareils cas se reproduisent. L’on peut constater 7 ans après, que cela est loin d’avoir été le cas. Résultat : le désarroi était de nouveau au rendez-vous à la DGTTM et au CHU-YO le 10 juillet dernier. Et personne ne doit s’en étonner outre mesure.

 

Il est impératif pour l’Etat, tout comme pour la population, de s’inscrire dans la rupture

 

En effet, on a parfois la fâcheuse impression que les autorités de ce pays s’attaquent aux effets des inondations tout en oubliant royalement et criminellement, peut-on dire, leurs causes. Tant que les pouvoirs publics ne vont pas intégrer celles-ci dans la recherche de solution au phénomène récurrent des inondations, toutes les actions qu’ils entreprendront pour les juguler, seront vaines.  Quelles en sont ces causes ? L’on peut évoquer d’abord le manque pathologique de vision dans les opérations de lotissement. Aucune zone lotie en dehors de Ouaga 2000, ne dispose de caniveaux appropriés, si fait qu’à la moindre pluie, les rues, si l’on peut les appeler ainsi, se transforment en marécages, véritables bouillons de culture d’anophèles. Cet enfer, les populations le vivent à chaque saison pluvieuse. Le fait d’installer des hommes dans ces endroits non viabilisés, sans aucun confort de vie, est hautement dangereux. C’est le lieu d’interpeller tous ceux qui viennent de se battre tels des chiffonniers, pour se hisser à la tête des exécutifs locaux, par rapport à l’urgence qui se pose à eux de s’investir véritablement dans le sens de l’assainissement de nos communes urbaines et rurales. C’est à ce niveau là qu’ils sont attendus. Sauront-ils faire dans la rupture ? L’avenir nous apportera la réponse. La deuxième cause est liée au fait que les routes que l’Etat construit à coup de milliards de F CFA souffrent de deux maux.

Le premier est que parfois, elles ne sont pas accompagnées de caniveaux.

Le deuxième est que même quand elles sont dotées de caniveaux, ceux-ci n’ont pas les dimensions requises pour permettre une bonne évacuation des eaux de pluie. Les exemples sont légion à Ouagadougou. Comment, dans ces conditions, peut-on lutter efficacement contre le fait que les concessions riveraines de ces routes soient, à chaque pluie, envahies d’eau ? Et subséquemment, comment les autorités qui ont conçu et piloté ces infrastructures défaillantes, peuvent-elles s’étonner de voir les victimes de ces désagréments, ériger des barricades pour traduire leur mécontentement ?

Après ces causes que l’on peut imputer au manque de vision des autorités, l’on ne peut pas passer sous silence la responsabilité des populations dans la survenue des inondations à répétition dans la ville de Ouagadougou. Cette responsabilité se décline de la façon suivante : mauvaise habitude de jeter systématiquement les ordures dans les caniveaux, tendance à construire des kiosques aux alentours des caniveaux au point de les boucher ou d’empêcher les services de la voirie de les curer. Il est devenu impératif pour l’Etat, tout comme pour la population, de s’inscrire véritablement désormais dans la rupture par rapport à toutes les tares ci-dessus évoquées. Autrement, l’on peut craindre un autre 1er septembre 2009. Et lorsque l’on entend le ministre de la Santé dire à propos de l’inondation du 10 juillet dernier, que « l’hôpital est victime des eaux qui viennent de l’extérieur », l’on peut avoir envie de s’interroger : qui a la responsabilité de faire en sorte que ces fameuses eaux venant de l’extérieur, soient bien drainées de manière à éviter l’hôpital ? En guise de conclusion, nous soumettons cet adage à la réflexion des Burkinabè en général et à celle des autorités en particulier: « Le propriétaire de la maison doit constamment la balayer de sorte à ne pas donner raison au scorpion, en cas de piqûre».

 

Sidzabda

 


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