HomeA la uneSEPTIEME FORUM DE DAKAR SUR LA SECURITE

SEPTIEME FORUM DE DAKAR SUR LA SECURITE


Dakar, la capitale sénégalaise, accueille depuis le 6 décembre 2021 et ce pour deux jours, le septième Forum sur la sécurité. Une rencontre de haut niveau qui, au-delà des questions sécuritaires, se veut une tribune de réflexion sur « les enjeux de stabilité et d’émergence en Afrique dans un monde post-Covid ».  Un thème que les organisateurs du Forum justifient par le fait que « les enjeux de paix et de sécurité sont indéniablement liés à la capacité de rebond de l’Afrique ». Au nombre des hôtes du président sénégalais, Macky Sall, patron du Forum, les présidents sud-africain, Cyril Ramaphosa, nigérien, Mohamed Bazoum, bissau-guinéen, Umaro Sissoco Emballo, et de la transition tchadienne, Idriss Mahamat Deby. Aux côtés de ces têtes couronnées du continent, plusieurs autres personnalités diplomatiques, militaires ou encore du monde de la recherche, venues d’Afrique, d’Europe, d’Amérique ou d’ailleurs, participent à ce forum de Dakar dont la portée mondiale peut légitimement faire la fierté du pays de la Teranga.

 

La tenue d’un tel forum sur un thème aussi interpellateur, se justifie à bien des égards

 

 

 En tout cas, sa diplomatie peut s’enorgueillir d’avoir frappé un grand coup, en ratissant aussi large et à un niveau de représentativité aussi élevé. Mais la question est de savoir ce que l’on peut en attendre, surtout en termes d’impact pour les pays du Sahel aujourd’hui plus que jamais dans la tourmente sécuritaire.  Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce septième Forum de Dakar sur la sécurité, ne pouvait pas mieux tomber. Car, il intervient au moment où les pays du Sahel voire au-delà, ploient sous les coups de boutoir  des forces du mal qui ne cessent d’endeuiller des familles. En effet, au cours de la seule semaine écoulée, plusieurs attaques terroristes ont été signalées çà et là dans la sous-région ouest-africaine, notamment au Mali où  pas plus tard que le 3 décembre dernier, 31 personnes ont été tuées  dans le Centre du pays, au moment où une douzaine de soldats périssaient au Niger voisin,  suite à une attaque terroriste dans laquelle l’on dénombre aussi de nombreux morts parmi les assaillants. Dans le même temps,  la secte islamiste Boko Haram se signalait une fois de plus au Nigeria, pendant que le Bénin subissait sa première attaque terroriste meurtrière dans le Nord du pays, quelques semaines seulement après le drame d’Inata au Burkina,  qui a créé une véritable onde de choc au sein des populations. C’est dire si la tenue d’un tel forum sur un thème aussi interpellateur dans ce contexte d’insécurité grandissante dans la sous-région, se justifie à bien des égards. Sauf que dans le cas d’espèce, pour la septième édition de ce Forum qui se tient depuis 2014, les organisateurs ont voulu aller au-delà de la seule question du terrorisme, pour « envisager la sécurité et la stabilité de la zone comme un tout ». Ouvrant la rencontre à la réflexion de nombreux participants aux profils différents et sur des thématiques aussi transversales que les questions sécuritaires, sanitaires et économiques.

 

Au-delà des beaux discours et des belles résolutions, ce sont des actes concrets que les populations attendent sur le terrain

 

Une telle vision prospective est une bonne chose qu’il convient de saluer à sa juste valeur. De même que l’initiative même de l’organisation, par le Sénégal, d’un tel forum sur la sécurité que l’on aurait mieux attendue  d’un des pays du G5 Sahel  profondément plongés dans l’œil du cyclone terroriste. Toute chose qui traduit, à tout le moins, la capacité d’anticipation de ce pays sur un sujet aussi brûlant et préoccupant que la question du terrorisme dont il est pourtant, pour le moment, relativement épargné.  Cependant, l’on peut regretter le fait que le sommet ne « reste qu’un moment d’échanges sur de vraies problématiques », sans véritable déclaration attendue, selon ses organisateurs. Ce qui amène à se demander si cette rencontre de haut niveau, ne sera pas un sommet de plus où les gens viendront parler et se séparer sans suite. Autrement dit, des mots peuvent-ils soigner des maux s’ils ne sont pas suivis d’effets sur le terrain ? L’on peut d’autant plus en douter que ce genre de rencontres au sommet, qui suscitent beaucoup d’espoirs, finissent par accoucher, dans le meilleur des cas, de recommandations qui peinent à être traduites en actes sur le terrain. Dans le pire des cas, elles sont simplement rangées dans des tiroirs ou jetées aux oubliettes au moment de la séparation des forumistes, comme s’il s’agissait de simples rencontres  entre amis ou larrons en foire à la recherche d’occasions de retrouvailles. Et cela est encore pire quand les appels à la solidarité internationale, restent pratiquement sans écho, comme ce fut moult fois le cas pour la mise en place de la force conjointe du G5 Sahel. C’est pourquoi l’on attend de voir la suite qui sera réservée au plaidoyer du président Macky Sall face à l’isolement de l’Afrique du Sud pour cause de variant Omicron du Covid-19. C’est dire si plus que la pertinence de ce genre de rencontres de haut niveau qui ne souffrent pas de débat, ce sont les recommandations qui en découlent et surtout  la suite qui leur est réservée, qu’il convient de considérer plus que tout. Car, au-delà des beaux discours et des belles résolutions, ce sont des actes concrets que les populations attendent sur le terrain pour se convaincre de l’utilité de tous ces sommets qui se multiplient sans véritable impact apparent sur leur quotidien. C’est pourquoi, au-delà des dividendes diplomatiques pour le pays de la Teranga, le forum de Dakar sur la sécurité, ne doit pas rater l’occasion de prouver le contraire.  C’est dire si l’on espère qu’il fera bouger les lignes, dans le bon sens.

 

 « Le Pays »

 

 


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