HomeBaromètreLe SAMAB AU PRESIDENT DU FASO : « Il y a une sorte de traitement manichéen des magistrats »

Le SAMAB AU PRESIDENT DU FASO : « Il y a une sorte de traitement manichéen des magistrats »


 

Ceci une lettre adressée au président du Faso par le syndicat autonome des magistrats burkinabè (SAMAB). Cette correspondance date  du 20 avril 2018 et met en cause le ministre de la Justice, René Bagoro, pour des « faits discriminatoires au sein du ministère ». Lisez plutôt !

 

 

« Excellence, monsieur le président du Faso,

 

Le Syndicat autonome des magistrats burkinabè (S.A.M.A.B.) a salué l’avènement de votre accession à la Magistrature suprême de notre pays en tant que président du Faso, président du Conseil des ministres lors des élections présidentielles de novembre 2015. Nous savons votre engagement et votre volonté affirmée de bâtir une nation unifiée et départie de toute stigmatisation ou de toute discrimination sectaire. Cependant, notre organisation a constaté, depuis l’arrivée à la tête du ministère de la Justice de monsieur René Bessolé Bagoro en tant que ministre de la Justice, des droits humains et de la promotion civique, Garde des Sceaux, que sur le plan administratif, il y a une sorte de traitement manichéen des magistrats suivant des considérations qui nous rappellent un esprit grégaire de velléités « d’homme fort » en appelant à des allégeances difficilement acceptables dans un contexte où l’on clame à tout vent que « plus rien ne sera comme avant ».

Pour illustrer nos propos, nous avons tous assisté, comme tout le peuple burkinabè, aux multiples nominations de magistrats au sein du ministère de la justice sans que le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) ne se prononce comme l’exige en ce moment notre Constitution. Nous avons également assisté à des nominations de magistrats à de hautes fonctions administratives ou diplomatiques sans que l’argument circonstancié de l’avis préalable du CSM ne soit brandi par notre si « brillant » ministre de la Justice.

Il a fallu que certains magistrats soient aux perspectives de la confiance de certains membres du gouvernement, ou même obtiennent d’être nommés, pour que, par un coup de bâton magique, l’on se rappelle que le CSM doit émettre un avis. Nous avons, pour ne citer que ces cas, trois de nos camarades qui, dans le silence, ont subi cette grave injustice et nous vous savons au-dessus de la mêlée pour ne pas permettre de tels incongruités.

Il s’agit de : 

 

– Seydou Soulama qui, courant juillet 2016, avait été sollicité par lettre du ministre de l’Energie et des mines adressée au ministre de la Justice, pour un poste de directeur du suivi et de la règlementation de l’Agence nationale d’encadrement des exploitations minières artisanales et semi- artisanales. Celui-ci a attendu une réponse du ministre de la Justice en vain et a fini par demander l’abandon de son projet de nomination ;

– Cheik Wenpanga Compaoré proposé Conseiller technique par le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation a vu son dossier transmis au CSM qui a donné un avis défavorable ;

– et le dernier en date, Boureima Sanga qui, nommé Chargé de missions au ministère de l’Urbanisme et de l’habitat en Conseil des ministres du 4 avril 2018, a vu sa nomination bloquée parce que le ministre de la Justice a entrepris d’écrire au CSM alors que d’autres magistrats nommés dans les mêmes conditions ont pris service sans qu’il ne lève le petit doigt.

Le S.A.M.A.B. est attaché au respect strict de la Constitution et des lois de la République, mais condamne énergiquement l’embrigadement des institutions à des fins inavouées par l’application ségrégationniste des textes. Le S.A.M.A.B. exige le traitement équitable de tous les magistrats sur le plan administratif par l’institution dont monsieur René Bessolé Bagoro a la charge, dans le strict respect du principe de non-discrimination.

Nous vous prions, Excellence monsieur le président du Faso, d’agréer l’expression de nos sentiments distingués ».

Ampliation

– Premier ministère

– Conseil supérieur de la Magistrature

– Intersyndical des syndicats de la Magistrature

 

Le secrétaire général

 

Antoine Sandaogo

 


No Comments

Leave A Comment