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MACRON EN COTE D’IVOIRE   


Ce 20 décembre, le président français, Emmanuel Macron, sera en visite de deux jours en Côte d’Ivoire. Au pays d’Houphouët Boigny, le locataire de l’Elysée évoquera, entre autres, avec son homologue ivoirien, les questions de défense,  de sécurité et de diplomatie. Mais au menu de son séjour sur les bords de la lagune Ebrié, figure aussi en bonne place, un dîner anticipé de Noël avec les troupes françaises basées dans ce pays. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en cette fin d’année plutôt agitée, Abidjan valait bien un détour pour le président français. En effet, loin des clameurs des manifestations contre la réforme des retraites et ses grèves qui font l’actualité dans l’Hexagone, Jupiter pourra s’offrir un bol d’air à travers ce séjour en Eburnie où il pourra faire d’une pierre deux coups : il enfilera son uniforme de chef suprême des armées, pour une revue des troupes en opération extérieure dans cette partie de la planète.

Emmanuel Macron va chercher du réconfort auprès d’Alassane Ouattara

Mais on sait aussi que cette visite contribuera à renforcer les relations entre la France et la Côte d’Ivoire où un président français ne s’est plus rendu depuis le déplacement de Nicolas Sarkozy venu assister à l’investiture du président Alassane Dramane Ouattara (ADO), au lendemain de la crise postélectorale de 2010-2011 qui a pris fin dans les circonstances que l’on sait. C’est dire si au-delà des raisons officielles, cette visite du premier des Français au premier des Ivoiriens, pourrait faire jaser ceux pour qui elle serait plus dictée par des raisons officieuses. Surtout au moment où le débat sur le Franc CFA fait rage et où se développe de plus en plus, un sentiment anti-français dans certains pays du Sahel au point de faire quelque peu perdre son sang-froid au président français qui, au détour du dernier sommet de l’OTAN, s’est fendu d’une déclaration aux relents de convocation de ses pairs de la région pour une rencontre de « clarification » à Pau, en France. Initialement prévue le 16 décembre dernier, cette rencontre de clarification a finalement été reportée en début d’année 2020, suite à l’hécatombe d’Inatès qu’a connue l’armée nigérienne, le 10 décembre dernier. On peut donc être porté à croire qu’en se rendant à Abidjan, Emmanuel Macron va chercher du réconfort auprès d’Alassane Ouattara. D’autant que le président ivoirien est accusé, à tort ou à raison, d’être l’un des principaux défenseurs des intérêts français sur le continent. Sa position, par exemple, sur le Franc CFA, jugée pro-Paris au moment où les conditions de son arrimage à l’Euro font débat sur le continent, finit de convaincre plus d’un que le président ivoirien roule pour la France dans cette affaire. Et puis  bien des Africains gardent l’intime conviction que la France a aidé l’enfant de Kong à triompher du Christ de Mama, toute chose qui a renforcé en eux, le sentiment que ADO est bien l’Homme de Paris, chargé de veiller sur les intérêts français dans cette partie de l’Afrique.

Une visite de cœur et de raison

C’est dire si au-delà du président Macron, c’est une visite qui profite aussi au président ivoirien dont la question de la succession fait l’objet de vifs débats en Côte d’Ivoire, d’autant qu’ADO n’exclut pas de se présenter pour un troisième mandat. Si l’on peut, a priori, difficilement imaginer que cette question   figurera au menu des échanges officiels,  tout porte à croire que même sans se prononcer ouvertement ni s’aventurer outre mesure, Paris n’est pas indifférente à ce qui se passe dans ce pays « ami » qui donne l’impression de danser sur un volcan. D’autant que certaines sources indiquent que dans une Afrique de l’Ouest plutôt tourmentée, Paris nourrit quelques inquiétudes face à la situation potentiellement explosive en Côte d’Ivoire, liée à cette question de troisième mandat d’ADO. Du reste, l’on se demande si la tenue, ce week-end, du meeting délocalisé du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) concomitamment à la visite du président français,  est une coïncidence calculée ou un  pur hasard de calendrier. En tout état de cause, pour normale qu’elle puisse paraître, cette visite apparaît  comme une visite de cœur et de raison. Et,  si, comme il se dit,  le président français devait aussi sacrifier à la tradition de rencontrer des étudiants comme cela a été le cas à Ouagadougou, l’on ne serait pas étonné qu’il   saisisse l’occasion pour polir son discours en vue d’arrondir les angles suite à la polémique née de l’annonce de la tenue du sommet de Pau dans les prochains jours.

 « Le Pays »

 


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