HomeBaromètreDEAL AUTOUR DE L’ETABLISSEMENT D’ACTES JUDICIAIRES : Les responsabilités sont partagées

DEAL AUTOUR DE L’ETABLISSEMENT D’ACTES JUDICIAIRES : Les responsabilités sont partagées


Les syndicats des magistrats et des greffiers observent actuellement une suspension de toutes les activités juridictionnelles dans toutes les juridictions du Burkina, pour protester contre la prise en otage d’un magistrat du tribunal de grande instance de Ouagadougou par un groupe de démarcheurs et pour exiger de l’Etat qu’il prenne des mesures concrètes de sécurité du personnel de justice. Le moins que l’on puisse dire est que les syndicats sont dans leur bon droit. Ils le sont d’autant plus que ce mauvais quart d’heure passé par le magistrat du tribunal de grande instance de Ouagadougou, aux mains des démarcheurs, intervient après qu’une magistrate a été séquestrée dans son bureau par un justiciable qui entendait par là la contraindre à reconsidérer une décision qu’elle avait rendue et qui n’était pas de son goût. Ces actes de violence à l’encontre des deux magistrats sont inacceptables. De ce point de vue, la colère des magistrats est justifiée et légitime. Et l’Etat, dans l’urgence, doit entendre leur coup de gueule et lui trouver une suite favorable, parce qu’il y va de l’intérêt de la démocratie au Burkina. Car si cet arrêt de travail venait à s’installer dans la durée, il faut craindre que le Burkina ne bascule dans une sorte d’Etat de nature où seule « la raison du plus fort sera toujours la meilleure », pour reprendre l’adage du poète et moraliste français Jean de la Fontaine.

Mais dans le même temps, l’on peut se risquer à dire aux magistrats qu’ils doivent travailler à mériter tout ce qu’ils sont en train de réclamer de l’Etat. Cela passe par le respect sans faille de la lettre et de l’esprit de leur serment. Celui-ci, faut-il le rappeler, est ainsi formulé : « Je jure et promets de bien et fidèlement remplir mes fonctions, de garder religieusement le secret des délibérations et de me conduire en tout, en digne et loyal magistrat ».

Le respect dû aux magistrats dépend, de toute évidence, du respect de leur part, de ce serment. Or, des actes indélicats, posés par certains magistrats, sont en déphasage avec cet engagement solennel. Dès lors, les justiciables peuvent avoir le sentiment qu’ils peuvent prendre certaines libertés avec eux. Le mauvais traitement infligé par les démarcheurs au magistrat du tribunal de grande instance de Ouagadougou, en est une. En effet, si l’on en est arrivé là, c’est parce que, quelque part, le personnel de justice leur a déroulé un tapis rouge pour faciliter leur « métier ». La réalité est qu’il y a un deal juteux autour de l’établissement des actes judiciaires. Et ce deal ne peut pas prospérer comme on le constate aujourd’hui, sans la complicité des travailleurs de l’institution judiciaire.

La solution doit être structurelle et non conjoncturelle

C’est pourquoi le fait d’appréhender un démarcheur et de le jeter en prison, peut être perçu comme un acte qui s’attaque aux effets des scories de la justice et non aux causes. Et les causes, tous les magistrats de bonne foi les connaissent. Elles sont liées à la cupidité de certains travailleurs de la maison. Et l’on n’a pas besoin d’être un fin limier pour les identifier et les punir à la hauteur de leurs actes. Il se pose alors la question de savoir pourquoi les syndicats des travailleurs de la justice ne sévissent-ils pas d’abord contre ces gens dont les agissements ternissent l’image de toute l’institution. Car, sans la complicité de ces brebis galeuses, les démarcheurs n’existeraient pas.

Cela dit, au-delà de la bisbille actuelle entre les démarcheurs et les syndicats des magistrats et des greffiers, l’on peut déplorer le fait que l’Etat ferme les yeux sur cette activité qui, de toute évidence, est illégale. Et le phénomène peut s’observer dans toutes les administrations chargées de décliner des actes indispensables. Ces administrations, tout le monde les connaît. Mais personne n’ose lever le petit doigt pour rappeler à l’ordre les démarcheurs qui y pullulent. Si fait qu’aujourd’hui, l’on peut avoir l’impression que l’Etat a institutionnalisé l’activité des démarcheurs au Burkina.

Les citoyens eux-mêmes peuvent être indexés dans cet état de chose. En effet, s’ils décident de ne pas recourir aux services des démarcheurs, ces derniers n’auront aucune raison d’exister.

C’est pourquoi l’on peut dire à propos des deals que l’on observe aujourd’hui à ciel ouvert autour de l’établissement des actes judiciaires, que les responsabilités sont partagées.

Cet incident malheureux entre les démarcheurs et les syndicats des magistrats et des greffiers, vient mettre au grand jour certains problèmes que vit la Justice burkinabè.

Et leur solution doit être structurelle et non conjoncturelle. L’on peut espérer que les états généreux de la justice, prévus pour se tenir fin mars prochain, pourront y contribuer.

Sidzabda


Comments
  • JE SUIS VRAIMENT DECU ET DECOURAGE DE NOS MAGISTRATS. C’EST SIMPLEMENT DE L’ABUS DE POUVOIR ET ENCORE DE L’INJUSTICE ET UNE JUGEMENT A DEUX VITESSE. CAR , COMBIEN DE POLICIERS SONT SEQUESTRES DANS L’EXERCICE DE LEUR FONCTION ? COMBIEN D’AGENTS DES IMPOTS SONT SEQUESTRES DANS L’EXERCICE DANS LEUR FONCTION , SOIT PAR DES OPERATEURS ECONOMIQUES ET SOUVENT MEMES PAR LES AUTORITES ? COMBIEN D’AGENTS DU TRESOR SONT SEQUESTRES DANS L’EXERCICE DE LEUR FONCTION ? COMBIEN D’ENSEIGNANTS SONT SEQUESTRES DANS L’EXERCICE DE LEUR FONCTION ? … COMBIEN ET COMBIEN … D’AGENTS DES AUTRES CORPS DE LA FONCTION PUBLIQUE SONT SEQUESTRES ET COMBIEN DE FOIS, ET CES MAGISTRATS N’ONT JAMAIS RENDU JUSTICE…
    QUE CES MAGISTRATS SE REMETTENT A TRAVAILLER SINON ON DESCENDRA DANS LA RUE POUR EXIGER UN VRAI REMANIEMENT A LA JUSTICE PARCEQU’ILS SONT TOUS POURRIS LABA ET LE VRAI CHANGEMENT DU PAYS NE SERA REEL QUE LORSQUE LE TAS DE MAGISTRATS CORROMPUS QUI PILULENT NOS PALAIS SERONT DEGUERPIS.
    LES VRAIS DOSSIERS POUR LESQUELS LES MAGISTRATS BURKINABE DEVAIENT ET DOIVENT DEFENDRE : NORBERT ZONGO ET COMPAGNONS , THOMAS SANKARA, OUMAROU CLEMENT OUEDRAOGO, DABO BOUKARY, DAVID OUEDRAOGO, LES MARTYRS DES 30 ET 31 OCT 2014… JE PLEURS CA

    3 février 2015
  • CE SONT TOUS DES FAUX ET PEUREUX MAGISTRATS. LES VRAIS DOSSIERS SONT LA : NORBERT ZONGO ET COMPAGNONS, DABO BOUKARY, THOMAS SANKARA, OUMAROU CLEMENT OUEDRAOGO, DAVID OUEDRAOGO ET CAMARADES, LES MARTYRS DES 30 ET 31 OCT 2014 … LA LISTE EST TRES LONGUE. QU’EST-CE QUE LES MAGISTRATS ONT FAIT ET FONT ? QUEDAL. S’ILS AVAIENT UNE CONSCIENCE, ILS DEVAIENT PLUTOT DEMANDER PARDON AU PEUPLE POUR TOUTES CES INJUSTICES QU’ILS ONT RENDUES. LA VRAIE GANGRENE DU PAYS C’EST EUX. UN VRAI REMANIEMENT DOIT S’Y OPERE. SINON IL NE SERA PAS ETONNANT QU’UN JOUR ON DESCENTE DANS LES PALAIS POUR Y CHASSER CES ESPECES DE SERPENTS CROTALS DE MAGISTRATS.

    3 février 2015
  • QUE CES MAGISTRATS RETOURNENT AU TRAVAIL SINON NOUS DESCENDRONS DANS LES PALAIS POUR EXIGER LEUR LIMOGEAGE. BEAUCOUP D’ETUDIANTS QUI ONT LA MAITRISE SONT PLEINS DANS CE PAYS. COMBIEN DE FONCTIONNAIRES ETAIENT ET SONT SEQUESTRES DANS L’EXERCICE DE LEUR FONCTION, SOUVENT MEME PAR DES AUTORITES DE L’ANCIEN REGIME : DES ENSEIGNANTS, DES AGENTS DES IMPOTS ( EUX QUI FONT RENTRER L’ARGENT), DES AGENTS DU TRESOR, DES AGENTS DE LA DOUANE, DES POLICIERS, … ? LES MAGISTRATS ONT DEJA FAIT QUOI A CE SUJET ? QU’ILS QUITTENT LABA. TOUTES CES INJUSTICES DE CE PAYS, C’EST EUX QUI SONT RESPONSABLES ET ILS DOIVENT ETRE AUSSI POURSUIVIS… HONTE A EUX ! TCHOURRRRRRRRRRRRRRR !!!

    3 février 2015
  • J’aurai préféré qu’ils arrêtent de travailler après l’assassinat du juge NEBIE. Qu’ils réclament justice et vérité sur la MORT de leur collègues au lieu de faire tout ce boucan autour de quelques choses dont ils sont eux même responsables.

    3 février 2015
  • Je pense sincèrement que l’image de la magistrature est en souffrance. Il appartient donc à vous les magistrats, surtout les plus jeunes, de vous conduire en tout, en dignes et loyaux magistrats. Et évitez surtout de ruser avec le droit en nous épargnant des propos alambiqués du genre ” j’observe un arrêt de travail mais je ne suis pas en grève”. Sachez bien que votre statut ne fait pas de vous de super fonctionnaires.

    3 février 2015

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