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PRESIDENTIELLE IVOIRIENNE


Soro à petits pas vers le palais de Cocody ?

En Côte d’Ivoire, ce qui apparaissait comme un point d’horizon est en train de grossir au point qu’il est devenu visible par tous. Cette image sied bien à la position de Guillaume Soro par rapport à la présidentielle de 2020. En effet, de manière progressive et méthodique, l’ancien chef rebelle réunit, chaque jour que Dieu fait, les ingrédients pour aller à l’assaut du palais de Cocody. Le premier petit pas qu’il a posé dans ce sens, est d’avoir joué à l’indiscipliné notoire vis-à-vis de sa propre famille politique qu’est le RDR (Rassemblement des républicains) de sorte à ce qu’on lui indique la porte de sortie. Et c’est ce qu’il a fait avec éclat en démissionnant du perchoir. Le deuxième petit pas pour lui a été la mise en place de son propre groupe parlementaire à l’Assemblée nationale.

Les ambitions de Guillaume Soro semblent se préciser 

Cette structure dénommée le RACI a vite fait de déposer armes et bagages dans l’opposition. Et la présidente de ce groupe parlementaire battant pavillon « Soro », Célestine Trazéré, parlant de leur désormais ex-allié, Alassane Ouattara, n’y est pas du tout allée avec le dos de la cuillère. Extrait : « L’homme que nous avions connu dans les années 1990 à 1993, qui nous avait fait rêver, n’est plus le même aujourd’hui ». Et d’ajouter : « Nous faisons confiance à notre président Guillaume Soro, qui a démontré qu’il était un homme d’Etat ». Cette rupture avec son ancien mentor, n’est pas sans rappeler celle qu’avait opérée Jupiter (Emmanuel Macron) vis-à-vis de François Hollande à l’effet d’aller à la conquête de l’Elysée. La suite, on la connaît. Son expérience, pour ne pas dire son audace, a porté ses fruits.

Le troisième petit pas de Soro vers la conquête du palais de Cocody, a été la création d’un comité politique. C’était le 15 février dernier. Cette structure, aux contours flous peut-on dire, a pour vocation, selon lui, de lui permettre de « participer au débat national ». Les ambitions de Guillaume Soro semblent se préciser avec l’entrée en scène de ce parti politique d’obédience, dit-on, social-démocrate. Et tout semble indiquer que c’est sous la bannière de celui-ci que Guillaume Soro briguera la présidence de la République. L’on attend maintenant que l’intéressé tombe carrément le masque pour déclarer, de sa propre bouche, qu’il est partant pour 2020. Ce qui pourrait ne pas tarder. Car, depuis que Soro a commencé à bouder les rencontres du RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix), tout le monde le voyait venir. Tous ses faits et gestes sont mus par un et un seul désir : aller à la conquête de la magistrature suprême. Et ce désir est alimenté par le fait qu’il a cru, à tort ou à raison, qu’Alassane Ouattara lui retournerait l’ascenseur au terme de son deuxième mandat, en faisant de lui son dauphin. Le vote de la nouvelle Constitution est venu contrarier ce scénario. Dès lors, l’on peut comprendre toute l’amertume de l’homme vis-à-vis du président Ouattara. L’on peut d’autant plus le comprendre que ce sont les rebelles de Soro qui ont contribué, peut-on dire, à bouter Laurent Gbagbo hors du palais de Cocody pour y installer Alassane Ouattara. Et pour quelqu’un qui a été déjà Premier ministre, puis président de l’Assemblée nationale, c’est tout à fait normal qu’il vise maintenant le jackpot, c’est-à-dire la présidence. Cette ambition est légitime.

Guillaume Soro a peu de chances de succéder à ADO en 2020

Et Alassane Ouattara, parlant de Guillaume Soro sans le nommer, a dit clairement que tout le monde pouvait se présenter. Cela dit, la grande question que l’on peut se poser, dans l’hypothèse où l’Enfant terrible de Ferkéssédougou sortirait définitivement du bois pour annoncer sa candidature, est la suivante : avec quels alliés compte-t-il transformer son rêve en réalité ? Pour le moment, il fait les yeux doux à tout ceux qui ne veulent pas voir ADO même en peinture, c’est-à-dire Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo. En attendant la suite de ses concertations dont le dénominateur commun est tout sauf ADO, l’on peut déjà se risquer à dire que Guillaume Soro a peu de chances de succéder à ADO en 2020, pour les raisons suivantes : d’abord, il lui sera très difficile d’amener ses nouveaux amis de circonstance à mettre en berne leurs ambitions présidentielles au sein de leurs partis respectifs pour soutenir la seule candidature de Soro. En effet, ce ne sont pas les jeunes loups aux dents longues et acérées qui manquent au PDCI et au FPI. Les genres KKB (Konan Kouadio Bertin) et autres pourraient claquer la porte de leur parti au cas où le sommet voudrait leur imposer un parachuté, fût-il Soro. A cela, il faut ajouter le fait que les deux divinités de l’opposition, c’est-à-dire Bédié et Gbagbo, malgré leur âge avancé, semblent afficher une certaine nostalgie vis-à-vis du palais de Cocody.

L’autre raison qui réduit considérablement les chances de Soro d’accéder au palais de Cocody en 2020, est liée à Alassane Ouattara, son ancien mentor. En effet, l’Enfant de Kong a aujourd’hui la haute main sur le Nord de la Côte d’Ivoire. Guillaume Soro, bien que la zone soit censée être son fief électoral, pourrait ne pas faire le poids face à lui. A cela, il faut ajouter le fait qu’Alassane Ouattara a réussi l’exploit de capter une bonne partie de l’électorat akan en sa faveur à coup de réalisations et de promotion d’hommes et de femmes issus de cette communauté. L’autre argument de taille est la capacité financière et le carnet d’adresses d’ADO. Et puis, il ne faut pas oublier que Alassane Ouattara peut faire payer cher Soro pour sa « trahison », en activant certains leviers. Somme toute, la route conduisant au palais de Cocody est longue et semée d’embûches. Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo peuvent le certifier. Et puis, après tout, tout le monde n’a pas la baraka d’Emmanuel Macron pour que le premier coup d’essai soit un véritable coup de maître.

 

« Le Pays »


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