INSURRECTION ET COUP D’ETAT : Les blessés passent à la caisse

L’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et le putsch manqué du 16 septembre 2015, ont fait des blessés et des morts. Pour soulager les souffrances de ceux qui ont survécu, l’Etat a décidé d’offrir à chacun d’eux une somme forfaitaire de 300 000 F CFA. Ainsi, les blessés des deux évènements sont passés à la caisse. Le ministre de l’Action sociale et de la solidarité nationale, Nicole Angéline Yélémou/Zan, a remis symboliquement une enveloppe à Issouf Nacanabo, un des représentants des victimes. C’était hier mardi 15 décembre 2015 à Ouagadougou.

Le mardi 15 décembre 2015. Peu après 8h et avant l’arrivée du ministre de l’Action sociale et de la solidarité nationale, Nicole Angéline Yélémou/Zan, l’immeuble Baoghin, situé au quartier Larlé de Ouagadougou, ressemblait à une caserne de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS). A l’entrée, il fallait montrer patte blanche sous peine de se voir refoulé. Après les vérifications d’usage, les blessés et leurs accompagnants ont l’ordre d’avancer jusqu’à l’arrière-cour de l’immeuble. Dans le long rang formé, on voit des femmes, des hommes, des jeunes et des personnes du troisième âge. Certains blessés peinent à suivre le mouvement, d’autres n’ont plus l’usage de leurs membres. Il est 8 heures passées de quelque minutes et les guichets peuvent maintenant s’ouvrir. Rapidement, deux rangs se forment. Difficile de se frayer un passage. Dur aussi pour les personnes âgées d’occuper une place de choix. Pendant ce temps, dans le couloir, beaucoup de choses se passent. Les retardataires accostent les responsables du Trésor public pour des compléments de documents. Etait dans cette situation, le blessé Armand Karim Ouédraogo. L’homme qui tient entre les mains ses certificats médicaux et autres pièces justificatives, dit qu’il était absent au moment où on faisait appel aux blessés. Il était en mission à l’intérieur du pays. Le ministre de l’Action sociale et de la solidarité nationale a d’ailleurs signifié à la presse que l’Etat continue de recevoir les dossiers des retardataires. Elle a, en outre, fait savoir que les blessés sont au nombre de 927, parmi lesquels 300 sont concernés par cet « appui symbolique » de l’Etat. Le ministre a, dans une brève adresse aux blessés, loué leur courage. C’est pourquoi l’Etat leur est reconnaissant et leur offre ce soutien qui, selon elle, n’est pas une indemnisation. Ovationnée, elle a ensuite souhaité prompt rétablissement à tous les blessés. Puis vint l’heure de la remise symbolique au représentant des blessés, Issouf Nacanabo. Ce dernier a reçu une enveloppe contenant la somme de 300 000 F CFA. En retour, il a remercié le gouvernement pour ce don qui, selon lui, est la preuve que leur participation à l’insurrection populaire aura servi à une cause juste. En face des journalistes, il a montré les traces des balles sur son corps. Patto Zongo, en service à la morgue de l’hôpital Yalgado Ouédraogo, blessé du putsch manqué, a reçu une balle dans la jambe et n’est pas près d’oublier de sitôt sa mésaventure. C’est à la descente du service, alors qu’il rentrait chez lui, qu’il a été blessé dans les environs du quartier Somgandé.

Quant à Salimata Ouédraogo, 32 ans, elle a reçu une balle à la cuisse. « Je pense que ce que l’Etat vient de faire nous donne envie de vivre encore. Je remercie le gouvernement pour cela et même si ces 300 000 F CFA sont qualifiés de symboliques par la ministre, je trouve que le fait d’y avoir pensé est déjà une bonne chose », a-t-elle affirmé.

Hamed NABALMA