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SORTIE MEDIATIQUE DE L’UNAPOL


« Le linge sale se lave en famille », dit l’adage. Mais tout laisse croire que l’Union police nationale (UNAPOL) n’a pas fait sien cet adage. C’est du moins ce qui transparaît à l’analyse de sa sortie médiatique du 23 septembre dernier.  Au fait, ce syndicat de la police nationale a, sans autre forme de diplomatie, affirmé que des armes destinées à son corps, ont été ou sont en voie d’être détournées par d’autres frères d’armes.  Comme pour enfoncer le clou, l’UNAPOL a menacé de lever, à son initiative, certains check-points de la police si ces armes ne sont pas restituées dans les meilleurs délais. Au regard de la gravité de tels propos, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a réagi depuis New York où il prend part à la 74e  Assemblée générale des Nations unies. Sans véritablement trancher dans le vif, le chef suprême des armées a laissé entendre qu’en fonction d’une situation donnée, un calibrage peut être fait. Ces propos suffiront-ils à rassurer les hommes de l’UNAPOL? On en doute fort. En attendant qu’une solution soit trouvée, il y a lieu de savoir raison garder. C’est un secret de Polichinelle, le Burkina fait face depuis 2016, à des attaques terroristes récurrentes  avec leur corollaire de morts d’hommes et de nombreux déplacés internes. C’est dire s’il y a urgence à traiter avec délicatesse toute question en rapport avec la sécurité. Malheureusement, l’attitude des acteurs censés lutter contre le phénomène, laisse croire le contraire. Tout en reconnaissant la légitimité des revendications de l’UNAPOL et ce, dans la mesure où les policiers payent aussi un lourd tribut dans la lutte contre le terrorisme, l’on ne peut s’empêcher de se demander si cette sortie médiatique en valait la peine. Comme le dit l’adage, « quand la pluie vous bat, évitez à votre tour  de vous battre entre vous ». A dire vrai, cette guéguerre entre la police et le gouvernement, n’augure rien de bon pour le pays.

Chacun doit mettre de l’eau dans son vin

 

Bien au contraire, elle étale au grand jour, les faiblesses du système sécuritaire du Burkina devant les forces du mal qui veulent coûte que coûte amener le gouvernement à courber l’échine.  En tout cas, les terroristes n’en demandaient pas mieux et Dieu seul sait s’ils sont en train de rire sous cape. Attention donc à ne pas faire le jeu de l’ennemi !  Il urge de crever l’accès car la question de l’équipement des policiers en armes lourdes, commence à empoissonner, si ce n’est déjà fait, le climat sécuritaire. Or, on le sait, la désunion des fils de la Nation ne peut que servir les intérêts de l’ennemi. Ne dit-on pas que c’est quand il y a des fissures dans la maison que les lézards s’y introduisent aisément ? Après tout, ce ne sont pas toujours les armes qui permettent de remporter la guerre face à l’ennemi, mais plutôt le courage et la stratégie des hommes. Combien de soldats ont décampé dans cette guerre asymétrique, tels des lapins, laissant ainsi le champ de bataille libre aux terroristes qui se servent en armes de tout genre ? Les armes lourdes sont certes nécessaires, parce que permettant quelquefois de dissuader l’ennemi. Mais en matière de guerre asymétrique, ce type d’armes peut se révéler quelquefois inopérant.  Cela dit, si le syndicat semble avoir franchi le Rubicon, l’Etat aussi a manqué à son devoir. On ne peut pas vouloir d’une chose et de son contraire. Si l’on veut que les policiers croisent le fer contre les ingénieurs du mal, il faudra nécessairement leur donner des moyens  conséquents.  Ils ne peuvent, au nom de la défense de la patrie, offrir leurs poitrines aux balles des ennemis parce que l’Etat refuse de les équiper en armes adéquates.  En tout état de cause, chacun doit mettre de l’eau dans son vin, il y va de l’intérêt de la Nation. Le mouta mouta* n’a pas sa place dans la gestion de cette crise sécuritaire qui met à rude épreuve la cohésion sociale et le vivre-ensemble.

Dabadi ZOUMBARA

 

 

 * silence ambigu

 


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