HomeA la uneGUINEE-CONAKRY : ON A CELEBRE TROP TOT LE REQUIEM D’EBOLA

GUINEE-CONAKRY : ON A CELEBRE TROP TOT LE REQUIEM D’EBOLA


 

Le sommeil de la Guinée est à nouveau troublé par le cauchemar Ebola, un virus dont on a pourtant célébré officiellement les funérailles il y a peu seulement. En effet, les autorités nationales font état de personnes testées positives au virus, après avoir été en contact avec des proches décédés. On annonce déjà 5 morts depuis cette résurgence de la maladie et  les contacts avoisineraient  961 cas dans 181 familles. De quoi rappeler les heures sombres de l’épidémie. Pour empêcher que le fantôme n’installe l’épouvante dans toute la maison, le jeudi 24 mars, a débuté une opération de « cerclage » consistant à circonscrire les localités abritant d’éventuels cas d’Ebola et à surveiller l’apparition de symptômes parmi les contacts avec une assistance médicale et alimentaire. A dire vrai, la proclamation de la fin de l’épidémie avait laissé sceptique plus d’un sur le continent. Il paraissait, en effet, prétentieux de sonner le glas de cette maladie dans un contexte où les agents vecteurs n’avaient pas disparu et où les rapports des populations aux ressources fauniques demeuraient échangés. La forêt, mère nourricière providentielle, est en effet, depuis des millénaires, la base de la civilisation dans cette région et il est illusoire de penser qu’en un laps de temps, les ressorts de ces échanges préférentiels seront rompus. Sans jouer les Cassandre, on se demandait aussi si Ebola pouvait être  aussi facilement vaincu, au regard des implications sociales et culturelles du mal.  Tout laisse croire donc  que l’annonce de la fin de la maladie a été plus dictée par une logique politique que médicale. L’annonce de la fin de l’épidémie semblait plutôt avoir pour objectif principal de desserrer l’étreinte autour des économies nationales asphyxiées par l’ostracisme de fait  qui frappait la région. Les choses reprennent donc  là où elles avaient commencé.

La lutte  doit être sans répit

Partie en décembre 2013 de la Guinée forestière, l’épidémie s’était propagée au Libéria et en Sierra Leone, faisant plus de 11 300 morts pour environ 28 000 cas recensés. On comprend la psychose qui s’est emparée de la population à l’annonce de la réapparition du virus. Au-delà des conséquences bien connues de la fièvre Ebola, la nouvelle tombe bien mal car la solidarité internationale  dont avait bénéficié le pays lors du pic épidémiologique passé, risque de piquer du nez en raison de l’actualité marquée en Occident par les attentats terroristes. Et il y a peu à parier sur la solidarité sous-régionale. Déjà, le Liberia voisin, échaudé par les antécédents, a vite fait de fermer ses frontières avec une Guinée désormais stigmatisée. La leçon à tirer de cette résurgence de la maladie est que la lutte  doit être sans répit. C’est un combat permanent dans lequel on ne doit jamais baisser la garde. La Guinée qui apparaît comme l’épicentre du fléau doit renforcer son dispositif de surveillance épidémiologique de façon à repérer sans délai le moindre cas suspect.  Par ailleurs, si l’on comprend bien le réflexe du repli sur soi des Etats voisins, il n’en demeure pas moins que c’est une solution qui ne peut prospérer à long terme, tant il est difficile dans ce monde mondialisé, d’empêcher la libre circulation des personnes et de vivre en autarcie. Déjà menacée d’isolement du fait du terrorisme, la sous-région ne doit pas céder à la panique. Elle doit plutôt organiser sereinement la riposte en mutualisant les moyens et les efforts.  Car, dit-on, « quand la pluie vous bat, il faut éviter de se battre.»

SAHO


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