HomeA la uneGREGOIRE BAKY, CHEF DE SERVICE DES APPLICATIONS METEOROLOGIQUES

GREGOIRE BAKY, CHEF DE SERVICE DES APPLICATIONS METEOROLOGIQUES


La période de mai et juin est la période d’installation de la saison des pluies. Pour mieux comprendre les prévisions météorologiques de cette année, nous avons rencontré, dans la matinée du 11 juin 2020, à l’Agence nationale de la météorologie à Ouagadougou, Grégoire Baky, chef de service des applications météorologiques. Il ressort de cet entretien, que selon les prévisions météorologiques, on enregistrera, au cours de cette saison au Burkina Faso, une assez bonne répartition des pluies sur le territoire national, avec des probabilités d’inondations. Lisez plutôt !

« Le Pays » : Quelle est votre appréciation de la situation météorologique actuelle ?

Grégoire Baky : Comme appréciation, on pourrait dire que les prévisions qu’on avait données dès le départ par rapport à la saison des pluies, sont en train de se réaliser sur l’ensemble du territoire sur la zone soudanienne, la zone soudano-sahélienne et la zone sahélienne du pays. Au départ, on avait dit qu’on assisterait à une installation précoce à tendance normale de la saison des pluies sur l’ensemble du pays, et je pense que cette prévision est en train de se réaliser.

Comment s’annonce alors la saison des pluies cette année ?

Selon les résultats des prévisions saisonnières, on avait indiqué que pour la période de juin-juillet-août, on assisterait à une situation normale à tendance excédentaire de la pluviométrie sur l’ensemble du pays.

On a constaté, en ce début de mois de juin, que des pluies ont été enregistrées dans plusieurs localités du Burkina Faso. Peut-on dire que la saison pluvieuse s’est installée ?

Notre prévision envisageait une installation précoce à tendance normale de la saison des pluies sur l’ensemble du pays. Effectivement, depuis le mois de mai, sur la partie Sud du pays, beaucoup de localités ont enregistré des quantités de pluies qui peuvent permettre aux producteurs de commencer la saison agricole. Egalement, à l’heure actuelle, au niveau de la zone soudanienne de notre pays ainsi que certaines localités de la zone sahélienne, les quantités de pluies reçues ont permis aux producteurs de démarrer les activités champêtres. Nous pensons que les prévisions que nous avons faites avant le début de la saison agricole, sont en train de se réaliser.

On a vu des sites de déplacés à Kongoussi, dans le Nord, inondés en ces débuts de saison pluvieuse. Selon vos prévisions, ce phénomène sera-t-il vécu tout au long de la saison hivernale ou est-ce une situation ponctuelle ?

On ne peut pas dire que c’est une situation ponctuelle.

« Nous sommes à l’installation de la saison, on pourrait avoir des événements pluvieux importants »

Nous avions indiqué, lors de notre point de presse tenu en début de mois de mai dernier à l’Agence nationale de la météorologie, qu’au cours de la campagne agricole cette année, on allait assister à une situation pluviométrique excédentaire à tendance normale. Cela voudrait dire qu’il y a de fortes probabilités que dans la majeure partie de notre pays, l’on assiste à des événements pluvieux, où les quantités de pluies pourraient être exceptionnelles. Dans les conseils agrométéorologiques que nous avons donnés aux producteurs et aux Hommes de médias, il est indiqué de prendre les dispositions nécessaires parce qu’il y a une forte probabilité que des inondations se produisent dans notre pays. Nous pensons qu’à l’heure actuelle, c’est ce qui est en train de se produire. Etant donné que nous sommes encore à l’installation de la saison, on pourrait toujours avoir des événements pluvieux importants.

De quels moyens dispose-t-on pour maîtriser la pluviométrie au Burkina Faso ?

Justement, il y a un des volets de la prévision saisonnière qui prend en compte cet aspect des choses. Dès l’entame de la saison ou même avant que la saison ne s’installe, on essaie d’indiquer aux producteurs, la possibilité ou non de la survenance de poches de sècheresse. Pour un usager qui comprend bien l’information climatique que nous donnons, il peut savoir qu’au cours de la saison, on pourrait avoir des poches de sècheresse ou pas.

Quel type de collaboration existe-t-il entre le ministère de l’Agriculture et le service de la météorologie ?

Entre le ministère de l’Agriculture et le ministère des Transports, puisque l’Agence nationale de la météorologie y est logée, il y a une parfaite collaboration puisque nous sommes complémentaires. Lorsque nous élaborons des informations aussi bien météorologiques que climatiques, nous les mettons à la disposition des directions régionales du ministère de l’Agriculture, des organisations paysannes ou des ONG travaillant avec le monde paysan. C’est le cas des prévisions saisonnières qui, dès l’entame de la saison pluvieuse, sont mises à leur disposition. Il y a aussi le groupe de travail pluridisciplinaire dans lequel l’Agence nationale de la météorologie et le ministère de l’Agriculture jouent un rôle central. C’est un groupe qui est constitué d’agents des ministères de l’Agriculture, de l’Environnement, de l’Elevage, de la Santé, de l’Action sociale et de bien d’autres structures de l’Etat et des Partenaires techniques et financiers, dans le but de suivre l’évolution de la saison agricole. On pourrait bien dire qu’il y a une bonne collaboration entre l’Agence nationale de la météorologie et le ministère de l’Agriculture. C’est-à-dire que nous avons une parfaite collaboration non seulement avec le ministère de l’Agriculture, mais aussi avec d’autres ministères.

D’aucuns reprochent à l’Agence nationale de la météorologie de ne pas être crédible sur certaines prévisions. Que leurs répondez-vous ?

La prévision est basée sur des probabilités. Cela veut dire que l’évènement prévu peut se réaliser tout comme il pourrait ne pas se réaliser. Par exemple, quand on dit qu’il va pleuvoir au centre du pays, l’usager s’attend à ce que la pluie tombe dans son quartier. Alors que pour la météo, s’il est prévu une certaine quantité pour le centre et que dans un quartier de Ouagadougou, même si on enregistre un millimètre, pour la météo, la prévision s’est réalisée. Vous voyez que les gens nous accusent à tort ! C’est cet élément de réponse que je peux donner à votre question.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans votre mission ?

Notre principale difficulté est la diffusion des informations météorologiques. L’Agence nationale de la météorologie élabore tout un ensemble de produits pour les domaines de l’énergie, de l’agriculture, de la santé… La difficulté, c’est comment faire pour que ces données parviennent aux destinataires, les personnes les mieux indiquées pour les utiliser.

Quels conseils à l’endroit des producteurs ?

Je pense que pour les zones où les producteurs n’ont pas encore commencé à semer, nous leur conseillons de ne pas hésiter dès qu’ils obtiennent une quantité de pluie qui leur permet de démarrer la saison agricole. En tout cas, les prévisions saisonnières indiquent que par la grâce de Dieu, on pourrait avoir une bonne pluviométrie bien répartie globalement dans l’ensemble. A l’endroit des éleveurs, nous leur conseillons de parquer les animaux dans les bas-fonds pour éviter certaines épizooties, mais de les parquer dans des endroits plus élevés. Qu’ils prévoient la vaccination des animaux contre les différentes maladies.

Un mot de fin ?

En guise de mot de fin, je voudrais inviter la population ainsi que l’ensemble des usagers à suivre les prévisions météorologiques et les prévisions climatiques. Cela permettrait d’éviter les pertes au niveau des engrais agricoles, au niveau des produits de traitement phytosanitaire. Si par exemple, un producteur ne suit pas les informations, il peut aller répandre son engrais et quelques heures après, une grosse pluie survient pour lessiver la quantité d’engrais utilisée. Ce qui sera une perte enregistrée. Il en est de même pour les produits de traitement phytosanitaire, d’où la nécessité de suivre au jour le jour les informations diffusées dans les différents médias.

Kiswendsida Fidèle KONSIAMBO


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