HomeA la uneCENT JOURS DE ROCH AU POUVOIR : Le CFOP déplore trop « d’ hésitations et de tâtonnements »

CENT JOURS DE ROCH AU POUVOIR : Le CFOP déplore trop « d’ hésitations et de tâtonnements »


Les partis politiques de l’opposition, regroupés au sein du Chef de file de l’opposition politique (CFOP), ont présenté un mémorandum de 16 pages sur les 100  premiers jours de la gouvernance du président Roch Marc Christian Kaboré et son gouvernement.  100 jours d’exercice du pouvoir  d’Etat faits « d’hésitations et de tâtonnements », selon le CFOP.

 

Le mémorandum est un exposé des critiques que le CFOP a formulées à l’endroit des autorités actuelles en deux grands points, à savoir l’autopsie du nouveau pouvoir en plusieurs sous-points et l’analyse sectorielle de l’action gouvernementale  après 100 jours. L’examen des décisions prises par le pouvoir ainsi que leurs impacts sur la vie des populations laisse voir, d’après le CFOP, beaucoup d’hésitations et de tâtonnements de la part des nouvelles autorités. Alors que Roch Marc Christian Kaboré s’est réjoui récemment du bilan de ses 100 jours au pouvoir, Zéphirin Diabré et ses camarades opposants  ont vu du « populisme dans des déclarations non réalisables » avec la tentative de « recycler de vieilles recettes ».

Le président du CFOP, Zéphirin Diabré, et ses camarades des autres partis affiliés à l’institution, se sont livrés à un exercice d’appréciation du travail que le pouvoir de Roch a fait en 100 jours. « Le jugement de l’opposition est sans appel », a lancé, dès l’entame, Victorien Tougouma qui a estimé qu’il n’existe pas de chronogramme des mesures à prendre par le gouvernement Thiéba ; ce qu’il a qualifié de tâtonnements faits de beaucoup d’hésitations pendant les 100 premiers jours du nouveau pouvoir. Selon les opposants, il n’y a eu aucun prémisse d’un vrai changement dans la gestion de ce qu’ils ont appelé le « nouveau ancien pouvoir » qui a tenté jusque-là de faire du neuf avec du vieux, avec un personnel politico-administratif ancien, de leur avis.  Avec la politisation de

l’administration publique,  l’appartenance à un parti de la majorité, le MPP de préférence, est devenue le critère principal de nomination, selon le CFOP. Zéphirin et ses camarades ont trouvé inutile la création des postes de Secrétaires généraux adjoints, dans un contexte budgétaire difficile pour le Burkina. La base sociale du nouveau pouvoir est composée des mêmes forces sociales qui, auparavant, constituaient le socle du régime Compaoré, selon le constat des opposants : des opérateurs économiques attendant les retombées de leur « placement », des chefs coutumiers agents électoraux patentés du pouvoir de Roch et des leaders d’opinion et autres rabatteurs de bétail électoral ayant fait fortune sous la 4è république…ainsi que des organisations opportunistes de la Société civile, créées en grande partie après l’insurrection populaire de fin octobre 2014. Pour le CFOP, le passé colle à la peau des nouveaux dirigeants qui font du populisme dans des « déclarations non réalisables », avec des « vieilles recettes recyclées ».  Le pouvoir fait de la démagogie quand il revendique la paternité des mesures nouvelles, a tancé un des cadres du CFOP. Le gouvernement peine à avancer selon le CFOP et la majorité parlementaire est guidée plus par l’intérêt que par la conviction, à son avis.  «Un gouvernement incapable de proposer des solutions rapides aux problèmes des populations et qui indexe la Transition comme un bouc-émissaire», d’après le CFOP.

Le bilan des 100 jours de Roch aurait-il pu être autrement ?  Zéphirin Diabré et ses camarades disent en réponse être là pour juger ce qui ne va pas et « gratter le nouveau pour trouver l’ancien ». Le coup d’Etat du 16 septembre et les écoutes téléphoniques, les parcelles de ZIDA, les Koglwéogo et la sécurité sont autant de points sur lesquels le CFOP a décoché des flèches à l’endroit du nouveau pouvoir.

 

Stratégie du bouc-émissaire et répétition d’anciens refrains

 

A propos des Koglwéogo, le CFOP a estimé que « la juxtaposition des 2 systèmes de justice pose le problème de l’autorité de l’Etat » et il est « urgent de créer un ministère dédié à la Sécurité ». Faisant allusion aux parcelles de ZIDA, «ceux qui sont capables de prévarication, à leur avis, doivent répondre devant la justice». L’incendie à la Semaine nationale de la culture (SNC 2016) a allongé la série des incendies contre lesquels les autorités n’ont trouvé aucune réponse pour rassurer le peuple, a confié le CFOP. En privilégiant le caractère criminel du phénomène des incendies, le gouvernement est, selon le CFOP, à la recherche de boucs-émissaires pour masquer  son désarroi. Parlant d’économie, le CFOP a relevé un « très fort ralentissement » et attend de voir la différence réelle entre la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD) et le nouveau référentiel de développement, le Plan national de développement économique et social (PNDES) dont il jugera l’apport qualitatif, le moment venu. En termes de réduction du train de vie de l’Etat, le CFOP a estimé qu’il n’y a rien de nouveau, avec peu d’impact dans la réalité. Sur les questions d’emploi, le CFOP a estimé que le pouvoir de Roch continue d’utiliser les méthodes décriées de l’ancien régime et pour ce qui est des secteurs sociaux comme la santé, l’éducation, l’eau et l’assainissement, l’énergie et les mines, les opposants trouvent que le « nouveau ancien pouvoir » ne se distingue pas de l’ancien régime. Sa sentence, c’est qu’en 100 jours, le bilan de la gestion du pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré est en deçà des attentes du peuple, avec notamment la répétition de refrains déjà entendus pour ce qui est des mesures sociales notamment. Les Burkinabè sont, de l’avis de Zéphirin Diabré et ses camarades, entre « interrogations, scepticisme et inquiétudes ».

 

Lonsani SANOGO

 

 


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  • Un phénomène de complots par chantages qui s’était développé sous la transition, continue dangereusement de compromettre la qualité de la gouvernance au Burkina. En effet, par syndicats et médias interposés, des groupes de pression politique et économique orchestrent des grèves, marches, sit-in pour contester des responsables de services publics par des dénonciations souvent calomnieuses dans le but masqué de faire la chasse à l’homme pour s’accaparer des postes administratifs stratégiques pour leurs intérêts personnels et matériels. Des esprits mal inspirés tentent de remettre en cause le bel exemple de recrutement des directeurs généraux de sociétés d’Etat et d’Etablissements Publics de l’Etat(EPE) par la procédure d’appels à candidatures. L’ex premier ministre Tertius Zongo qui a eu la clairvoyance et le mérite d’instaurer ce mécanisme, s’avère de nos jours à travers le monde comme une méthode de bonne gouvernance. Si la tradition de cette pratique de la culture du résultat par contrat d’objectifs est d’origine anglo-saxonne, elle est appliquée dans plusieurs pays développés et en développement. Par exemple, en France les grandes sociétés comme TOTAL, France-télécom, les hôpitaux publics sont dirigés par des responsables sélectionnés par concours, exactement comme le système d’appels à candidatures où sont retenus des profils et compétences confirmés de managers. Mais au Burkina, on constate un complot pour contourner ce bon principe de gouvernance dans plusieurs ministères en général et en particulier au ministère de la santé où des médecins usent de subterfuges pour obtenir des nominations aux postes administratifs en abandonnant les soins pendant que le nombre de médecins est insuffisant(moins de deux mille(2.000) pour satisfaire la santé publique. Récemment dans la presse, des tirs groupés suspects sont dirigés sur des structures sanitaires (SOGEMAB, Hôpital Yalgado, CHR de Tenkodogo…).Souvent, les faits dénoncés ne sont pas objectifs et les causes des problèmes mal situées. Pour le cas le plus récent du CHR de Tenkodogo, les syndicats s’écartent du rôle de défense de leurs intérêts moraux et matériels pour exiger le départ du DG et du comptable. Les comptables relèvent du ministère des finances qui leur impose des règles de gestion des finances publiques. Les structures de contrôles d’Etat dont l’ASCE et les conseils d’administration sont habiletés à approuver et sanctionner la gestion des DG et comptables. Pas les syndicats et autres intrigants qui excellent dans les dénonciations calomnieuses dans les médias et réseaux sociaux. Par ailleurs, de prétendus compatriotes de la diaspora burkinabè en France, ont tenté d’insinuer dans un organe de presse suite à la visite du président Roch Marc Christian Kaboré que l’hôpital Yalgado était sale et manquait d’équipement. A moins d’être des extra-terrestres, ces dits compatriotes en France démontrent leur ignorance des réalités du CHU Yalgado qui depuis 2013 a connu de vastes chantiers de rénovation et d’équipement : extension et rénovation des urgences médicales, traumatologiques, équipement du service d’imagerie médicale avec du matériel de pointe de radio et d’un scanner 64 barrettes de dernière génération, un nouveau laboratoire bien équipé etc…Au CHU Yalgado comme dans plusieurs hôpitaux du Burkina, des services de nettoyage sont opérationnels pour maintenir les lieux propres malgré les mauvaises habitudes de certains malades et accompagnants qui n’ont pas de reflexes d’hygiène individuelle et collective. Pour le cas de la SOGEMAB, c’est un service qui ne saurait assurer efficacement l’équipement médical si le gouvernement ne met pas à sa disposition les ressources financières nécessaires dans les meilleurs délais. Ce qui bloque le bon fonctionnement des services de santé au Burkina, c’est le fait que l’Etat ne met pas à leur disposition les budgets et subventions auxquels ils ont droit comme il se doit. C’est aussi le même problème pour les collectivités territoriales qui ne bénéficient pas réellement d’une décentralisation budgétaire. Le succès de la réforme de la politique sanitaire est un facteur très important pour la performance du programme présidentiel de gouvernance car, il y va de l’intérêt général des populations. De par son tempérament calme empreint d’écoute et de dialogue, le président Kaboré devrait éviter d’être l’otage d’un groupuscule de partisans prêts à fomenter des complots à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, contre des cadres dynamiques de l’administration juste pour satisfaire des règlements de comptes et assouvir leurs intérêts personnels. Par conséquent, il importe que le président sache se donner le temps pour analyser des situations qui défraient des chroniques téléguidées, afin de bien mener des enquêtes crédibles pour éviter le retour des dérives de la politisation de l’administration publique. Un phénomène tant décrié et qui devrait relever du passé dans un régime démocratique. L’administration est une continuité et elle a besoin des compétences avérées pour la qualité de son travail. Le succès des ministres ne consistent pas à faire des chasses à l’homme pour des nominations de complaisance de copains, d’amis ou de parents et ressortissants d’une région quelconque.

    13 avril 2016

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