HomeFocusCOUP DE GUEULE DU PRESIDENT CONGOLAIS A LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE : Quand Kabila ramène tout à sa personne

COUP DE GUEULE DU PRESIDENT CONGOLAIS A LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE : Quand Kabila ramène tout à sa personne


En République démocratique du Congo (RDC), c’est décidément le désamour total entre  le président Joseph Kabila et la communauté internationale. On se rappelle qu’au mois de mai dernier, agacé par ses partenaires occidentaux, notamment américains  qui lui demandaient de rendre le tablier à la fin de son mandat constitutionnel, le président Kabila avait convoqué les ambassadeurs occidentaux en poste dans son pays, pour leur faire part de sa colère face à ce qu’il considère comme une ingérence de la communauté internationale dans les affaires intérieures de son pays.  Près de dix mois après, cette mise au point ne semble pas du tout avoir entamé la détermination des pays amis du Congo, à voir le président Kabila respecter la loi fondamentale de son pays.  Mais  cette détermination de la communauté internationale  à  vouloir montrer la sortie au maître de Kinshasa semble irriter sérieusement ce dernier. Et Kabila  n’est  pas passé par quatre chemins pour le faire savoir à ses « amis ». Devant  une vingtaine d’ambassadeurs de pays occidentaux dont le chef de la MONUSCO, Kabila a, sur un ton cette fois-ci poli mais ferme, rappelé le code de bonne conduite auquel doivent se soumettre, selon lui,  tous ceux qui veulent partager l’amitié du peuple congolais. Joseph Kabila est même allé plus loin, en demandant en substance aux ambassadeurs de faire comprendre aux Etats qui les ont mandatés, que le Congo, aujourd’hui, n’a pas besoin de leur accompagnement financier ni logistique pour l’organisation des élections présidentielle et législatives qu’il a fixées en novembre 2016. Dans la foulée, Kabila a également dit qu’il renonçait « à tout appui de la MONUSCO pour mener une offensive contre les rebelles Hutus rwandais. » Il faut dire que ce coup de sang  de Kabila face à la communauté internationale,  n’a rien de surprenant, dans la mesure où depuis qu’il a manifesté sa volonté de ne pas quitter le pouvoir, cette même communauté internationale n’a eu de cesse de lui remonter les bretelles. C’est donc une réaction de dépit, une réaction dictée par la colère d’un homme aux abois, qui voudrait maintenant voir partir les seules personnes encore capables de l’empêcher de tuer  sans témoins et sans le moindre  risque d’être épinglé par la Cour pénale internationale. Cette réaction est typique de tous les dictateurs.

Le Congo ne saurait être ramené à la seule personne de Kabila

Si les richesses du sous-sol congolais peuvent lui permettre de se passer de l’aide étrangère pour l’organisation d’élections dans son pays, cela est une chose normale et il n’y a vraiment pas de quoi    bomber le torse, dans la mesure où la RDC est effectivement plus riche que les pays auxquels  elle  a fait recours jusque-là pour l’organisation des élections antérieures. Mais, en réalité, Kabila, en rejetant toute aide de l’Occident pour l’organisation des élections, espère secrètement coller au dicton : « No contribution, no drink » En d’autres termes, sans aucune participation au financement des élections, Kabila se réserve le droit de refuser à la communauté internationale tout droit de regard sur le processus électoral dans son pays. Il se réserve, de ce fait, le droit d’organiser des élections à huis clos, pour déboucher sur des résultats à la soviet. Après tout, les Chinois et les Russes, moins regardants sur les questions de droits de l’Homme et de démocratie, seront toujours à ses côtés. C’est un plan B, manifestement ficelé à la hâte par un homme qui  manque visiblement  de hauteur de vue.  Le Congo ne saurait être ramené à la seule personne de Kabila. En rejetant l’aide militaire de la MONUSCO, Kabila fait passer son humeur de dictateur devant les intérêts de la nation congolaise. Il oublie déjà la contribution de la MONUSCO qui a été décisive pour mettre en déroute les rebelles du M23.  C’est une ingratitude qu’il risque de payer très cher, car le Rwanda n’a pas encore renoncé à conquérir  cette région du Nord-Kivu dont il exploitait impunément les ressources sous le contrôle des rebelles du M23. C’est dire qu’il n’est pas loin le jour où Kabila reviendra, comme Goodluck Jonathan l’a fait, toute honte bue, pour demander à nouveau le soutien de ceux qu’il a cloués au pilori hier. Comme Goodluck alors, il comprendra qu’il s’est fourré le doigt dans l’œil.

 

Dieudonné MAKIENI


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