SORTIE DU SYNTRAGMIH SUR LE PAIEMENT DES HEURES SUPPLEMENTAIRES : Le droit de réponse de la Direction générale de Bissa Gold
Dans un article paru dans nos colonnes, des travailleurs de Bissa Gold réclamaient le paiement des heures supplémentaires. La direction générale réagit à travers le droit de réponse ci-dessous, où elle apporte « des éclaircissements sur des informations inexactes et/ou incomplètes ». Pour la direction générale, la sortie du SYNTRAGMIH frise « la diffamation ». Lisez plutôt !
Monsieur le directeur,
Dans votre parution du 26 avril 2018, vous vous êtes fait l’écho d’une conférence de presse animée par une corporation syndicale, notamment le SYNTRAGMIH. Ainsi titriez-vous: « Semafo-Bissa Gold. Les travailleurs réclament le paiement des heures supplémentaires». Le contenu de ce point de presse relayé par votre organe de presse, nous interpelle du fait qu’il contraste avec la réalité.D’où cette option de notre société, Bissa Gold SA, d’apporter des éclaircissements sur des informations inexactes ou incomplètes qui ont été distillées par le canal de votre journal.Tout en espérant jouir de notre droit de réponse, nous tenons à réaffirmer que Bissa Gold SA respecte le droit du syndicaliste de défendre les intérêts de ses membres, quels que soient leurs intérêts. C’est pourquoi nous sommes très déçus de voir que, dans la poursuite de leurs objectifs, les animateurs de cette conférence ont privilégié la voie de la diffamation à celle du dialogue social efficace.
De la question des heures supplémentaires dans la rotation 4/4 actuelle.
La rotation actuelle, pour la majorité du personnel de production, est 4/4: 4 jours de travail avec 12 heures de travail, 4 jours de repos. En moyenne, cette rotation génère 8 heures supplémentaires par semaine de travail. Ces heures supplémentaires ne dépassent pas les heures supplémentaires légalement autorisées de 20 heures par semaine et sont payées en conformité avec la législation du travail en vigueur au Burkina, avec une majoration respective. Idem pour le travail des jours fériés.
Que dit la loi en vigueur ?
Les partenaires sociaux réclament le respect de la loi du travail. Ce n’est pas un secret que la seule norme explicite énoncée dans la loi, est de 8 heures de travail par jour, 40 heures par semaine, ce qui correspond à une rotation de 5/2.Toutes les autres rotations et leurs conditions devraient faire l’objet d’un accord entre l’administration et les représentants du personnel. Donc, la rotation de 7/7 réclamée par les délégués n’est pas plus légale que celle du 4/4. La seule façon de la rendre légale, est de parvenir à un accord avec l’administration via des négociations.
Du choix de la rotation de 4/4
C’est un fait que la rotation 7/7 a été utilisée quand la mine était en phase de construction. En 2013, lorsque la mine est entrée en production, cette rotation a été remplacée par le 4/4 sur décision de la direction, en raison des besoins de production. En son temps, les employés n’avaient pas été consultés et la réponse se veut simple: Bissa Gold n’avait ni de représentants ni de délégués de personnels à ce moment, car la majorité des employés étaient sous contrat avec une société de placement. Les premières élections de délégués de Bissa ont eu lieu en septembre 2016, car les employés (800) qui avaient des contrats avec les sous-traitants, ont été progressivement transférés sur des contrats permanents avec Bissa, peu de temps après que les représentants des employés aient été élus. La négociation sur le transfert de la rotation du 4/4 au 7/7 a alors pu commencer. Le point de départ des négociations était pour le bien-être des employés, avec une rotation de 7/7 leur donnant plus de temps pour le repos. Au cours des négociations, les revendications salariales de la part des représentants du personnel, ont pris le pas sur l’argument du repos, ce qui mettait en péril la stabilité financière de l’entreprise.De juin 2017 à mai 2018, l’administration de Bissa Gold a fait de nombreuses propositions sur les conditions de la rotation 7/7 qui auraient entraîné une augmentation significative du revenu des employés (jusqu’à 9%). Les propositions sont basées sur ce que l’on appelle le « système de Taparko », Taparko étant une autre mine du même groupe et citée par les syndicalistes comme une mine où les lois du travail sont respectées.Toutes ces propositions ont été rejetées par les représentants du personnel et leurs collègues syndicalistes jusqu’à présent. La dernière demande était d’aller à la rotation de 8h par jour /40 h par semaine (5/2). Ce qui fera chuter les revenus des employés de manière significative. Actuellement, l’administration de la mine se trouve dans la position de protéger les employés contre cette demande imprudente. Il est important de mentionner qu’à notre demande, le ministère en charge du travail et l’inspection du travail ont participé aux négociations et ont été consultés régulièrement. Par souci de transparence, les représentants des employés ont été invités aux réunions tri-latérales avec les autorités.L’administration poursuit ses efforts dans les négociations, pour trouver une solution avantageuse pour toutes les parties, qui permettra d’améliorer l’équilibre travail-vie personnelle des employés, de conserver leurs emplois et d’augmenter leurs revenus. Enfin, il faudrait noter que les compagnies minières sont les plus gros contribuables et employeurs du pays. Il est dans l’intérêt commun, de maintenir leur stabilité financière jusqu’à la fin du cycle de vie de la mine. Plus nous générons du revenu, plus nous payons d’impôts pour les besoins sociaux du pays, plusnous préservons les emplois les plus demandés. Pour exemple, le montant global des impôts, les dividendes et autres paiements obligatoires versés à l’Etat en 2017, était d’environ 30 000 000 000 (trente milliards) de F CF A. En 2017, Bissa Gold employait plus de 1100 employés locaux, avec un salaire mensuel minimum brut hors bonus de 201 497 (deux cent un mille quatre cent quatre-vingt-dix-sept) F CFA. Quant au salaire mensuel moyen, il est de 595 000 (cinq cent quatre-vingt-quinze mille) F CFA brut hors bonus; quand on sait que le SMIG est de 33 139 (trente-trois mille cent trente-neuf) F CFA. La couverture de l’assurance santé est passée de 80% à 85% depuis 2017.Pour ce qui concerne les pointages, les travailleurs sont pointés strictement, conformément aux heures réalisées. Ce pointage est effectué par des pointeurs dans chaque département et transmis directement au service de la paie pour suite. Il faut aussi mentionner que Bissa Gold est soucieuse du plan de carrière de ses employés et depuis 2016, un plan de succession a été mis en place dans l’entreprise. En 2017, ISO promotions ont été réalisées pour le personnel national pour des postes de responsabilité supérieure; 25 employés ont pu aller se former dans nos mines sœurs de Lefa en Guinée, de Taparko au Burkina Faso et au siège à Moscou, dans le cadre de programmes de développement. Au total, 62 300 heures de formation ont été réalisées en 2017 contre 55 345 heures en 2016.Aussi, en 2017, une formation du personnel expatrié aux us et coutumes du Burkina a été mise en place et dispensée par deux maîtres de conférence de l’Université Ouaga I Professeur Joseph Ki-Zerbo.Pour ce faire, nous exhortons les délégués syndicaux et les délégués du personnel de Bissa Gold à tenir compte dans les revendications, des dCtls et des enjeux impliqués, et revenir à la table des négociations au bénéfice mutuel de l’entreprise et des employés.En conclusion, nous pouvons noter que le fait même que les syndicats demandent le respect de la loi et en même temps la rotation 7/7, ce qui n’est pas prévu par la loi, montre que l’industrie a besoin d’une réglementation supplémentaire qui permettra d’adapter la législation du travail existante à la réalité du secteur minier, avec des opérations continues.Par exemple, le calcul arithmétique simple montre que les employés travaillant sur le 4/4 ou le 7/7 (ou toute autre rotation avec 50% / 50% de ratio entre les jours de travail et de repos) 12h de travail, et les employés travaillant sur 5/2 avec 81-1 de travail, peuvent obtenir presque le même nombre moyen d’heures de travail par mois. Alors que la première catégorie reçoit des heures supplémentaires, la deuxième n’en reçoit pas.Une convention sectorielle minière, élaborée en collaboration avec l’administration, les sociétés minières et les syndicats, permettrait de concilier ces controverses, pour le bénéfice mutuel des entreprises des travailleurs et du Burkina Faso. Vous remerciant par avance pour les dispositions que vous prendrez pour la publication de notre droit de réponse, je vous réitère, Monsieur le directeur de publication, l’expression de ma considération distinguée.
Le Directeur Général
Johan LABUSCHAGNE