HomeA la unePASSATION DE CHARGES ENTRE DEUX ENNEMIS INTIMES AU BENIN : Patrice Talon saura-t-il faire la part des choses ?      

PASSATION DE CHARGES ENTRE DEUX ENNEMIS INTIMES AU BENIN : Patrice Talon saura-t-il faire la part des choses ?      


C’est aujourd’hui, 6 avril 2016, qu’a lieu au Bénin la cérémonie de passation de  charges au sommet de l’Etat, entre Boni Yayi et Patrice Talon. Alors que le premier, après deux mandats consécutifs, est orienté vers « la porte du non-retour », le second dépose ses valises au palais de la Marina, après une campagne riche en rebondissements et en piques verbales. Le cérémonial est prévu sans grand’messe et à l’abri des regards de délégations étrangères. Il reste à espérer que les choses se passent dans l’élégance bien connue de la démocratie au Bénin qui dément, par cette énième alternance à la tête de l’Etat, les clichés du genre « l’Afrique n’est pas mûre pour la démocratie ». Si Talon, en revêtant les attributs présidentiels, semble plus que jamais  maître de son destin, le scénario peut être tout autre pour Boni Yayi qui renoue avec ses habits de citoyen ordinaire. L’inimitié entre les deux anciens alliés a atteint un tel degré que l’on pourrait prêter au nouveau maître des lieux, l’instinct revanchard de nuire au rêve américain de Yayi. Ce dernier, en effet, ambitionne, avec l’aval de certaines grandes puissances comme les Etats-Unis et la France et même des Etats de la sous-région, d’occuper le fauteuil de Secrétaire général adjoint des Nations unies chargé des changements climatiques. Mais, aura-t-il l’approbation de Talon dont il aura tout fait pour barrer l’accession à la magistrature suprême ? Il faut espérer là aussi que Talon prenne de la hauteur pour permettre à Boni Yayi de continuer d’être utile à son pays et partant au monde. D’abord, parce qu’il le mérite. Car, il s’est montré bon démocrate en résistant au virus des tripatouillages constitutionnels pour s’accrocher à vie au pouvoir et quoi qu’on dise, c’est sous sa houlette que le pari d’une élection propre a été réussi.  Ensuite, parce que c’est une tradition au Bénin que les anciens chefs d’Etat puissent vivre tranquillement après leur passage au sommet de l’Etat. Enfin, parce qu’il y va de l’intérêt de Talon lui-même de ne pas traîner un poids mort sur la conscience, mais plutôt de se concentrer sur les immenses défis qui l’attendent. Il doit, en effet, avoir la pleine conscience qu’il ne pourra pas gouverner le pays sur les bases de la division. A vouloir trop s’acharner contre un adversaire qu’il a terrassé, il finirait par le rendre plus sympathique aux yeux des Béninois. Tout compte fait, la situation n’offre même pas à Talon le choix de se battre contre les fantômes du passé. Il est contraint  d’aller de l’avant car le peuple béninois qui a fait la preuve de son extraordinaire maturité démocratique, n’acceptera pas de retour en arrière, dans cette Afrique des dictatures où opposants et anciens chefs d’Etats croupissent dans les geôles.

Le plus grand adversaire de Talon reste lui-même

Plutôt que  de voir son adversaire au sol, Talon devrait avoir pour point de mire les immenses défis qui se posent au Bénin  et pour lesquels il a été élu par le peuple : défi de la cohésion sociale, défi de la sécurité avec la montée du péril djihadiste du côté de son géant voisin nigérian, défi d’une gouvernance économique et démocratique vertueuse. Et les atouts pour y faire face, l’homme en dispose. Jouissant d’une réelle sympathie auprès du peuple qui a tranché en sa faveur, il dispose aussi de puissants réseaux dans le milieu des affaires.  Acteur du développement économique, il est un homme de terrain. Bien conscient des enjeux de son mandat et débarrassé du souci d’un second mandat comme il le promet,  il pourrait bien mettre à profit son aisance financière et le savoir-faire de son gouvernement restreint de 16 technocrates, au service du développement de la nation. Mais il faudra faire attention à l’envers du décor. Car, candidat victorieux d’une coalition de plus de 30 partis, Talon  aura du mal à répondre aux exigences de tous ses alliés politiques dont les insatisfaits pourraient rapidement retourner leur veste.  L’autre grosse trappe  pour Talon sera la collusion d’intérêts entre les affaires et la fonction présidentielle. C’est connu, les grands lobbies d’affaires dont il est issu sont obnubilés par l’appât du gain et il faut craindre que les milieux d’affaires se confondent avec celui des affaires de l’Etat.  Mais le plus grand adversaire de Talon reste lui-même : disposant et du pouvoir économique et du pouvoir politique, il faut craindre une  théogonie.

SAHO


Comments
  • MOI J’AIME TROP TALON MAIS EST CE QU’IL ME CONNAIT HA!!AH

    7 avril 2016

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