HomeOmbre et lumièreSOCIETE:8 fillettes excisées à Ouaga, 15 autres sauvées à Koupéla

SOCIETE:8 fillettes excisées à Ouaga, 15 autres sauvées à Koupéla


Ceci est une déclaration de l’association Jeunesse unie pour l’éradication de l’excision au Burkina Faso (JEUNEE/BF). Elle révèle deux cas d’excision qui ont eu lieu à Ouagadougou et à Koupéla. Pour lutter efficacement contre le fléau, il propose cinq mesures. Lisez !

Un cas d’excision en plein Ouaga ! Qui l’eût cru ? Et pourtant c’est le supplice que viennent de subir 8 fillettes dans un quartier de la capitale burkinabè. Le temps de se remettre de cette stupéfaction qu’on apprend que 15 fillettes ont été sauvées de justesse de la lame tranchante d’une exciseuse à quelques encablures de Koupéla dans la province du Kouritenga. C’est donc maintenant presqu’une coutume. Chaque année, les vacances s’écoulent avec leur lot de colonies, d’escapades mais aussi beaucoup ne le savent pas malheureusement, leur ribambelle de douleurs, de pleurs, de malheurs et même de mort. Le fait en lui-même n’est pas nouveau car il rémonte à la nuit des temps. Mais la forme a changé pour s’adapter à l’évolution sociale et juridique. En effet, avec l’adoption de la loi contre l’excision en 1996, sa pratique a perdu son caractère rituel pour entrer dans une mafieuse et pernicieuse clandestinité doublée d’un rabattement de l’âge à l’excision. L’autre défi qui constitue une conséquence directe de l’adoption de la loi, c’est la pratique transfrontalière de l’excision qui se développe essentiellement dans les communes frontalières avec les pays qui n’ont pas encore légiféré sur la question. Or l’adage dit que quand « ta tante change de mari, il faut changer de parent à plaisanterie ». Il faut d’emblée saluer l’implication des élus locaux après les leaders coutumiers et religieux et les ex-exciseuses dans les activités de sensibilisation et de plaidoyer. Au regard de la proximité des locaux avec les populations à la base, cette option dévéloppée par le SP/CNLPE (Secrétariat permanent du Conseil national de lutte contre la pratique de l’excision), s’avère salutaire mais il convient de la renforcer et surtout d’en envisager d’autres. C’est pourquoi nous proposons ces cinq mesures qui, pour la plupart, sont déjà en application mais méritent d’être renforcées pour éradiquer cette pratique.

1- Appliquer rigoureusement la loi

La non-application ou l’application légère de la loi contre l’excision est considérée comme une entrave à l’éradication de cette pratique. Le sursis qui n’est pas toujours bien compris, est considéré comme une prime à la récidive.

2- Impliquer davantage la jeunesse

La jeunesse est le fer de lance d’une nation. Pour le cas particulier de l’excision, les jeunes constituent les victimes potentielles et de ce fait peuvent constituer une force dynamique et vigoureuse pour une résistance appropriée contre les conservateurs fieffés qui encouragent encore la pratique de l’excision. Il faut faire des jeunes, plus que des bénéficiaires, les premiers acteurs de ce combat.

3- Mettre à contribution les filles non excisées

Certains mythes comme celui du clitoris tueur de bébé sont persistants. Le témoignage de la maternité normale de ces filles qui ont aujourd’hui des enfants, permet de démystifier ces croyances érronées.

4- Utiliser les réseaux sociaux

La jeunesse vit aujourd’hui dans les réseaux sociaux. Porter cette question dans cet espace permet de mettre les cibles principales en contact avec le sujet.

5- Renforcer l’introduction des modules sur l’excision dans l’enseignement

C’est un programme déjà appliqué dans certains établissements pilotes qui mérite d’être étendu à tous les établissements.

L’association Jeunesse unie pour l’éradication de l’excision au Burkina Faso (JEUNEE/BF), en tant que structure faîtière de la jeunesse en matière de promotion des droits de la femme et de la jeune fille, reste convaincue que cette frange de notre société constitue un partenaire dynamique et sûr pour l’éradication de cette pratique. C’est pourquoi, en plus de nos activités programmatiques et ponctuelles, nous avons initié une caravane Stop excision depuis 2012 . A un mois du lancement de la 3e édition de cette activité qui sillonnera 10 communes frontalières avec le Mali et la Côte d’Ivoire, le regard est tourné vers les partenaires techniques et financiers (PTF) et les bonnes volontés qui oeuvrent à la promotion des droits de la femme et de la jeune fille. C’est le lieu pour nous de réiterer nos remerciements au SP/CNLPE pour l’accompagnement technique et à l’UNFPA et l’UNICEF pour leur soutien financier à la deuxième édition de la caravane et leur engagement à accompagner la 3e édition. Notre conviction est que c’est dans la conjugaison des efforts, tout en mettant l’accent sur la jeunesse, que nous pourrons venir à bout de cette pratique qui touche encore 76% de femmes de 15 à 49 ans et 13% des fillettes de 0 à 5 ans au Burkina Faso, selon l’EDS IV publiée en 2010.

Pour l’association Jeunesse unie pour l’éradication

de l’excision au Burkina Faso (JEUNEE/BF)

Le coordonnateur général

Idrissa Konditamdé

Email : [email protected]


Comments
  • L’excision en notre temps était considérée comme un moyen de valorisation de la fille étant donné que celles qui n’étaient pas encore excisées étaient sans valeurs et étaient considérées comme des filles non propres. Les parents étaient plutôt fiers d’apprendre que leurs filles sont excisées. Pourtant il fallait faire des consultations auprès des voyants pour s’assurer que l’opération sera saine et qu’il y aurait du succès au niveau de la mobilisation. Il y avait des fois des problèmes d’hémorragie et de décès. Bref. Étant donné que le clitoris selon les gynécologues est la partie excitante du sexe féminin pour le rapport sexuel, les Africains de certaines régions avaient estimé que le clitoris provoque la prostitution; surtout que certaines croyances aussi avait renforcé cette idée. Bref.

    5 septembre 2014

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