MAIRIE DE DIEBOUGOU : La gestion du président de la Délégation spéciale décriée
Le président de la Délégation spéciale (PDS) de Diébougou a maille à partir avec deux de ses agents. En effet, dans des correspondances qui nous sont parvenues, le chef du service de la comptabilité ne digère pas son remplacement et estime que cela relève de l’abus. Un agent de l’état civil s’en prend également à Arsène Kiéma, puisque c’est de lui qu’il s’agit, pour la désignation d’un autre agent à former à l’Institut régional d’administration (IRA) de Gaoua. «Des accusations non fondées», nous dira le PDS que nous avons rencontré le jeudi 14 janvier 2016 pour tenter d’en savoir davantage.
Rien n’est plus comme avant entre le PDS de Diébougou, Arsène Kiéma, et son désormais ex-comptable Salif Bélem. Depuis le 30 juin 2015, le torchon brûle entre les deux. En effet, le comptable a été remplacé depuis cette date de son poste de chef de service du budget et de la comptabilité de la mairie qu’il occupait depuis 2007. Une nouvelle situation qui n’est pas du goût de l’intéressé qui crie à l’abus d’autorité. Ne voulant pas s’en faire conter, il a saisi leur ministère de tutelle, en l’occurrence le ministère de l’administration territoriale, par une lettre datée du 13 octobre 2015. « Depuis le 25 février, date de la passation de service entre le député-maire et le PDS, j’ai constaté des difficultés. Le PDS m’a fait savoir son mécontentement quant à la manière dont le comité de suivi s’y est pris en l’ignorant pratiquement ; il a aussi dit qu’on devait lui verser 10% sur les frais de restauration dans le cadre de la sortie des enfants défavorisés formés à l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi grâce au soutien de Fonds-Enfants », a-t-il signifié au ministre. Le PDS reviendra à la charge lors d’une entrevue, a-t-il poursuivi, sur les 10% comme rétro-commission qui doivent lui être versés sur chaque marché passé. A cela, il n’a pas manqué d’ajouter les dépenses concernant les fêtes et cérémonies : «J’ai été convoqué par le PDS qui m’a demandé d’acheter de la boisson pour madame le Haut-Commissaire. Je me suis expliqué en lui rappelant que la ligne budgétaire fêtes et cérémonies était réservée aux fêtes officielles et non celles religieuses. Ce qu’il n’a pas du tout apprécié ». Pour lui, les raisons de son éviction sont donc liées à son refus d’aller contre les textes de la gestion.
« Les 10% de rétro-commission, je ne sais pas de quoi il s’agit »
C’est donc un acte empreint de subjectivité qui mettra en péril les intérêts de la commune, a-t-il laissé entendre. Pour désamorcer la crise, une délégation du syndicat national des travailleurs des collectivités territoriales a plaidé auprès du PDS pour le rétablissement du comptable dans son poste. Mais cela est resté sans suite. Depuis lors, monsieur Bélem soutient qu’il est lésé dans ses droits et attend toujours réparation. L’autre mécontentement, à l’encontre du PDS, provient de l’adjoint administratif Jean Hilaire Somé. Ce dernier proteste contre la désignation d’un agent de la mairie à former à l’Institut régional d’administration (IRA). Dans sa lettre adressée au PDS le 15 décembre 2015, il dénonce la procédure de désignation qui manque d’équité et constitue selon lui, une entrave aux principes sacrés de l’égalité des agents devant le service public. «Le choix de cet agent relève de votre décision personnelle que vous avez portée par la suite à la connaissance de la délégation spéciale qui n’en a pas délibéré», a-t-il dénoncé. Il existe, s’est-il offusqué, des règles dans la fonction publique territoriale pour le recrutement des agents, qui consistent à mettre en compétition tous ceux qui remplissent les conditions d’âge et d’ancienneté pour leur désignation à être formé. Au regard de ces manquements, il a invité le PDS à rappeler son collègue déjà en formation et suggère qu’un concours soit organisé à l’interne pour désigner le lauréat à former et ce, conformément aux textes en vigueur. Le PDS a récusé toutes ces accusations lorsque nous l’avons rencontré le jeudi 14 janvier 2016 en nous montrant un rapport d’audit des fonds transférés à la mairie de Diébougou, gestion 2010. Dans ledit rapport, a-t-il précisé, les inspecteurs ont recommandé de recruter un comptable qui a au moins le niveau BAC. Nous avons donc pris la décision de mettre à la tête de ce service une personne qui était déjà à la comptabilité et qui a le profil. «Il n’a pas été licencié, il n’a fait que changer de poste et il est toujours au service de la comptabilité», nous a-t-il confié. « Du reste, a-t-il poursuivi, je lui ai proposé le poste de régisseur mais il persiste et signe qu’il veut rester chef de service de la comptabilité ». Les 10% dont il a fait cas, je ne sais pas de quoi il s’agit et je ne comprends pas son entêtement à vouloir rester comme chef de la comptabilité ». Depuis lors, nous a-t-il révélé, l’ex-comptable refuse de travailler. Pour lui, si monsieur Bélem estime qu’il est lésé dans ses droits, il peut saisir le tribunal administratif. Quant à la désignation d’un agent à former à l’IRA, le PDS a plutôt marqué son étonnement du comportement de Hilaire Somé. L’agent désigné pour être formé à l’IRA, soutient-il, a été son formateur quand il a intégré la mairie de Diébougou. «Il a été également choisi pour ses excellents résultats au service de l’état civil. Il a énormément contribué à offrir à la mairie de Diébougou plusieurs prix au concours pour la bonne gouvernance des collectivités territoriales (GOPECOL)», nous a-t-il expliqué. Ce qui est étonnant dans la démarche de monsieur Hilaire Somé, se plaint-il, c’est qu’il était au courant de la personne qui devait être formée et il n’a pas trouvé d’objection à formuler. A l’endroit de ces deux agents, le PDS a lancé un appel du pied pour qu’ils sachent raison garder : « On peut servir à tous les niveaux et j’ai même été très complaisant avec monsieur Bélem car on est souvent obligé de faire du social et du management. Il faut qu’il revienne à la raison et apporte sa contribution à l’édification de la commune. Monsieur Hilaire Somé a certes posé son problème mais il n’a pas posé d’acte de nature à nuire au service. En cela, il est resté un agent modèle et ne m’a jamais manqué de respect ». Qu’à cela ne tienne, nous a-t-il rassuré, la nouvelle comptable lui donne satisfaction, et grâce à son dynamisme, beaucoup de chantiers ont été exécutés.
François SOME (Correspondant)