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PRESIDENTIELLE BURKINABE


Au fur et à mesure que la compilation des résultats du scrutin du 22 novembre dernier, progresse à la Commission électorale nationale indépendante (CENI), la victoire de Roch Marc Christian Kaboré (RMCK) se dessine très nettement. Le « coup K.-O. » promis par ses partisans et qui a été le principal slogan de leur campagne, est donc en passe de devenir une réalité à la très grande désillusion des militants et sympathisants de l’opposition qui crient à l’achat de consciences et à la complicité tacite de la CENI.  Mais ce raz-de-marée électoral réalisé par le candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), qui a aussi bénéficié du renfort des partis membres de l’Alliance des partis de la majorité présidentielle (APMP) et de certaines organisations de la société civile, n’a véritablement pas de quoi surprendre. Et pour cause. En plus d’avoir mis sur pied une grosse machine électorale et mobilisé de  gigantesques moyens, Roch Marc Christian Kaboré bénéficiait de la prime au candidat sortant. Non seulement il avait un bilan à défendre, notamment dans le domaine de la réalisation des infrastructures où le constat crève les yeux,  mais aussi il pouvait compter sur l’appareil d’Etat qui s’est entièrement mis à sa disposition.

 

L’opposition aurait nettement amélioré son score si elle s’était alignée  derrière un candidat unique

 

A cela, il faut ajouter l’effet de la perception culturelle du chef qui, chez bien des populations, ne peut être remplacé ou humilié.  L’un dans l’autre, on peut l’affirmer, l’enfant de Tuiré dans le Ganzourgou, est parti avec une longueur d’avance sur ses concurrents dans ce sprint final qui a été fatal à tous ceux qui rêvaient de la première place sur le podium.      Quant à l’opposition, au fur et à mesure que la victoire du candidat au pouvoir se précise, elle n’a que ses yeux pour pleurer. Mais sans balayer du revers de la main tout le chapelet de griefs qu’elle égrène à l’encontre de Newton Ahmed Barry et son équipe,  elle devrait, avant tout, s’en prendre à elle-même. Elle a, en effet,  d’abord péché par la stratégie qu’elle a définie et mise en œuvre. De nombreux analystes estiment, en effet, que l’opposition aurait nettement amélioré son score si elle s’était alignée  derrière un candidat unique. Une telle option aurait permis de mutualiser les ressources et de tenir la dragée haute au candidat du pouvoir. Mais contrairement à cela, chacun des candidats de l’opposition a préféré « être tête de rat que queue d’éléphant », oubliant ainsi la formule sacrée selon laquelle « l’union fait la force ».  A la défaillance de la stratégie, l’on doit aussi ajouter comme facteur explicatif de la bérézina de l’opposition, la modicité de ses moyens. Car, il n’est un secret pour personne que le véritable talon d’Achille des oppositions en Afrique, c’est leur indigence financière. Enfin, un des facteurs de la débâcle de l’opposition à cette présidentielle, est aussi le discours tenu par certains de ses leaders. Le retour du président déchu Blaise Compaoré et de certains de ses compagnons d’infortune dont certains ont fait leur cheval de bataille, a du mal à passer dans une bonne partie de l’opinion nationale pour laquelle les souvenirs demeurent encore très vivaces. 

 

Le candidat que tout annonce pour l’instant gagnant, se doit de secouer très fortement le cocotier pour qu’en tombent tous les fruits pourris

 

Il ne reste plus qu’à  espérer, pour les échéances à venir, que les opposants tirent toutes les leçons de leur insuccès même si certains d’entre eux, devraient songer à prendre leur retraite politique. Cela dit, l’opposition n’a pas à trop rougir de sa défaite. Elle peut se consoler en trouvant le bouc émissaire que représente la CENI. Et puis, il y a encore l’espoir d’une bonne moisson au niveau des législatives même si, à ce niveau, les certitudes ne sont pas établies.  Pour revenir au candidat que tout annonce pour l’instant gagnant, il doit savoir garder la tête sur les épaules et ne pas se laisser griser par la victoire au point d’oublier qu’une fois élu, il est le président de tous les Burkinabè, y compris de ceux qui ne l’ont pas élu ou qui l’ont combattu. Il doit éviter surtout de dormir sur ses lauriers et se remettre au travail pour donner raison à tous ceux qui lui ont accordé leur confiance.  Pour cela, il se doit de secouer très fortement le cocotier pour qu’en tombent tous les fruits pourris qui ont menacé de gangrener son premier mandat. En tout cas, il a les moyens de le faire, surtout qu’il n’a plus l’entrave que représente l’angoisse de briguer un autre mandat. Le nouvel élu à la magistrature suprême doit aussi et surtout chercher à décrypter le fort taux d’abstention à cette élection et se donner ainsi les moyens de comprendre le message de cette majorité silencieuse. C’est à ces conditions qu’il peut se faire une place dans le panthéon du Burkina Faso comme le président Thomas Sankara dont l’héritage continue d’alimenter certains discours de sa campagne. Faute de comprendre cela, il devrait être permanemment sur le qui-vive pendant tout son quinquennat car, comme l’a montré si bien l’exemple du Mali avec l’ex-président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), le peuple qui l’a massivement adoubé peut bien vite retourner sa veste si ses attentes sont déçues.  Et ces attentes sont bien connues. Il s’agit principalement du retour de la paix et de la relance de l’économie pour améliorer substantiellement les conditions de vie des populations du Burkina Faso qui reste encore très loin derrière dans la course pour l’atteinte des objectifs du développement durable.  

 

« Le Pays » 


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