HomeEchos des provincesFORUM DU PROJET FILETS SOCIAUX « BURKIN-NAONG-SAYA» : Tirage au sort des villages bénéficiaires

FORUM DU PROJET FILETS SOCIAUX « BURKIN-NAONG-SAYA» : Tirage au sort des villages bénéficiaires


Le mardi 9 février dernier, la salle de réunion de l’hôtel Panache de Fada N’Gourma a accueilli 68 représentants de 17 communes de 3 provinces de la région de l’Est, notamment les provinces du Gourma (6 communes), de la Kompienga (3 communes) et de la Tapoa (8 communes), pour un tirage au sort des villages dont certaines familles bénéficieront de l’accompagnement du projet Filets Sociaux « Burkin-Naong-Saya ». A cette rencontre de sélection et d’identification par tirage au sort des villages bénéficiaires, chacune des 17 communes étaient représentée par quatre personnes, soit une femme, un délégué de son comité villageois de développement, une autorité coutumière et une autorité religieuse.

Des représentants devant faire autorité pour témoigner de la transparence de l’élection des villages d’intervention du projet. Ce dernier a été présenté comme une nouvelle vision et approche de la lutte contre la pauvreté des ménages les plus vulnérables. En l’occurrence, soutiendra le gouverneur de la région de l’Est, le colonel major Péguy Hyacinthe Yoda, à l’ouverture de la rencontre-forum, et citant des données de l’enquête intégrale sur les conditions de vie des ménages de l’INSD (EICVM 2009-2010), « l’écart de pauvreté est en train de se creuser au sein des populations de notre pays et la part du quintile le plus pauvre dans la consommation nationale est en diminution. Environ 46,7 % de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté monétaire, et la pauvreté alimentaire qui est particulièrement élevée, puisque 58,1 % de la population n’est pas en mesure de satisfaire ses besoins caloriques de base ». La région de l’Est figurant dans le quatuor de tête des régions « sensiblement plus pauvres du pays » avec celles du Nord, du Sud-Ouest et du Centre-Est, le projet était bien dans son élément en venant y tendre son filet. Parce que le propos du projet « Burkin-Naong-Saya » est d’appuyer les revenus des ménages pauvres par l’établissement des fondements d’un système de base de Filets sociaux.

« L’écart de pauvreté est en train de se creuser au sein des populations de notre pays et 58,1 % de la population n’est pas en mesure de satisfaire ses besoins caloriques de base »

Les participants ont ainsi été informés sur la mise en place de ce système de filets sociaux présenté comme la voie royale pour atteindre un nombre important de bénéficiaires. Sur une durée de 5 ans (2014-2019) et avec un portefeuille de 50 millions de dollars (US$50 millions), prêt contracté avec la Banque mondiale à travers l’IDA par le Gouvernement du Burkina Faso le 23 avril 2014, ce système de filets sociaux compte procéder par un programme de transferts monétaires pour « atteindre jusqu’à 40 000 ménages pauvres dans les régions de l’Est, du Nord et du Centre-Est, désignées les trois régions enregistrant les plus hauts niveaux de pauvreté chronique et de malnutrition infantile au Burkina Faso. Les projections annoncent une cible moyenne de 7,9 personnes par ménage dans les foyers pauvres des zones rurales, soit près de 316 000 personnes qui bénéficieront directement d’un transfert d’argent du projet. Soit au total 16% de la population en situation de pauvreté chronique dans les trois régions ciblées ». Le projet promet de se concentrer sur les ménages avec de jeunes enfants : « les enfants, les femmes enceintes et les mères allaitantes constituant les groupes les plus touchés par la malnutrition ». L’étape de Fada N’Gourma et donc de la région de l’Est, était la seconde du projet après celle du Nord où il intervient dans les provinces du Yatenga et du Zondoma. Prochaine étape, Tenkodogo pour la région du Centre-Est et les provinces du Boulgou et du Koulpelogo.
Présentant ce projet porté par le gouvernement, l’équipe du projet a soutenu que « le Burkina Faso a connu une forte croissance économique grâce à une gestion économique prudente et aux prix favorables des produits de base. Mais, cette croissance n’a toutefois pas profité à tous les ménages. La réduction globale de la pauvreté a stagné depuis les années 1990 et l’inégalité est en hausse. L’écart de pauvreté est en train de se creuser et la part du quintile le plus pauvre dans la consommation nationale est en diminution ».

«Le Burkina Faso a connu une forte croissance économique grâce à une gestion économique prudente et aux prix favorables des produits de base. Mais, cette croissance n’a toutefois pas profité à tous les ménages »

En conséquence, indiquera-t-on, « l’exposition des ménages aux risques des catastrophes naturelles (sécheresses, inondations, etc.) aux chocs externes (hausses des prix, instabilité régionale), accentue la vulnérabilité des pauvres aux déficits de consommation ». Constat critique qui commandait une réaction. « Jusqu’à récemment, l’assistance sociale a consisté principalement en des opérations d’aide humanitaire et de distribution d’aliments, comme la fourniture directe de colis de vivres dans les zones à forte insécurité alimentaire ». Et les exposants d’observer que « ce type d’assistance ayant montré ses limites, le Gouvernement a décidé d’utiliser les filets sociaux comme outil de réduction de la pauvreté ». Ne restait plus qu’à élever les « filets sociaux » au rang de rempart de la protection sociale, « pilier fondamental dans la stratégie de développement du Burkina » en référence à la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD).
Selon madame Cyrille Ganou Badolo, la coordonnatrice du projet «la mise en œuvre des activités du projet va engendrer des retombées socio-économiques certaines et non négligeables pour les groupes bénéficiaires. Cela se traduira par le renforcement de la résilience, l’amélioration de l’état nutritionnel et sanitaire des ménages, la hausse du niveau de scolarisation des enfants, …) ». Pour la conduite de ses activités le projet comprend une unité de gestion au niveau national, des points focaux provinciaux et des opérateurs de terrain basés dans chaque commune. La coordonnatrice a surtout insisté sur la méthode d’élection des bénéficiaires, centre d’intérêt du forum de Fada N’Gourma. Elle a indiqué que « la sélection des bénéficiaires de manière transparente constitue un des défis majeurs du projet et commence par le choix des villages d’intervention de façon participative ». Elle présentera l’identification des villages comme « une des activités phares du projet ». La sélection et l’établissement de la liste des villages d’intervention marquent également, selon elle, « le début d’une série d’activités du projet dans la Région ».

Guy Moise NABA

 

Ils ont dit

Péguy Hyacinthe Yoda, Gouverneur de la région de l’Est

Nous sommes heureux que la région de l’Est soit inscrite dans ce programme dont l’ambition est de sortir un certain nombre de ménages de la pauvreté. Je souhaiterais que les objectifs soit réellement visibles et claires et que d’ici, deux à trois ans, on puisse lire sur les visages le changement. Il s’agit d’un transfert direct d’argent vers les ménages et il faut que cela leur parvient et qu’ils en profitent par une utilisation à bon escient. Nous avons l’œil là-dessus et nous allons les accompagner pour voir s’il y a effectivement un changement, si les objectifs sont atteints.

Madame Cyrille Ganou Badolo, coordonnatrice du projet

Le projet a commencé effectivement dans la région du Nord en 2014 où nous avons effectué deux paiements par cash transfert en 2015. Le projet travaille dans la transparence et cela nous a amené à procéder d’abord par le ciblage des régions à partir des données de l’enquête de l’INSD. Au niveau de la région et en combinaison avec les statistiques de la santé, nous identifions les provinces où le taux de malnutrition est plus élevé. Les villages d’intervention sont issus du tirage au sort qui est aléatoire afin de donner la chance à chaque commune de recevoir le projet et chaque commune aura au moins un village de retenu. Le nom de tous les villages est inscrit sur un bout de papier et mis dans un panier, on remue et chaque commune envoie un représentant qui tire au sort un village. Le premier paiement de cash transfert au niveau de la région de l’Est se fera au plus tard en juin 2016.

Dioni Talouta, secrétaire général de la communauté musulmane de Fada

Afin de ne pas créer la zizanie dans les différentes localités, ce matin nous avons procédé au choix desdits bénéficiaires. Cela s’est passé devant nous, c’était un tirage au sort, les 17 communes étaient toutes là, représentées, et on a procédé de sorte que chaque commune sorte avec quelque chose. Nous saluons cette façon de faire, c’était vraiment transparent. Maintenant, il est prévu pour la région 14 000 bénéficiaires sur les 36 000 au niveau national. J’invite les villages qui ne sont pas retenus à ne pas tomber dans la manipulation de certains acteurs, comme ce fut toujours le cas de par le passé. Qu’ils se disent que ça n’a pas été leur chance, ce n’est pas parce qu’on ne les aime pas, ça été un tirage au sort. Vraiment, si des façons de faire de la sorte se perpétuaient partout, je pense qu’on tendrait vers la bonne gouvernance, on aurait à gérer moins de problèmes, moins de questions liées à l’injustice.


No Comments

Leave A Comment