FORUM DE DAKAR SUR LA PAIX ET LA SECURITE EN AFRIQUE : Que peut-on en attendre?
Le terrorisme n’aura jamais, depuis que le monde existe, mobilisé autant d’énergies qu’en ce XXIe siècle. Et ce n’est certainement pas le Sénégal dont la capitale Dakar abrite, depuis hier, 5 décembre 2016, la 3e édition du forum paix et sécurité en Afrique, qui dira le contraire. Disons-le net, depuis que les partisans de l’apocalypse ou barbus ont décidé de frapper l’Occident, l’Asie, l’Amérique et l’Afrique, les dirigeants des pays de ces différents continents n’ont eu de cesse de multiplier les rencontres. Sur le plan africain, les plus récentes sont, entre autres, les rencontres de Marrakech, de Malabo, de Madagascar, du Gabon, même si d’autres sujets, en dehors de ceux portant sur la sécurité, y ont été abordés. Toujours est-il qu’on assiste à une flopée de fora consacrés au terrorisme. C’est le cas de ce forum de Dakar qui, bien que réussissant une diversité de participants, reste avant tout une simple rencontre d’échanges et de réflexions, qui ne devrait donner lieu à aucune résolution ni déclaration politique. Car, ce forum n’est pas une instance de décision. L’on se demande donc ce que l’on peut en attendre. Quelle peut en être donc la pertinence ? Quel sera son impact réel sur la lutte contre le terrorisme ? Pour le Sénégal qui vient d’être classé sur la liste des pays où le péril djihadiste est moins grand, l’organisation d’un tel forum sur son sol est, sans nul doute, un gain sur le plan diplomatique et économique. A ce jour, parler de terrorisme depuis surtout que Paris, Bamako, Ouagadougou et Grand- Bassam ont été frappés en plein cœur, peut susciter une mobilisation des énergies. Car, comme le dit l’adage, « si le roi manque de guerriers pour combattre l’hygiène, il doit au moins pouvoir faire du bruit pour l’empêcher de manger l’enfant de son épouse bien aimée ». Certes, l’Etat sénégalais, à lui seul, n’a pas les moyens pour venir à bout du terrorisme. Du reste, même pour l’organisation de ce forum, il aura fallu compter sur la contribution d’une vingtaine d’entreprises de défense et de sécurité françaises et européennes. Mais il peut, au moins, mobiliser ses citoyens autour des thèmes centraux du forum : « l’extrémisme violent et la gestion des espaces africains ».
La lutte contre le terrorisme constitue de nos jours un véritable pôle d’attraction
Et dans un pays où la religion musulmane est pratiquée par plus de 90% de la population, cela n’est pas rien. Ce forum pourrait donc se révéler utile, mais à condition que les conclusions qui en seront issues, soient judicieusement exploitées par les dirigeants du monde, notamment les chefs d’Etat des pays participants. Si les rencontres se succèdent et se ressemblent, c’est peut-être parce qu’on n’associait pas toujours suffisamment tous les acteurs. Des sommets de chefs d’Etat sur la sécurité, des rencontres de spécialistes sur la sécurité, il y en a eu à profusion, mais les rencontres sur la sécurité qui réunissent chefs d’Etat, militaires, experts, chercheurs et responsables politiques et membres de la société civile, ne sont pas courantes. C’est en cela que le forum de Dakar pourrait être considéré comme la pièce manquante pour mettre en place une véritable stratégie de lutte contre le terrorisme. En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que la lutte contre le terrorisme constitue de nos jours un véritable pôle d’attraction et se vend bien. Il suffit d’émettre l’idée d’organiser un forum ou autre rencontre sur le terrorisme et les moyens viendront immédiatement du Nord.
Dabadi ZOUMBARA
