HomeA la uneINVESTITURE DE MOISE KATUMBI A LA PRESIDENTIELLE CONGOLAISE : Kabila doit se faire  du mouron  

INVESTITURE DE MOISE KATUMBI A LA PRESIDENTIELLE CONGOLAISE : Kabila doit se faire  du mouron  


C’est fait. L’ex-gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, a été officiellement investi, hier, 30 mars dernier, candidat à la présidentielle du 27 novembre prochain en RD Congo. Il sera le porte-étendard du G7, du nom de cette coalition de sept anciens partis de la majorité passés à l’opposition. Rappelons que Moïse Katumbi n’est pas officiellement membre de ce regroupement mais il a toujours été considéré comme proche de cette plateforme politique, depuis qu’il a quitté le parti présidentiel en septembre 2015 et subséquemment ses fonctions de gouverneur. L’investiture de Katumbi intervient au moment où le climat sociopolitique est plus que jamais tendu en RDC, alors que chaque jour qui passe rend un peu plus improbable la tenue de la présidentielle avant la fin de l’année. Car, faut-il le rappeler, le président Joseph Kabila dont le deuxième mandat prend officiellement fin en décembre prochain, fait feu de tout bois pour briguer un troisième mandat alors même que la Constitution le lui interdit. En fait, la situation actuelle en RDC rappelle exactement ce qui s’est passé au Burkina Faso où , Blaise Compaoré, alors lâché par ses plus proches collaborateurs, avait décidé, envers et contre tous, de modifier la loi fondamentale de son pays pour s’éterniser au pouvoir. La suite, on la connaît. Car, acculé par la rue, l’homme a dû quitter le pouvoir en plein midi pour prendre le chemin d’un exil éternel.

L’investiture de Katumbi est loin d’être un épiphénomène

Mais selon toute vraisemblance, cela n’a pas suffi à dissuader les autres dictateurs du continent de vouloir se scotcher au pouvoir ; en témoigne l’attitude pour le moins suspecte du président Kabila qui, canif en main, est prêt à charcuter la Constitution de son pays. Comment pouvait-il d’ailleurs en être autrement quand on sait que le microbe ne se développe qu’en terrain favorable ? En effet, d’autres chefs d’Etat de la sous-région comme Pierre Nkurunziza du Burundi, Denis Sassou Nguesso du Congo Brazzaville et Paul Kagamé du Rwanda ont, tour à tour, réussi, au mépris de tous, le coup de force de sauter le verrou limitant le nombre de mandats présidentiels. Toute chose qui pourrait réconforter Kabila qui oublie que comparaison n’est pas forcément raison. Car Kinshasa n’est ni Kigali ni Brazzaville. Il faut donc savoir raison garder en ne cédant pas aux sirènes des courtisans et autres Raspoutine qui, en réalité,  ne cherchent qu’à protéger leur tirelire. Cela est d’autant plus vrai que l’expérience nous a toujours démontré  qu’en dictature, la véritable opposition capable de créer des soucis au prince, vient toujours de l’intérieur. Et c’est peu dire. C’est pourquoi l’investiture de Katumbi comme candidat des frondeurs éjectés de la majorité présidentielle, est loin d’être un épiphénomène. Elle est plutôt porteuse d’espoir pour l’alternance, dans une région fortement infestée de cancres de la démocratie, tous se nourrissant du silence intéressé et de l’hypocrisie coupables des hérauts occidentaux de la liberté.

B.O


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