HomeNon classéCONSOMMATION DU TABAC AU BURKINA : Plus de 4 000 décès par an

CONSOMMATION DU TABAC AU BURKINA : Plus de 4 000 décès par an


Afrique contre le tabac (ACONTA), la Ligue des consommateurs du Burkina Faso (LCB), le Réseau des journalistes antitabac du Burkina Faso (REJAT-BF), l’Union des associations contre le tabac (UACT) et ses autres partenaires nationaux et internationaux ont organisé, le 9 août 2017 à Ouagadougou, une conférence de presse afin de faire le point sur la lutte contre le tabac au Burkina Faso, particulièrement l’état des lieux concernant l’application de l’arrêté conjoint n°2015-366/MS/MICA du 7 avril 2015 portant fixation des modalités d’application du décret du décret n°2011-1051 portant conditionnement et étiquetage des produits du tabac au Burkina Faso.

 

« La cigarette n’est pas une bonne chose. A mon avis, l’apposition des avertissements  sanitaires graphiques sur les paquets de cigarette au Burkina Faso est une bonne chose parce que cela va amener beaucoup de personnes à arrêter la consommation de la cigarette. J’ai fumé pendant cinq ans. J’ai cessé de fumer grâce aux conseils d’un médecin. En fait, je fumais la cigarette pour ne pas grossir et quand je suis allé en consultation le médecin m’a dit qu’il vaut mieux grossir que de mourir de la cigarette ». Un témoignage de Moussa Yaméogo, un ancien fumeur qui nous livre l’avis de plus d’un Burkinabè sur l’apposition des avertissements sanitaires graphiques sur les paquets de cigarette au Burkina Faso. Une question qui a été abordée pendant la conférence de presse le 9 août dernier. Mais Salif Nikiéma de ACONTA déplore le fait que « les entreprises de tabac défient l’autorité de l’Etat en foulant aux pieds l’arrêté conjoint n°2015/MS/MICA du 7 avril 2015 portant fixation des modalités d’application du décret n°2011-1051 portant conditionnement et étiquetage des produits du tabac au Burkina Faso ». Selon les explications de Salif Nikiéma, en adoptant l’arrêté conjoint n°2015-366 exigeant des avertissements sanitaires graphiques de 60% sur les paquets et cartouches de cigarette, le Burkina Faso a rejoint le rang de plus de 50 pays qui exigent des avertissements sur les paquets de produits du tabac couvrant 60% ou plus, des faces principales d’affichage des paquets et des 101 pays et juridictions qui requièrent des avertissements sur les produits du tabac couvrant 50% ou plus des faces principales d’affichage des paquets.  En Afrique, ces pays comprennent, entre autres le Kenya, Madagascar et l’Ile Maurice (60%), la Namibie, les Seychelles, le Tchad et le Sénégal (70%), le Gabon (62,5%), l’Ouganda (65%), et plus récemment la Gambie (75%). Dans le monde entier, un certain nombre de pays mettent en œuvre des messages sanitaires graphiques de 75% à 95% des faces principales d’affichage des paquets comme le Vanuatu. Pour Salif Nikiéma, « les exigences de 60% des avertissements du Burkina Faso, lorsqu’elles seront mises en œuvre, fourniront une protection efficace à tous les citoyens burkinabè» et réduiront les 4 400 décès causés par an par le tabagisme au Burkina Faso. Il est ressorti au cours de la conférence de presse que le 26 août prochain, le Sénégal mettra sur le marché de nouveaux paquets de cigarette avec des images, alors qu’au Burkina Faso, les choses trainent. Toute chose que Salif Nikiéma ne comprend pas, du moment où « Impérial Tobacco est reconnu au Sénégal sous le nom de MTOA ». Quoiqu’il en soit, le sieur Nikiéma trouve que « l’apposition des avertissements sanitaires graphiques sur les paquets de cigarettes est la solution la plus efficace et adaptée dans notre contexte où le taux d’analphabétisme est élevé ».

ACONTA et ses partenaires, partie civile au procès, sont aussi revenus sur le procès opposant le ministère de la Santé à la Manufacture burkinabè des cigarettes (MABUCIG), qui s’est ouvert le 11 avril dernier. ACONTA estime que l’industrie du tabac utilise des méthodes dilatoires de l’industrie du tabac. Tout compte fait, la partie civile, dit suivre de près le déroulement de la procédure. Au vu de la situation, ACONTA et ses partenaires demandent à la Cour d’Appel de Bobo-Dioulasso d’accélérer le processus conduisant à statuer sur la question de la saisine du Conseil constitutionnel, car l’industrie du tabac cherche à éviter la Justice. Au gouvernement, ils demandent de faire appliquer les cinq recommandations de la mission d’information parlementaire. Au ministère de la Santé, ACONTA et ses partenaires demandent de se réveiller de sa léthargie et de faire aussi appliquer les autres aspects de la loi antitabac tels que l’interdiction de fumer dans les lieux publics, l’interdiction de la publicité sous toutes ses formes et l’interdiction de la vente aux mineurs et par les mineurs.

 

Françoise DEMBELE

 

 

Les recommandations de la mission d’information parlementaire

 

– La relecture de la ZATU en vue de l’adapter à l’évolution des affaires et de préserver  la santé des populations ;

– La réactivation du processus d’adoption du projet de loi portant institution de marquage fiscal sécurisé des produits de grande consommation ;

– La relecture de l’arrêté sur le codentify et l’organisation d’un appel d’offre international pour la conception d’un système de traçabilité, de suivi propre à l’Etat du Burkina Faso conformément à la Convention cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) ;

– La création d’une unité antitabac au sein des forces de sécurité ou l’attribution de ce volet antitabac à une unité déjà existante ;

– L’adoption d’un texte règlementaire pour la mise en place d’un fonds pour le financement des activités de lutte contre le tabac


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